Le patrimoine financier des Français a bondi de 390 % en 30 ans

25/01/2024

La structure du patrimoine des Français a été chamboulée ces trois dernières décennies selon une étude publiée par le groupe BPCE. En 30 ans, le patrimoine financier des Français a augmenté de 390%. Explications.

L’épargne financière au cœur du patrimoine des Français

390 % en 30 ans, l’évolution du patrimoine des Français, hors immobilier et actions non cotées, est impressionnante. Dévoilée le 23 janvier, l’étude des économistes du groupe BPCE (groupe bancaire issu du rapprochement des Banques Populaires et des Caisses d’Épargne) détaille l’évolution du patrimoine financier depuis 1990. Ainsi, l’épargne financière passe de 903 milliards d’euros en 1990 à 4 428 milliards d’euros en 2023.

« Le patrimoine financier des ménages a été multiplié par près de 5 en 33 ans, alors que les prix n’ont été multipliés que par 1,7 », explique Eric Buffandeau, directeur adjoint études, veille et prospective au pôle stratégie de BPCE. Autrement dit, l’épargne financière des Français a davantage augmenté que le PIB, +59 % entre 1990 et 2022 selon les chiffres de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Elle va également au-delà de l’évolution des salaires, estimée à 15,6 % entre 1990 et 2021 (hors augmentations dues à l’inflation).

S’agit-il d’épargne nouvelle ou de gains issus de l’épargne qui ont fructifié au cours des 30 dernières années ? C’est la question posée par le quotidien Les Échos aux auteurs de l’étude face à cette envolée. Conclusion : la hausse de 3 525 milliards d’euros constatée entre 1990 et 2023 se décompose en deux :

  • +1 653 milliards d’euros issus de flux nouveaux d’épargne ;
  • +1 872 milliards d’euros issus de la capitalisation des intérêts et des plus-values boursières.

La perte de vitesse des supports monétaires

L’épargne financière occupe donc désormais une place de choix dans le patrimoine des Français. Toutefois, tous les supports ne suivent pas cette tendance globale. Certains sont privilégiés par les épargnants comme les livrets d’épargne et l’assurance-vie. D’autres, en revanche, sont moins bien dotés qu’il y a 33 ans. Les fonds monétaires, par exemple, captaient en 1990 une épargne 9 fois plus importante qu’en 2023. Ils représentent aujourd’hui seulement 0,3 % du patrimoine financier des Français, contre 11 % en 1990.

L’explication de la perte d’intérêt pour ces supports est simple. « Dans les années 1990, le taux du marché monétaire était au-delà de 10 %. C’est ce qui avait incité de nombreux clients à investir sur ce type de produit », analyse Eric Buffandeau pour Les Échos. Toutefois, la remontée des taux directeurs, décidée par la Banque centrale européenne (BCE) il y a un an environ, a relancé l’investissement sur ce type de support. Entre 2022 et 2023, l’encours alloué a bondi de 133 % !

L’indétrônable assurance-vie

« On assiste bien à une recomposition du patrimoine financier des ménages entre 1990 et 2023, marquée notamment par le développement de l’assurance-vie », constate l’expert de BPCE. Si, en 1990, les Français plaçaient environ 1/6 de leur épargne sur un contrat d’assurance-vie (14 %), ils privilégient aujourd’hui ce placement en y déposant 42 % de leur épargne. Autrement dit, sur 10 euros épargnés par un Français, 4 euros atterrissent sur une assurance-vie.

Derrière l’assurance-vie, les livrets d’épargne réglementée occupent aussi une place importante au sein du patrimoine financier des épargnants (19 %). Viennent ensuite les fonds logés dans les comptes-titres et PEA (actions, obligations, etc.). Enfin, l’étude souligne la hausse des dépôts sur les comptes courants : 111 466 millions d’euros en 1990 contre 533 780 millions d’euros en 2023.

Cette évolution de comportement est directement liée à la conjoncture économique de ces dernières années. La crise du Covid-19, puis l’inflation, sont venues chambouler les logiques d’épargne des Français dans un contexte de taux d’intérêt des livrets d’épargne peu rémunérateurs. Ces derniers mois, les Français ont davantage puisé dans leurs dépôts à vue pour faire face à la perte de pouvoir d’achat.

Selon les économistes de BPCE, auteurs de l’étude, ce comportement est temporaire. C’est ce que montre l’enquête Audirep interrogeant plus de 2 000 Français : 22 % d’entre eux ont déclaré vouloir « plutôt réduire » l’encours sur leur compte courant.

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