La détermination du président de la Réserve fédérale, mercredi 20 septembre, a fait plonger les marchés boursiers. Les investisseurs ne s’attendaient pas à tant de fermeté de la part de Jerome Powell. L’origine de cette agitation ? Une possible hausse des taux directeurs d’un quart de point d’ici la fin de l’année. Le point sur la situation.
Baisse générale sur les marchés boursiers
La réaction a été presque immédiate. Dès mercredi soir, suite au discours du président de la Réserve fédérale, les valeurs « tech » ont tiré les indices vers le bas. Le Nasdaq a perdu 1,53 %. le S&P 500 a chuté de 0,94 %. Wall Street a clôturé en baisse. Jeudi, les taux à 10 ans grimpaient de 7 points atteignant leur plus haut niveau depuis 2007 : 4,48 %. Les actions, quant à elles, ont continué de voir rouge. Le S&P 500 a évolué à son niveau le plus bas depuis plusieurs mois et le Nasdaq perdait plus de 1,3 %.
La vague d’aversion au risque qui a gagné les marchés américains n’a pas manqué de se propager jusqu’aux bourses européennes. Le CAC 40 a perdu 1,6 %, l’Euro Stoxx 50 environ 1,5 % et le Dax affichait une baisse de 1,3 %. L’onde de choc a été plus forte sur le marché des taux. Niveau inédit depuis 2006, le rendement des obligations américaines à deux ans a temporairement frôlé 5,20 %. Les taux longs continuent de s’ajuster à la politique de taux durablement élevés voulue par la Fed. « La préoccupation de la Fed est d’éviter une détente sur les taux américains afin de maintenir la pression sur les conditions financières. Et ça a bien marché, puisque son message a entraîné une correction sur les maturités courtes, mais aussi sur les taux longs », explique Franck Dixmier, chez Allianz GI.
La Fed prône la fermeté pour combattre l’inflation
Lors de son discours, le président de la Réserve fédérale a évoqué une nouvelle hausse des taux directeurs, mais a surtout revu ses prévisions pour l’année prochaine. « Si les projections du comité de politique monétaire (FOMC) se réalisent – ce qui n’est pas toujours le cas – les Fed funds descendront à 5,1 % d’ici à fin 2024 et à 3,9 % à la fin de 2025. » En clair, la Fed envisage deux fois moins de baisses de taux pour 2024 : 50 points de base au total. En juin dernier, les prévisions annonçaient une baisse de 100 points de base.
Cette annonce a refroidi les investisseurs et enfonce le clou. La Fed maintiendra sa politique ferme jusqu’au bout. Il faut dire qu’elle est confrontée à une économie américaine résistante et des conditions de financement assez favorables. En effet, le contexte de baisse des primes de risque demandées pour prêter aux entreprises vient adoucir les hausses successives des taux. Pour maintenir la pression et éviter un retour de l’inflation, le Fed choisit de maintenir fermement le cap.
Une nouvelle hausse en perspective avant la fin de l’année
Côté investisseurs, le message semble avoir été compris. À la suite du discours de Jerome Powell, 56 % des traders interrogés par Bloomberg estiment qu’une nouvelle hausse aura lieu avant la fin de l’année. 78 % d’entre eux pensent que les taux à 10 ans vont encore augmenter dans les prochaines semaines. L’indice de confiance envers les annonces de la Banque centrale est donc relativement élevé. La leçon des violentes corrections de marchés de 2022 semble avoir été apprise.
En Europe, le vent d’optimisme qui avait suivi le discours de la présidente de la BCE a vite été balayé par la fermeté de la Fed. Les taux des obligations sont repartis à la hausse. En France, le taux à 10 ans a dépassé, en séance, 3,29 %. « Une hausse de taux est encore possible, si l’inflation sous-jacente ne faiblit pas », analyse Franck Dixmier. La pause tant attendue par les investisseurs n’a peut-être pas encore été atteinte.
Pour aller plus loin :
- Pour en savoir plus sur le discours de Jerome Powell du 20 septembre 2023
- S’informer en matière de Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos