Immobilier : coup de frein en Île-de-France

03/06/2023

En région parisienne, les ventes immobilières dans l’ancien sont en chute libre. Fin mars, la baisse des transactions était de 22 %, selon les notaires. Dans un contexte de taux en hausse, les acheteurs ont du mal à concrétiser tandis que les vendeurs ne veulent toujours pas accepter une baisse des prix. Une difficile équation qui ne semble pas trouver sa solution.

Source ADSN-BIEN – Notaires du Grand Paris • www.notairesdugrandparis.fr

Une baisse brutale de ventes immobilières

« Depuis trois trimestres, la baisse des volumes est presque deux fois plus sévère chaque trimestre », note Elodie Frémont, présidente de la commission des statistiques immobilières de la Chambre des notaires de Paris, interviewée par Les Echos. Un temps assez long pour confirmer une tendance déjà annoncée en début d’année. Le marché de l’immobilier francilien prend un tournant. Les ventes chutent. Après une première baisse de 6 % au troisième trimestre 2022, suivie d’un seconde chute de 11 % en fin d’année, le premier trimestre 2023 accuse le coup avec -22 % des volumes par rapport à l’année dernière. Selon les notaires du Grand Paris, sur un an, les ventes sont passées de 178 000 à 34 300.

Il faut dire que la comparaison est légèrement trompeuse. Car, la période post Covid, a été particulièrement exceptionnelle pour le secteur de l’immobilier. La chute n’en est que plus douloureuse. Ce coup de frein soudain s’explique, notamment par le contexte inflationniste qui pénalise les acheteurs. « La baisse s’est amorcée et risque de s’amplifier », analyse Thibault Gallot-Lavallée, notaire à Neuilly-sur-Seine. Sur la petite couronne parisienne, les chiffres sont particulièrement alarmants. Sur un an, le volume de ventes des appartements a chuté de 20 %. Les ventes de maisons, quant à elles, ont décroché de 25 %. Si la baisse des ventes est générale, les notaires notent des disparités territoriales pour les appartements comme pour les maisons. Les évolutions enregistrées, en grande couronne, pour les maisons sont particulièrement spectaculaires : -25 % en moyenne, -29 % en Seine-et-Marne, -27 % en Essonne, -23 % dans le Val-d’Oise, -21 % dans les Yvelines.

Un prix moyen toujours supérieur à 10 000 €/m²

« Le marché est historiquement tendu. Néanmoins, au dernier trimestre 2020, le prix des maisons en petite couronne était en hausse de 8,3 % », explique le notaire. L’autre cause du problème du marché immobilier est là : les prix ne se sont pas encore ajustés au contexte économique actuel. Ils baissent trop timidement pour trouver preneur. En petite couronne, les prix ont baissé de 1 % sur un an pour les appartements, tandis que celui des maisons continue d’augmenter.

Dans Paris, même son de cloche. Le prix moyen d’un appartement baisse très lentement : -2 % sur un an. Toutefois, la demande, en particulier étrangère, reste forte et vient freiner une baisse plus franche des prix. D’après les promesses de vente déjà signées, le prix moyen du mètre carré parisien ne devrait pas passer sous la barre des 10 000 € avant l’été. Actuellement, estimé à 10 310 €, il devrait atteindre 10 090 € début juillet. Certains arrondissements du centre de la capitale ne sont pas concernés. Le 6e arrondissement connaît même une hausse et atteint 14 550 €/m². En revanche, les 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 15e, 17e, 18e, 19e et 20e arrondissements essuient une baisse des prix.

L’offre et la demande se cherchent

La hausse du coût du crédit immobilier, alors que les prix diminuent peu, reste l’une des causes de l’impasse dans laquelle se trouve le marché immobilier parisien. Les notaires ont calculé que, pour acquérir un appartement de 65 m² en Île-de-France, un emprunteur doit payer 376 € de mensualité supplémentaire de crédit qu’il y a un an. Soit une hausse de 19 % du coût du crédit pour devenir propriétaire en région parisienne.

« Cela peut expliquer cette forte baisse des volumes : l’offre et la demande ont du mal à se rencontrer », explique Christian Godard, notaire à Claye-Souilly. Alors que les acheteurs peinent à se faire financer leur projet immobilier, les vendeurs restent sur leurs gardes et rechignent à baisser les prix. Pour relancer l’immobilier parisien, il est nécessaire que l’offre s’ajuste davantage à la demande. Selon les notaires du Grand Paris, « il est devenu très préoccupant de voir se figer progressivement l’ensemble de la chaîne du logement et de ses marchés (neuf, ancien et locatif) dont la fluidité est indispensable pour permettre de loger les ménages franciliens ».

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