La BCE revoit sa copie et augmente plus fortement ses taux directeurs

27/08/2022

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La BCE revoit sa copie et augmente plus fortement ses taux directeurs

Reconnaissant avoir mal anticipé l’évolution de l’inflation, la Banque centrale européenne a revu sa copie. Afin de rester crédible, elle est plus déterminée que jamais à tout mettre en œuvre pour atteindre son objectif de 2 % d’inflation. Pour ce faire, la BCE a annoncé, jeudi 8 septembre et à l’instar de la Réserve fédérale américaine, une nouvelle hausse de ses taux directeurs de 75 points de base. Un resserrement plus dur que celui de juillet dernier, et qui ne devrait pas être le dernier.

Une décision prise à l’unanimité

« Nous avons encore du chemin à parcourir » a déclaré Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne. Un aveu qui laisse sous-entendre qu’une série de hausses de taux devrait intervenir dans un futur proche. Si certains s’inquiétaient des risques pour l’économie d’une remontée trop rapide des taux, ils se sont finalement ralliés au consensus selon lequel le plus grand danger émane de l’inflation. Et c’est à l’unanimité, que les 25 membres du conseil des gouverneurs ont voté cette nouvelle hausse de 75 points de base. Pour rappel, une première hausse de 50 points de base, avait déjà eu lieu en juillet.

« Vu que nous sommes si loin du taux qui permettra de revenir à notre cible de 2% d’inflation, nos hausses doivent être opportunes et d’une ampleur suffisante » s’est justifiée Christine Lagarde. Expliquant que la crédibilité de la BCE sera jugée sur sa capacité à ramener l’inflation à 2%, elle n’a pas non plus exclu d’aller encore plus loin si cela s’avérait nécessaire.

Une erreur d’anticipation assumée

En effet, après avoir atteint 9,1 % en août, la hausse des prix devrait continuer de progresser dans la zone euro. En plus des prix de l’énergie et de l’alimentation qui ont respectivement bondi de 38 % et 10,6 %, ce sont désormais les biens et les services qui sont touchés par cette augmentation.

Les économistes de la BCE ont donc décidé de revoir leurs projections d’inflation à la hausse. L’augmentation des prix devrait désormais s’établir, en moyenne, à 8,1 % en 2022, 5,5 % en 2023 et 2,3 % en 2024. L’objectif de 2 % d’inflation ne sera donc pas atteint d’ici deux ans. Des erreurs de prévisions qui ont conduit la BCE à réagir trop tardivement. Ce que reconnaît et assume entièrement Christine Lagarde. Ajoutant, toutefois, « que tous les prévisionnistes ont fait cette erreur ».

Par ailleurs, la BCE prévoit un ralentissement de l’économie d’ici la fin de l’année, en raison de la hausse des prix et des menaces sur les approvisionnements en énergie. Anticipant une stagnation du PIB au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023, elle prévoirait une croissance de 0,9 % en 2023 pour la zone euro. Bien loin des 2,1 % précédemment envisagés.

Une situation qui pourrait continuer à se dégrader si la guerre en Ukraine venait à trop s’éterniser.

Pas encore de resserrement monétaire

Certains observateurs s’attendaient à ce que la BCE incite les banques à rembourser par anticipation une partie des prêts très avantageux qu’elle leur avait accordé pendant la pandémie, afin de réduite la taille de son bilan. Mais cela n’est pas encore le cas. Effectivement, contrairement à d’autres banques centrales, la BCE n’envisage pas encore de resserrement monétaire.

L’institution de Francfort préfère, pour l’instant, jouer la prudence. « La forte inflation et les risques de récession font peser un risque de défaut de paiement de crédit sur les banques. Et certaines pourraient rencontrer des difficultés pour y faire face » a expliqué Éric Dor, directeur des études économiques à L’Iéseg, une grande école de commerce française.

Pour aller plus loin :

  • Retrouver l’article d’origine sur Le Figaro