BCE : dernier tour de vis sur les taux ?

15/09/2023

La Banque centrale européenne a voté une nouvelle hausse des taux directeurs. Le taux de dépôt est désormais fixé à 4 %, un niveau historique jamais atteint depuis la création de l’euro. État des lieux.

Les taux ont atteint un niveau historique

Hausse, pas hausse ? La question est restée sans réponse jusqu’au bout. Finalement, hausse il y a. La Banque centrale européenne (BCE) a voté, « à une forte majorité » le relèvement d’un quart de point des taux directeurs. Suite à cette décision, le taux de facilité de financement est porté à 4,5 %, le taux de facilité de prêt marginal affiche 4,75 % et le taux de dépôt est fixé à 4 %.

Cet ultime tour de vis, administré à la politique monétaire de la zone euro, comporte une symbolique particulière. Il s’agit du plus haut niveau atteint depuis la création de l’euro. De plus, il s’agirait de l’ultime relèvement des taux, mettant le point final à un cycle ininterrompu de hausse de resserrement de la politique monétaire depuis juillet 2022. « Les taux d’intérêt directeurs de la BCE ont atteint des niveaux qui, s’ils sont maintenus pendant une période suffisamment longue, contribueront de manière substantielle au retour en temps voulu de l’inflation à l’objectif fixé », a souligné Christine Lagarde.

Hausse des taux : der des der ?

Suite à cette déclaration de la présidente, de nombreux experts s’accordent pour dire qu’il s’agit du dernier relèvement des taux avant une pause, la BCE ne s’est pas prononcé sur le sujet. Déjà, en juillet dernier, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, avait laissé entendre qu’une éventuelle pause dans la hausse des taux pourrait être envisagée. L’objectif de cette pause était de prendre du recul afin d’analyser les effets de la politique de resserrement. Force est de constater que la pause n’est pas pour tout de suite. Selon les marchés, les effets des premiers assouplissements devraient être visibles à partir de mars 2024.

Pourtant, l’économie de la zone euro se dégradant, une respiration dans la politique restrictive de la BCE aurait été bienvenue. Les récents indices PMI montrent que le secteur des services, qui avait jusqu’à présent résisté aux turbulences, se contractait. L’indice PMI composite a reculé à 46,7 points en août, son plus fort repli depuis novembre 2020. Il est clair que la politique de resserrement de la BCE joue un rôle important dans l’absence de relance de la croissance. La hausse des taux a fortement ralenti la demande de crédits et les investissements.

La lutte contre l’inflation, priorité de la BCE

Entre lutte contre l’inflation ou soutien à l’économie de la zone euro, il semblerait que la BCE a choisi de poursuivre son combat. En effet, l’inflation, bien que jugulée, ne semble pas fléchir. Elle affiche un taux stable à 5,3 % pour le mois d’août. « L’inflation continue de diminuer, mais nous nous attendons toujours à ce qu’elle reste trop élevée pendant trop longtemps », affirme Christine Lagarde. Les nouvelles projections de l’institution de Francfort envisagent une inflation plus élevée que prévu en 2023 (5,6 %) et 2024 (3,2 %). Toutefois, selon les prévisions, un retour à un niveau proche de l’objectif visé de 2% interviendrait en 2025.

Mais la banque centrale ne s’avance pas trop sur les prochaines étapes de sa politique monétaire. Elle a gardé le silence sur une éventuelle accélération de la réduction de son bilan. Il avait été évoqué la possibilité de réduire le bilan de la BCE en mettant fin aux réinvestissements engagés dans le cadre du programme « urgence pandémie » (PEPP). « Le sujet n’a pas été discuté », a annoncé la présidente. Certains experts y voient un atout que se garde dans la manche la banque centrale. Comme un ultime moyen de poursuivre la lutte contre l’inflation sans toucher aux taux directeurs.

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