Immobilier : la bataille du juste prix

03/04/2023

La timide baisse des prix de l’immobilier, ces derniers mois, ne suffit pas à convaincre les vendeurs et les acheteurs du changement de tendance. Chacun tire sur la corde espérant faire une bonne affaire. Mais les vendeurs de biens immobiliers refusent de céder sur le prix.

Un bras de fer entre acheteurs et vendeurs est engagé.

Un marché immobilier plus tendu

Le volume de ventes dans l’immobilier ancien est en baisse depuis plusieurs mois. Dans le neuf, selon la Fédération des promoteurs immobiliers, le volume de crédits accordés pour l’achat d’un logement a baissé de 22 % sur l’année. Conséquence logique et prévisible du contexte actuel. La hausse des taux d’intérêt grignote le pouvoir d’achat immobilier des ménages quand ceux-ci parviennent à décrocher un crédit. Selon les chiffres de la Banque de France, le taux moyen d’un emprunt est passé de 1,13 % en février 2022 à 2,33 % en février 2023. Les acheteurs sont donc moins nombreux qu’il y a un an. Les délais de vente s’allongent. Finie la ruée sur l’immobilier créant l’effervescence du marché, place à la négociation.

Problème, les vendeurs n’acceptent pas encore ce revirement de situation. Sur certaines plateformes, l’évolution des prix, notamment dans certaines métropoles, continue son ascension. Alors pourquoi baisser le prix de vente quand tous les indicateurs semblent être au vert ? Selon Yann Jéhanno, président de Laforêt Immobilier, c’est le serpent qui se mord la queue. «Les vendeurs n’ont pas encore accepté le nouveau cadre du marché de l’immobilier. C’est notamment pour cela que les prix baissent lentement, mais ne flanchent pas».

Vendeurs vs. acheteurs, difficiles négociations

Le bras de fer entre vendeurs et acheteurs ne saurait durer. Les prix de l’immobilier résidentiel se sont repliés de 0,2 % en un seul mois, en mars et de 0,5 % depuis le début de l’année. Autrement dit, les vendeurs commencent à accepter la négociation. Pour Philippe de Ligniville, directeur général adjoint de la plateforme Bien’Ici, les agents immobiliers doivent endosser le rôle du modérateur. Il s’agit d’expliquer aux clients que la situation a changé et que les prix proposés ne sont plus adaptés au marché. Eric Allouche, président du réseau Era Immobilier, va même plus loin dans la posture pédagogique : «Il faut dire aux vendeurs qu’après une période extraordinaire post-Covid, le marché immobilier est aujourd’hui plus tendu. Qu’il y a moins d’acheteurs et que, quand il y a moins d’acquéreurs, il y a mécaniquement un peu plus de biens en vente et plus de négociations sur les prix».

Côté acheteurs, la même approche est préconisée. «Les acquéreurs sont encore réticents à s’orienter vers des projets moins onéreux ou moins ambitieux », explique Yann Jéhanno. Là, encore les professionnels de l’immobilier doivent effectuer un travail pédagogique pour les inciter à adapter leur comportement au contexte. Car, persister dans la négociation et faire le pari d’une baisse des prix n’est pas forcément la meilleure stratégie comme l’explique Eric Allouche : «S’ils gagnent d’un côté sur un prix inférieur, ils perdront davantage de l’autre du fait des nouvelles hausses de taux d’intérêt d’emprunt». Pour ne pas sortir perdants, acheteurs comme vendeurs seront donc contraints de chercher le compromis afin de trouver ce subtil équilibre entre offre et demande tant attendu par les professionnels de l’immobilier.

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