Budget : la France et l’Italie vont devoir se serrer la ceinture

01/07/2024

Les calculs de l’Institut Bruegel montrent que de nombreux pays européens vont devoir effectuer un ajustement budgétaire. Mais certaines économies vont devoir redoubler d’effort pour réduire la dette publique, notamment l’Italie et la France. Explications.

Remettre de l’ordre dans les finances publiques

« Pour les Françaises et les Français, une tragédie budgétaire pourrait menacer ». C’est le constat du ministre allemand des Finances, Christian Lindner, après avoir pris connaissance des programmes des candidats pour les élections législatives. Les élections législatives se déroulent à un moment charnière sur le plan économique. Les sept États membres de l’Union européenne les plus endettés doivent présenter à Bruxelles, fin septembre leur plan d’actions pour réduire l’endettement. Malgré l’assouplissement des règles budgétaires européennes, certains pays sont dans le rouge par rapport aux objectifs fixés. Trois grosses économies sont dans le viseur de la Commission européenne : la France, l’Italie et la Pologne.

Pour rappel, l’Union européenne a fixé un seuil de dette publique à 60 % du PIB et un déficit public inférieur à 3%. Les États membres concernés ont entre quatre et sept ans pour assainir leurs comptes publics et atteindre ces objectifs. La politique européenne vise à remettre de l’ordre dans les finances après la parenthèse du « quoi qu’il en coûte », générée par la pandémie de Covid-19. De plus, la fin de la période inflationniste entraîne la levée des boucliers tarifaires. Le moment semble donc venu de repartir sur des bases saines.

Un ajustement d’un point de PIB par an

L’étude, publiée par l’institut Bruegel, montre que l’Italie et la France doivent prendre le taureau par les cornes pour assainir leurs finances. Le principal think tank économique bruxellois a calculé que l’Italie devra faire un effort de 1,08 point pendant 4 ans. Le France, de son côté, devra atteindre 0,94 point de PIB.

« Si la France veut revenir à un solde budgétaire primaire, avant paiement des intérêts de la dette, positif, qui permettrait de stabiliser la dette publique, alors l’ajustement budgétaire à consentir d’ici à 2027 est proche de 4 points de PIB, soit un peu plus de 100 milliards d’euros à trouver en quatre ans », développe Ludovic Subran, chef économiste d’Allianz. Un pari difficile à tenir sans augmenter les impôts. L’assainissement des finances publiques françaises pourrait être corrélé à une hausse des prélèvements obligatoires. « Ce qui a une fâcheuse conséquence : un choc fiscal et une croissance très faible plusieurs années de suite », relève Ludovic Subran.

Un ralentissement de la croissance à prévoir

« Tous les pays européens vont se mettre à réduire leur déficit public en même temps.[…] Le fait que tous les États membres fassent la même chose au même moment va aggraver les choses », analyse Jérôme Creel, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Les économistes de la Banque centrale européenne (BCE) ont estimé que cette rigueur budgétaire viendrait ralentir la croissance de la zone euro de 0,4 point de PIB entre 2024 et 2025.

Si d’autres économistes, comme Rory Fennessy, sont plus optimistes sur l’évolution du PIB de la zone euro, le problème de fond reste le même : des divergences existent entre les dettes publiques des États membres. À titre d’exemple, la France affiche un endettement de 115 % de son PIB, tandis que celui de l’Allemagne ne représente que 58 % de son PIB. Cet écart, s’il se creuse davantage, réduit les chances que les gouvernements des États membres acceptent un endettement commun et s’accordent sur une politique économique commune. De plus, une croissance faible durable pourrait entraîner les pays endettés dans un cercle vicieux d’endettement incontrôlable. Le pari de l’assainissement des finances publiques de la zone euro est donc loin d’être gagné.

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