La Banque de France publie ses dernières analyses de la composition du patrimoine des Français. En moins de 15 ans, le patrimoine des ménages français a augmenté en moyenne de 13 % en euros constants, notamment grâce à la hausse des prix de l’immobilier. Explications.
La hausse des prix de l’immobilier comme facteur d’enrichissement
446 000 euros, c’est le capital détenu en moyenne par ménage au deuxième trimestre 2023, selon le dernier bulletin de la Banque de France. Soit +48 % depuis 15 ans en euros constants. « Le patrimoine net total de tous les ménages en France s’élève, quant à lui, à 14 041 milliards d’euros (+61 % en euros constants). Le patrimoine des ménages a fortement augmenté en valeur entre fin 2009 et fin 2021, pour toutes les catégories de ménages. Cette hausse résulte d’abord de l’augmentation de la valeur du patrimoine immobilier dont ont bénéficié les 60 % des ménages les plus fortunés », note la Banque de France.
En effet, les prix de l’immobilier ont connu, jusqu’à fin 2021, une hausse régulière qui s’est répercutée sur le patrimoine des ménages français. Selon l’INSEE, les prix de l’immobilier ont progressé de 30 % en métropole entre 2013 et 2023. Ce n’est donc pas surprenant que l’évolution des prix de l’immobilier pèse autant sur le patrimoine des Français. Pour rappel, l’immobilier représente 55 % du patrimoine moyen net des ménages en France.
Des inégalités face aux fluctuations du marché de l’immobilier
La Banque de France souligne que ce sont « 60 % des ménages les mieux dotés, qui détiennent 99 % du total de l’immobilier net d’emprunt ». En somme, la hausse de l’immobilier n’a pas bénéficié à tous les ménages de la même façon. Ainsi, le bulletin indique que la médiane du patrimoine moyen avoisine les 185 000 euros, soit une augmentation de 5 % en euros constants depuis 2009. « La différenciation entre les ménages peu et bien dotés en patrimoine tient essentiellement au fait de détenir ou pas un bien immobilier », analyse la Banque de France.
Cet enrichissement concerne davantage certaines catégories de la population. Selon les résultats du bulletin, la composition du patrimoine varie d’un ménage à l’autre, mais de grandes tendances se dessinent. « Le patrimoine des ménages suivants et situés sous la médiane est essentiellement composé d’immobilier net des emprunts associés, ainsi que de dépôts. Le patrimoine détenu par les 40 % des ménages situés au‑dessus de la médiane est majoritairement constitué d’immobilier (net de dettes) et, dans une moindre mesure, de dépôts et d’assurance‑vie et retraite », notent les auteurs. Ce sont donc les classes moyennes et moyennes supérieures qui ont profité de cette hausse des prix de l’immobilier. Mais ce sont aussi elles qui sont les plus sensibles à une éventuelle dépréciation de l’immobilier.
Un enrichissement généralement virtuel
La Banque de France rappelle que l’immobilier ne génère pas de flux de revenus supplémentaires pour le détenteur. Il ne s’agit pas d’un actif liquide. Sur ce principe, l’augmentation de la valeur d’un bien immobilier n’est pas réellement visible sur la richesse du détenteur. Pour que la hausse du patrimoine du ménage soit effective, ce dernier doit vendre son bien. En attendant, les mesures enregistrées par la Banque de France s’apparentent à une hausse virtuelle du patrimoine des Français du fait de l’évolution des prix de l’immobilier.
L’étude de la Banque de France va plus loin. « Les plus-values réalisées servent en général à se reloger, et moins à être réinvesties afin d’en tirer un revenu supplémentaire », note l’étude. Partant de ce principe, il n’y a donc pas vraiment d’enrichissement puisque les fluctuations des prix sont similaires entre la vente et le rachat. La Banque de France conclut que « la hausse des prix de l’immobilier n’affecte donc que peu la dynamique des inégalités de revenus immobiliers ». Toutefois, elle suppose qu’une éventuelle baisse des prix de l’immobilier impacterait plus fortement les ménages de la classe moyenne du fait de la composition de leur patrimoine.
Pour aller plus loin :
- Lisez le bulletin de la Banque de France
- S’informer en matière d’Immobilier
- Retrouver l’article d’origine sur les Échos