Baisse du pouvoir d’achat des Français en 2022 et 2023 ?

13/10/2022

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Baisse du pouvoir d’achat des Français en 2022 et 2023 ?

Les Français n’en ont pas fini de s’inquiéter de leur pouvoir d’achat. Alors que le gouvernement a mis en place des mesures de soutien d’urgence, la situation pourrait encore se dégrader. C’est ce qu’a révélé l’OFCE, l’Observatoire français des conjonctures économiques, dans ses dernières prévisions, publiées mercredi 12 octobre. Selon l’institut, le pouvoir d’achat des Français pourrait reculer en 2022 et 2023 de 1,4 %, pour finir par retrouver son niveau de 2019.

Des prévisions moins optimistes que Bercy

Selon les prévisions de l’OFCE, le pouvoir d’achat des Français diminuerait de 0,1 % en 2022. Ce qui correspond, en unité de consommation (UC), à un recul de 0,6 %. L’institut évoque « la baisse la plus forte depuis quarante ans ». En effet, les pertes enregistrées sur le premier semestre de 2022, ne seraient que partiellement compensées par l’augmentation des revenus suite aux revalorisations engagées depuis cet été (prestations sociales, point d’indice des fonctionnaires, SMIC…).

Et ce n’est qu’un début. Pour 2023, l’OFCE prévoirait encore une diminution de 0,3 %. Soit en unité de consommation, un recul de 0,8 %. Des prévisions moins optimistes que celles de Bercy, qui anticipe une hausse du pouvoir d’achat de 0,9 % en 2023. Cette différence de projections s’expliquerait par une vision divergente de l’évolution du marché du travail. Alors que le gouvernement prévoit 100 000 créations d’emplois l’année prochaine, l’OFCE anticipe de nombreuses suppressions. « Nous anticipons un retournement avec une remontée du taux de chômage à 8 % l’an prochain et la destruction de 175 000 emplois. Cela va peser sur la dynamique salariale » a expliqué Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Hausse de l’inflation et baisse de la consommation

Toujours selon l’OFCE, l’inflation devrait encore augmenter, ce qui aura un impact négatif sur le budget des Français. En se basant sur le baril de Brent à 100 dollars et une hausse des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité de 15 %, l’inflation pourrait atteindre, en moyenne, 4,2 % en 2023.

Conséquence, les Français devraient moins dépenser. Les projections de l’institut de conjoncture tablent donc sur un ralentissement de la consommation. Alors que cette dernière représente plus de la moitié du PIB français, l’OFCE prévoit qu’elle augmentera trois fois moins vite qu’en 2022 (+0,9 %). En parallèle, les Français devraient donc puiser à nouveau dans leur épargne. Ce qui ramènerait, fin 2023, le taux d’épargne à son niveau d’avant la crise sanitaire. Soit 15,6 % du revenu brut.

Une progression limitée du PIB

Ce ralentissement de la consommation devrait donc également impacter la progression de l’activité économique. Selon l’OFCE, cette dernière devrait se limiter à 0,6 % l’année prochaine. Des prévisions plus optimistes que celles de Barclays qui table sur un repli du PIB. Mais plus pessimistes que celles de Bercy qui espère une croissance de 1 %. Dans ses dernières prévisions, l’OFCE précise que sans les différents chocs rencontrés (omicron, hausse des prix de l’énergie, remontée des taux…), le PIB aurait progressé de 2 %.

Toutefois, l’institut ne prend pas en compte une possible interruption des livraisons de gaz russe, ainsi que le risque de crise immobilière ou le rebond épidémique. Par ailleurs, comme l’a précisé son économiste, Mathieu Plane, « une plus grande utilisation de l’épargne pourrait modifier à la hausse notre scénario de croissance ». Il semble donc compliqué de réussir à maintenir le déficit public à 5 % du PIB en 2023. Avec le ralentissement des recettes fiscales, la baisse des prélèvements obligatoires et la hausse de la charge d’intérêts de la dette, l’OFCE table plutôt sur un déficit à 5,2 %.

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