La dette immobilière de chaque Français dépasse 91 000 euros

11/04/2024

Les taux d’intérêt ont un effet positif sur les ménages français : ils contribuent à réduire le poids de l’endettement immobilier. Malgré cela, les Français en restent les champions en Europe. Toutefois, il existe de grandes disparités entre les ménages. Le point sur la situation.

L’endettement immobilier des ménages en bonne voie

Premier constat : en sept ans, le poids de la dette immobilière des Français a presque été divisé par 2. Selon la Banque de France, il s’établit à 27 % aujourd’hui, contre 40 % en 2017. La hausse des taux d’intérêt et la restriction des conditions d’octroi de crédits immobiliers ayant certainement empêché de nombreux projets.

Depuis cinq ans, l’endettement immobilier médian s’est stabilisé à 91 000 euros par personne. L’endettement moyen, quant à lui, affiche 110 000 euros. « Sur la période longue, on observe qu’il y a en France plus de ménages endettés, et que lorsqu’ils s’endettent c’est sur des montants plus élevés. Ces tendances, de plus, se concentrent sur les 25 % de ménages les plus aisés », remarque Frédérique Savignac, conseillère à la direction de la conjoncture et prévisions macroéconomiques à la Banque de France pour le quotidien Les Echos.

Les Français, champions d’Europe de la dette immobilière

Second constat : la France se situe encore en tête du classement européen en matière de dette immobilière. D’abord parce qu’en proportion, les français sont plus nombreux à être endettés. Mais ce n’est pas la seule raison de cette première position. « La dette des ménages rapportée à leurs revenus est au-dessus des autres pays », remarque Franck Sédillot, adjoint à la direction des statistiques monétaires et financières.

La hausse des prix de l’immobilier ne suffit pas à justifier cette tendance puisqu’elle ne se limite pas à la France. « La hausse de l’encours de la dette immobilière des ménages aux revenus élevés coïncide avec la concentration de l’endettement immobilier sur cette catégorie », pointe également la Banque de France pour justifier la place de la France. En effet, en 2021, 63 % de la dette immobilière en France est détenue par les 25 % les plus aisés. Soit 3 % de plus qu’en 2017.

Dans son dernier rapport, la Banque de France écrit : « La dynamique de la croissance des nouveaux crédits à l’habitat jusqu’en 2022 ne s’est pas traduite par une augmentation du surendettement des ménages qui ont souscrit ces prêts immobiliers ». Toutefois, la proportion de la dette immobilière varie d’une région à l’autre dans l’Hexagone. Ce constat s’explique simplement par les différences de prix de l’immobilier. Sans surprise, les ménages résidant en Ile-de-France possèdent la plus forte dette immobilière avec une médiane proche de 125 000 €.

Disparités face au surendettement

Outre la dette immobilière, l’endettement total prend également en compte les autres types de crédits contractés. Et, les experts constatent notamment une hausse du poids des crédits à la consommation. La conjoncture économique actuelle a mis le budget des ménages sous pression. Selon le dernier baromètre de l’inclusion financière de la Banque de France, ils sont néanmoins de plus en plus nombreux à se retrouver dans l’incapacité de faire face à leurs dettes. Au total, 35 690 dossiers de surendettement ont été déposés au premier trimestre, un chiffre en hausse de 17 % sur un an.

Autre facteur soulignant la dégradation de la situation de surendettement : la hausse du flux d’inscriptions au fichier des incidents de remboursement de crédit (FICP). Mais selon la dernière enquête typologique, la majorité des cas de surendettement sont liés à un évènement venu bouleverser la situation financière des personnes (58% des dossiers).

La Banque de France ne s’alarme pas de cette dégradation de la santé financière des ménages. Elle y voit plutôt un retour à la situation pré-crise sanitaire. Pour rappel, depuis la pandémie de Covid-19, de nombreux boucliers tarifaires ont été mis en place (gel des tarifs de l’énergie, soutien à l’emploi, etc.). Il existe donc des disparités majeures dans la composition du surendettement des ménages aisés et de ceux présentant de faibles revenus.

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