La Banque de France durcit le ton concernant le crédit immobilier

15/01/2020

Le gouverneur de la Banque de France a sérieusement durcit le ton concernant la politique des banques en matière d'octroi de crédit immobilier.

Le 14 janvier dernier, François Villeroy de Galhau présentait ses vœux à la place financière de Paris. A cette occasion, le gouverneur de la Banque de France a sérieusement durcit le ton concernant la politique des banques en matière de crédit immobilier. Ce rappel à l’ordre s’inscrit dans le prolongement des recommandations préconisées par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) en décembre 2019. Ainsi, le superviseur de la Banque de France exhorte les établissements bancaires à se montrer plus prudents quant à leurs conditions d’octroi de crédit immobilier.

En effet, le Haut Conseil avait alerté les banques des risques croissants pour la stabilité financière. Le danger étant une surchauffe provoquée par l’emballement du crédit. l’institution avait préconisé un retour aux « bonnes pratiques ». Car avec des taux historiquement au plus bas (1,12%), le crédit a énormément progressé mais s’est également allongé en terme de durée.

C’est donc dans ce contexte que le gouverneur de la Banque de France a incité les acteurs du secteur bancaire à faire preuve de vigilance dans l’octroi des crédits immobiliers.

Les recommandations en terme de taux d’effort et tarification

Le Haut Conseil de stabilité financière a publié ses recommandations le 20 décembre 2019. Elles concernent en premier le taux d’effort (ratio entre montant de remboursement et revenus nets du ménage). Placée sous l’égide de Bruno Le Maire, l‘institution recommande aux banques de ne pas dépasser un taux d’endettement de 33%. Aujourd’hui, près de 28% des emprunteurs y consacrent plus de 35% de leurs revenus. Ce qui pourrait finir par poser problème, notamment aux ménages à revenus modestes. La seconde priorité du Haut Conseil porte sur la durée de crédit immobilier. Il s’agit de limiter la durée des emprunts à 25 ans.

François Villeroy de Galhau a fermement demandé aux banques de mettre en pratique ces préconisations dès le mois de janvier. De plus, le gouverneur a rappelé aux établissements bancaires la bonne conduite à tenir en matière de tarification. Les banques devront veiller à pratiquer des marges suffisantes afin de couvrir coûts et risques liés à ces crédits.

Vers la future Union bancaire ?

Les banques françaises sont les championnes de la zone euro en matière d’octroi de crédit immobilier. Avec une progression de plus de 6% par an entre 2017 et 2019, l’encours des crédits immobiliers devrait avoisiner les 1 1000 milliards d’euros fin 2019. Ce phénomène s’explique par l’importance stratégique du crédit immobilier pour les banques. En effet, le crédit à l’habitat permet aux établissements financiers d’attirer et de fidéliser leur clientèle. Ainsi, les banques se livrent-elles une bataille commerciale. Elles contrebalancent les faibles marges dues aux taux bas par le nombre élevé d’opérations réalisées. M. Villeroy de Galhau a par ailleurs souligné la qualité des banques françaises, qui ont su se moderniser et ainsi gagner en efficacité.

Par ailleurs le gouverneur de la Banque de France s’est montré rassurant quant à la mise en vigueur de l’accord de Bâle III. Ardent défenseur de l’Union bancaire, il regrette toutefois le peu d’avancée dans ce domaine. L’année 2020 apportera peut-être un changement.

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