Entre les élections législatives en cours en France et les élections présidentielles américaines à venir, l’été risque d’être mouvementé sur les marchés financiers. Comment les tendances politiques influencent les places boursières ? À quoi faut-il s’attendre dans les prochains mois. Le point sur la situation.
La Bourse de Paris chahutée par les élections législatives anticipées
Depuis le 9 juin dernier et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, les marchés financiers ont perdu le nord. En tête du classement, le CAC 40, qui a chuté et reste en retrait de 6 % par rapport à son pic historique du 15 mai dernier. Les évolutions des indices en dents de scie sont monnaie courante sur les marchés financiers, mais l’inattendue décision du président de la République, Emmanuel Macron, a stoppé net l’enthousiasme des investisseurs. Les résultats du premier tour des élections législatives françaises laissent entrevoir une période d’incertitude et d’instabilité politique dans les prochains mois.
Puis, à l’automne, l’attention des marchés financiers se tournera vers les États-Unis où les Américains seront appelés aux urnes pour choisir leur prochain président. Le premier débat télévisé entre Joe Biden et Donald Trump, le 27 juin dernier, a mis en scène un président sortant dépassé et un candidat républicain alignant les mensonges. Le climat tendu qui s’installe sur la scène politique américaine a de fortes chances de déteindre dans les sphères économique et financière.
La menace du risque géopolitique difficile à anticiper
« Les événements géopolitiques et politiques représentent des risques importants pour les portefeuilles d’investissements, mais il est particulièrement difficile de s’y préparer », expliquent Guillaume Jaisson et Peter Oppenheimer de Goldman Sachs. Et cette année, le calendrier électoral est particulièrement chargé, ce qui rend la tâche encore plus compliquée pour les experts. En janvier dernier, lors de la conférence annuelle stratégique de Goldman Sachs, plus de la moitié des professionnels estimaient que le risque géopolitique était le principal danger pour les marchés, suivi par les élections américaines.
« Le contexte politique et géopolitique mondial gagne en instabilité », ajoute Raphaël Thuin de Tikehau Capital. « L’arrivée de partis extrêmes au pouvoir dans certains pays est plausible », poursuit-il, alors que dans le même temps « les conflits géopolitiques (Ukraine, Moyen-Orient, Taïwan) se multiplient, se prolongent et pour certains s’intensifient : le second semestre pourrait s’avérer riche en rebondissements ».
L’impact des élections sur la volatilité
« Avec les législatives, le risque est contenu au marché français et son influence n’est plus aussi importante que par le passé, il ne devrait pas y avoir d’impact systémique », analyse Alexandre Hezez de Richelieu au quotidien Les Échos. Le risque relatif à cette instabilité se répercute déjà sur le marché français. Les contrats à terme du CAC 40 intègrent une prime de volatilité au plus haut pour le mois prochain. Un phénomène qui ne concerne pas les autres bourses européennes. Conséquence, le différentiel de volatilité entre le DAX allemand et la Bourse de Paris est à son niveau le plus élevé depuis 2012.
La volatilité sur les marchés financiers ne faiblit pas en raison du calendrier serré. L’impact de plusieurs résultats électoraux viennent s’ajouter et augmenter le risque. « Beaucoup d’élections ont engendré de la volatilité depuis le début de l’année, mais elle peut vite retomber », rassure Alexandre Hezez. Ce fut notamment le cas après les élections indiennes début juin. Le Bourse indienne avait perdu plus de 6 % en une journée, mais est vite repartie à la hausse suite à la confirmation du 3e mandat de Narendra Modi. En revanche, les investisseurs sont restés indécis et nerveux face aux résultats des élections mexicaines.
La volatilité est intrinsèquement liée à la géopolitique mondiale, du fait des échanges commerciaux globalisés. De ce fait, l’élection américaine peut réellement créer des remous sur les marchés financiers mondiaux. Les analystes de Bank of America ont noté que la volatilité à Wall Street tend à grimper de 25 % entre juin et novembre les années d’élections. L’avance estimée de Donald Trump dans les sondages pourrait inciter les investisseurs à se positionner en fonction de son programme politique. Dépendante des exportations américaines, l’Europe pourrait aussi être touchée par la vague venue des marchés de l’autre côté de l’Atlantique.
Pour aller plus loin :
- Pour mieux comprendre la notion de volatilité
- S’informer sur les Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos