Immobilier : vers la fin des taux d’intérêt bas ?

15/03/2022

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Vers la fin des taux d’intérêt immobilier bas ?

Les taux d’intérêt des crédits immobiliers sont repartis à la hausse depuis le début de l’année. Une tendance haussière confirmée par plusieurs courtiers, après la publication des derniers baromètres de leurs banques partenaires. En effet, selon Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.com, « alors que le gros des dossiers se négociait en janvier entre 0,95 % et 1,05 % sur vingt ans », il y aurait de moins en moins de taux sous la barre des 1 % depuis février. D’après les barèmes envoyés à Meilleurtaux.com, les taux d’intérêt moyens seraient de 1,20 % sur vingt ans. Seulement 13 % des offres proposeraient des taux inférieurs à 1 %. « Désormais près d’une offre sur 3 se situe entre 1,10 % et 1,30 %. Nous revenons quasiment aux conditions de l’automne 2019 » précise la porte-parole de ce courtier.

Inflation et remontée des OAT

Selon les courtiers, cette tendance haussière serait plus ou moins importante. D’après Emprunt Direct.com, « l’amplitude de la hausse s’est établie de 0,15 à 0,30% » en mars. Même observation du côté de Vousfinancer, chez qui les banques partenaires ont augmenté leurs taux d’intérêts de 0,20 % en moyenne.

Cette hausse des taux d’intérêt s’expliquerait pour deux raisons :

  • L’inflation qui ne cesse de progresser. Selon les estimations de l’Insee, après avoir augmenté de 2,9 % en janvier, les prix à la consommation ont encore augmenté de 3,6 % en févier.
  • La hausse des taux d’emprunt d’État (OAT 10 ans) depuis le début de l’année. Cet indicateur, qui sert de référence pour les taux des crédits aux particuliers, s’établit à 0,75 % au 10 mars, alors qu’il était encore négatif en décembre dernier.

Comme l’a expliqué aux Échos, Alban Lacondemine, président fondateur d’Empruntdirect.com, « l’inflation remonte en effet, poussant à un rebond du rendement de l’OAT 10 ans ». Selon lui, « le réajustement en cours des grilles de crédit à l’habitat apparaît comme inévitable ». Et en raison des risques liés au conflit russo-ukrainien, il devrait se poursuivre dans les semaines à venir.

Un avis que ne partagent pas tous les experts en crédit immobilier. Pour certains, la guerre en Ukraine n’aurait pas encore eu d’impact sur les taux d’intérêt des crédits immobiliers. « À ce jour aucun de nos partenaires bancaires n’a mentionné le conflit en Ukraine pour justifier les dernières hausses des taux » a précisé Sandrine Allonier, directrice des études de Vousfinancer.

Les incertitudes liées à la guerre en Ukraine

Au contraire, la situation pourrait inciter les banques à limiter la hausse de leurs taux d’intérêt. Selon certains spécialistes du courtage, les taux d’intérêt réels pourraient même rester en territoire négatif, voir baisser encore. La BCE, a d’ailleurs expliqué, le 10 mars dernier, qu’elle ne prévoyait pas une hausse brutale de ses taux directeurs dans l’immédiat. Cependant, sa volonté d’accélérer la fin des achats d’actifs afin de lutter contre l’inflation, « devrait de facto avoir un impact haussier sur les taux sur le marché secondaire » d’après Alban Lacondemine.

Mais pour Maël Bernier de Meilleurtaux.com, avec la guerre en Ukraine, nous sommes dans la plus grande incertitude. La Banque Centrale Européenne ne pourrait pas agir comme elle l’aurait fait en temps normal. Et pour l’heure, bien que les banques confirment leurs barèmes haussiers, elles vont observer la situation internationale pour déterminer les futures évolutions.

« Il y a clairement un impact de la hausse des taux d’emprunt d’État, qui pourraient continuer à augmenter significativement en cas de conséquences économiques pour la France ou d’une implication dans le conflit. Ce qui pourrait accroître le risque pour les investisseurs et faire augmenter le taux des obligations d’État » a-t-elle expliqué.

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