Pouvoir d’achat immobilier : les Français ne peuvent plus acheter aussi grand qu’avant

23/12/2022

Malgré un contexte plutôt favorable aux acheteurs ces dernières années, la perte de pouvoir d’achat immobilier est bien réelle. Une étude des Notaires de France montre que les Français ne peuvent plus s’offrir la même surface qu’il y a 20 ans. Explications.

Deux pièces en moins en deux décennies

Le constat est inattendu : près de 20 mètres carrés de moins en seulement 20 ans. C’est la perte de pouvoir d’achat des Français mesuré par une étude des Notaires de France. La baisse des taux d’intérêt et l’assouplissement des conditions d’emprunt de ces dernières années n’ont pas suffi à compenser la hausse des prix de l’immobilier. Conclusion, avec les mêmes mensualités, les Français ne peuvent pas s’offrir la même superficie qu’il y a deux décennies. En 1999, en contractant un prêt sur 20 ans (et un taux d’assurance fixe à 0,36 %), ils pouvaient acheter 99 m². Au troisième trimestre 2022, ils ne pouvaient acquérir que 80 m², soit 19 m² de moins.

Ce constat résulte de la hausse constante des prix de l’immobilier en France. Le bilan annuel de 2022 est, par ailleurs, marqué par un tassement des volumes de ventes immobilières, mais une progression constante des prix. Sur la seule année 2022, on observe une hausse de +4,0 % de l’indice de prix des appartements anciens, et +8,2 % pour les maisons anciennes.

Un constat à relativiser

Si la perte de pouvoir d’achat immobilier a chuté sur ces vingt dernières années, il faut toutefois relativiser cette tendance. « Le pouvoir d’achat a beaucoup diminué depuis 1999, mais il a considérablement augmenté par rapport à 2008 », nuance le porte-parle des Notaires de France, Thierry Delesalle, lors d’une conférence de presse, le 15 décembre dernier. En effet, l’évolution du pouvoir d’achat immobilier en France n’est pas linéaire. Une note de l’Insee datant de 2010 apporte une explication à ces fluctuations : « À partir de la fin des années 1990, les prix des logements anciens ont augmenté de façon ininterrompue jusqu’au début de 2008. Début 2007, ils avaient été multipliés par deux par rapport à leur niveau de 2000 ! »

Evolution du pouvoir d'achat immobilier en France
Evolution du pouvoir d’achat immobilier en France
Graphique tiré du journal Les Echos- Notaires de France

Outre la hausse des prix, emprunter coûtait plus cher en 2008. Le taux moyen sur 20 ans s’élevait à 4,85 % et passait même la barre des 5 % ! Conséquence de cette conjoncture de l’époque, les Français avaient perdu plus de 40 m² de pouvoir d’achat immobilier ! Ainsi, si les Français ne peuvent pas acheter autant qu’en 1999, ils peuvent, en revanche, acquérir un bien plus grand qu’en 2008, avec des mensualités identiques ou moins élevées selon les cas. Par exemple, pour un achat immobilier de 80 m², un ménage devait rembourser 700 euros par mois en 1999, contre 1.350 euros en 2008. Le même achat en 2020 conduisait à rembourser 850 euros par mois, et en 2022, 950 euros.

Pouvoir d’achat immobilier : quelles évolutions pour 2023 ?

La perte de pouvoir d’achat immobilier depuis quelques années s’explique par l’effet conjugué de la fluctuation des taux de crédits immobiliers et des prix. Une tendance qui, selon les experts, va se poursuivre en 2023. Le porte-parole de Notaires de France envisage pour l’année à venir « plus d’homogénéité » sur un marché très dominé par les maisons, suite aux conséquences de l’épidémie de Covid-19. Après deux années exceptionnelles, le marché devrait donc ralentir en 2023. Selon Thierry Delesalle, « plusieurs facteurs peuvent toutefois affecter le marché l’année prochaine » :

  • L’accès au crédit immobilier. Le resserrement des conditions d’octroi et l’augmentation des taux devraient changer la donne.
  • Le pouvoir d’achat global des Français. Avec l’inflation, il est en baisse et la crise énergétique contribue fortement à redéfinir l’allocation des postes budgétaires.
  • Les contraintes énergétiques relatives à la vente de logements. La mise en place du DPE obligatoire et la lutte contre les passoires thermiques alourdissent les contraintes liées aux travaux de rénovation, impactant le budget des acheteurs.
  • La confiance des ménages en l’évolution de l’économie. L’inflation galopante et la perspective d’une période de récession poussent les Français à chercher des valeurs refuges comme la pierre.

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