Passoires énergétiques : un logement de station de ski sur deux sera interdit à la location en 2028

03/12/2022

Le coup d’envoi de la saison des sports d’hiver vient d’être donné dans les stations de ski françaises. Outre le manque de neige et la hausse du coût de l’énergie, une nouvelle problématique menace le futur du tourisme hivernal : les passoires énergétiques. Selon une étude, la moitié des logements des stations de ski présentent un mauvais DPE. Ces mêmes logements seront prochainement interdits à la location.

Mauvaise note pour les logements des stations de sports d’hiver

Selon l'étude, les stations de ski comptent en moyenne 50 % de logements avec un diagnostic de performance énergétique F ou G.
Selon l’étude, les stations de ski comptent en moyenne 50 % de logements avec un diagnostic de performance énergétique F ou G.

En pleine période d’ouverture des stations de sports d’hiver, une étude de la fintech spécialisée dans la rénovation énergétique, heero, a établi un classement de 70 stations de ski en fonction de la performance énergétique de leurs logements. Le constat est alarmant. Selon l’étude, « en moyenne près de 50 % de logements sont considérés comme des passoires énergétiques, contre 16,9 % en moyenne nationale. Dans certaines stations cela monte jusqu’à 90 %. La plupart des stations de ski vont être touchées de plein fouet par l’interdiction de louer dès 2023, mais surtout en 2028 ».

Pour rappel, une passoire énergétique est un logement énergivore, car mal isolé. Un logement est une passoire thermique lorsque son Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est classé F ou G. Concrètement, on parle de passoire thermique si l’habitation a besoin de plus de 330 kWh/m²/an pour le chauffage et la production d’eau chaude. Pour lutter contre la multiplication des passoires thermiques en France, le gouvernement met en place des mesures.

La loi Climat étendue aux locations de vacances et meublés touristiques

« A la base, la Loi Climat ne concernait que les locations longue durée. Mais récemment le Ministre du Logement, Olivier Klein, a indiqué que les locations de vacances et meublés touristiques seront également concernés. Cela va avoir un impact très négatif pour les stations de ski qui risquent de voir leur parc locatif réduit de moitié dès 2028, soit dans 5 ans seulement ! Car pour certaines d’entre elles, il sera matériellement impossible de rénover l’ensemble des logements concernés d’ici là… » explique Romain Villain, directeur général de heero.

Pour rappel, selon la loi Climat, seront progressivement interdits à la location les logements :

  • classés G, avec un DPE indiquant une consommation supérieure à 450 kWh par m2, dès le 1er janvier 2023.
  • tous les logements classés G à partir du 1er janvier 2025 .
  • classés F à partir du 1er janvier 2028.
  • classés E à partir du 1er janvier 2034.

Afin de ne pas perdre la moitié du parc locatif de ses stations de ski, certaines régions lancent des initiatives. Des aides, comme le certificat d’économie d’énergie (CEE), ou encore MaPrimeRénov, s’appliquent aussi aux logements loués et aux résidences secondaires.

Passoires énergétiques dans les stations de ski : la répartition territoriale des bons et des mauvais élèves

Mais, toutes les stations de sports d’hiver ne se valent pas lorsqu’il s’agit de performance énergétique. L’étude met en lumière des disparités territoriales importantes. Les stations de ski les plus énergivores, celles dont la moitié des logements sont des passoires énergétiques, se situent majoritairement dans les Pyrénées et les Alpes. Au contraire celles qui ont la plus faible part de logements F ou G se trouvent dans les Vosges, le Jura et le Massif central. Plusieurs facteurs sont en cause : l’altitude, la zone géographique, l’âge de construction des bâtiments. Il y a un impact écologique et économique à prévoir dans les années à venir très différent selon les stations et les massifs. Si dans 30 stations sur 70, un logement sur deux est une passoire énergétique, il existe des écarts élevés entre les massifs et parfois aussi entre les stations.

Selon heero, le mode de calcul du DPE peut « avoir un impact non négligeable sur les mauvaises performances énergétiques des stations de ski.» Car les petits logements, très répandus en montagne, consomment proportionnellement plus d’énergie que des appartements plus grands. Un détail qui peut faire toute la différence pour les propriétaires.

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