Faillite bancaire : JP Morgan à la rescousse de First Republic Bank

03/05/2023

Perte de 97 % de sa valeur, saisie par le régulateur américain et revendue au numéro un du secteur aux Etats-Unis, JP Morgan, la fin de la First Republic Bank s’est bouclée en 4 jours. Cette troisième faillite bancaire depuis le mois de mars montre que la contagion n’a pas été endiguée. Dans ce contexte d’instabilité, le FDIC cherche l’appui des grandes banques. Quitte à faire des concessions.

Nouvelle faillite bancaire aux Etats-Unis

Un. Deux. Trois. La First Republic Bank est la troisième faillite bancaire enregistrée en deux mois aux Etats-Unis. Une fin de partie qui s’est réglée en quelques jours. Chute rapide : la banque a perdu 97 % de sa valeur en Bourse. Tout comme son acquisition, quelques jours plus tard, par la première banque américaine, par la taille de ses actifs, JP Morgan. Afin d’éviter l’effet domino, le régulateur américain a réagi vite. Pour éviter une spirale baissière du cours de la banque et d’autres faillites, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) a cherché des solutions.

JP Morgan va donc va « prendre en charge tous les dépôts et la quasi-totalité de ses actifs », a annoncé, lundi 1er mai, la FDIC. Cette opération s’agrémente d’un triste record. La First Republic Bank devient la deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire des Etats-Unis, après celle de la Washington Mutual en 2008. Pour l’anecdote, cette dernière avait également été rachetée par la JP Morgan. Après la Silicon Valley Bank et Signature, il s’agit, cette année, de la troisième banque américaine saisie par le régulateur.

First Republic Bank : l’échec d’une tentative de sauvetage

Fondée en 1985, par Jim Herbert, la First Republic, à l’instar de la SVB et Signature, détenait les avoirs d’une clientèle aisée. De nombreux prêts à taux avantageux ont été consentis par cette banque sur la base d’un modèle économique qui marchait. Sauf qu’aujourd’hui, ce modèle rencontre ses limites.

La faillite de la First Republic s’est déroulée en seulement 4 jours. Après un mois calme sans signe avant-coureur, le PDG, Mike Roffler, a profité de la publication des résultats trimestriels, lundi 1er mai, pour annoncer le retrait de 100 milliards de dollars par ses clients. Cette réaction de la clientèle de la First Republic a eu lieu au moment de la faillite de la SVB. Si un effet domino avait été anticipé par les analystes financiers, il était bien inférieur à la réalité.

Pourtant, des mesures avaient été prises pour éviter la contagion tant redoutée. Dès le mois de mars, onze grandes banques avaient injecté au total 30 milliards de dépôts dans la First Republic Bank pour tenter d’éviter la chute. La mauvaise gestion de la SVB a contaminé la First Republic Bank. Cette dernière pour s’en sortir n’a eu d’autre choix que d’emprunter à prix fort pour honorer les retraits de ses clients enregistrant ainsi de fortes pertes.

À ce titre, une enquête interne de la Réserve fédérale concernant la Silicon Valley Bank reconnaît que « les autorités de surveillance n’ont pas pleinement apprécié l’ampleur des vulnérabilités», ni «pris des mesures suffisantes pour s’assurer qu’elle corrigeait ses problèmes assez rapidement». La FDIC a évalué le coût des failllites de la SVB et Siganture a plus de 22 milliards de dollars. À ce montant s’ajoutent désormais quelques 13 milliards de dollars relatifs à la chute de First Republic Bank.

JP Morgan, le sauveteur intéressé

Tout le monde ne sort pourtant pas perdant de cette histoire. JP Morgan, dans l’opération, devient l’heureux propriétaire de 173 milliards de dollars de prêts, environ 30 milliards de dollars de titres et 92 milliards de dollars de dépôts.

Le numéro un ne reprend cependant pas les dettes d’entreprise, ni les actions privilégiées de First Republic. Il n’a pas manqué de signer un accord de partage des pertes avec la FDIC sur d’autres produits. «Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d’autres, à intervenir, et nous l’avons fait», a déclaré Jamie Dimon, le patron de JP Morgan Chase. «Notre solidité financière, nos capacités et notre modèle d’entreprise nous ont permis d’élaborer une offre pour exécuter la transaction de manière à minimiser les coûts pour le Fonds d’assurance-dépôts.» Si JP Morgan s’est présenté comme le sauveteur du système en répondant à l’appel du régulateur, la situation sert la cause du géant bancaire.

Quand le contexte justifie l’exception

«Dans le cadre de la transaction, les 84 bureaux de la First Republic Bank dans huit États rouvriront en tant que succursales de JP Morgan Chase», a précisé la FDIC. «Tous les déposants de la First Republic Bank deviendront des déposants de JP Morgan Chase et auront accès à tous leurs dépôts». Une situation qui permet d’arranger rapidement la situation en espérant, cette fois, endiguer à temps la contamination. Et tant pis, si cette opération est contraire aux règles limitant la concentration du secteur.

En effet, JP Morgan détient déjà plus de 10 % des dépôts américains. De ce fait, elle ne devrait théoriquement pas être autorisée à racheter un de ses concurrents. Pour les régulateurs, il s’agit de faire une exception au vu de la situation. Une exception qui permet à JP Morgan d’engranger un gain de 2,6 milliards de dollars sur l’opération et de voir son cours en Bourse grimper de 2,5 % en séance lundi, suite à l’annonce. Le malheur des uns semble donc, encore une fois, faire le bonheur des autres.

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