Souvent boudé au profit du livret A, le livret d’épargne populaire réduit l’écart avec le placement préféré des Français. Comment expliquer ce récent succès ? Éléments de réponse.
LEP : une collecte impressionnante
En octobre 2023, les Français ont placé plus de 4,7 milliards d’euros sur leur livret d’épargne populaire, connu sous l’acronyme « LEP ». Une collecte record pour ce placement réglementé. Depuis 2022, le LEP connaît un regain d’intérêt venant inverser la tendance qui s’était installée depuis treize ans. En effet, depuis 2008, le LEP affichait une collecte négative.
Un coup de pouce médiatique
Pourquoi le livret d’épargne populaire intéresse-t-il désormais les épargnants ? Plusieurs raisons à ce succès fulgurant. La première est la campagne médiatique menée par le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Lemaire, en janvier 2022.
Invité au JT de 13 heures sur TF1, il avait déploré le manque d’intérêt des épargnants pour ce placement fiscalement intéressant. Selon lui, en 2022, seuls 7 millions de Français détenaient un LEP, alors que le double pouvait prétendre à ce placement soumis à des conditions de ressources. « Nous allons donc demander aux banques de faire la promotion de ce livret et nous allons envoyer […] par la direction générale des finances publiques (DGFIP), un mail à tous les Français qui ont droit au livret d’épargne populaire », avait-il ajouté. Il y a donc fort à parier que la communication autour du LEP a joué un rôle dans la hausse de la collecte.
Un taux d’intérêt supérieur à l’inflation
Dans un contexte inflationniste, le produit d’épargne réglementé est devenu un argument de lutte contre l’inflation. Dès le 1er octobre 2023, il a relevé le plafond du LEP à 10 000 €, au lieu de 7 700 € auparavant, et bloqué le taux d’intérêt à 6 %. C’est le double du taux du livret A et quelques points de plus que l’inflation. Un argument de taille qui a terminé de séduire les épargnants éligibles au LEP.
Toutefois, le très séduisant taux d’intérêt du livret d’épargne populaire pourrait vite baisser. L’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié les chiffres de l’inflation pour le mois de novembre. En baisse par rapport au mois précédent, le taux d’inflation affiche désormais 3,4 %. Une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des Français, mais une moins bonne pour le taux du LEP.
Vers la fin du succès ?
Pour rappel, le taux d’intérêt du livret d’épargne populaire est révisé deux fois par an (en janvier et en juillet) sur la base de l’évolution de la hausse moyenne des prix au cours du trimestre précédent. Autrement dit, si l’inflation baisse, les prix baissent, donc le taux du LEP devrait suivre la tendance. Pour que la rémunération du LEP soit maintenue à 6 %, il faudrait que l’inflation moyenne se maintienne aux alentours de 6 % également. En théorie, on peut donc envisager une chute du taux du LEP d’environ 1,8 point par rapport au taux actuel à compter de février prochain.
Toutefois, la Banque de France a le pouvoir de contrecarrer cette évolution naturelle. Elle peut proposer au gouvernement de freiner cette baisse du taux d’intérêt pour soutenir l’épargne populaire et continuer la promotion du LEP. Les chiffres actuels montrent qu’il reste 8 millions d’épargnants français n’ont pas encore de LEP alors qu’ils pourraient y prétendre.
Pour aller plus loin :
- Pour mieux comprendre les produits d’épargne réglementée
- S’informer en matière d’Épargne
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos