Zone euro : l’inflation au plus haut depuis 13 ans

Après avoir atteint 3 % en août, puis 3,4 % en septembre, l’inflation dans la zone euro a franchi le seuil des 4 % en octobre. Atteignant les 4,1 % sur un an, il s’agit du taux le plus haut depuis 13 ans. C’est ce que révèle, l’estimation préliminaire pour le troisième trimestre 2021, publiée par Eurostats, vendredi 29 octobre. En cause ? L’envolée des prix de l’énergie dans la zone euro. En octobre, ces derniers ont enregistré une augmentation de 23,5 %, après une hausse de 17,6 % en septembre. Si le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro continue de progresser au troisième trimestre, la croissance économique pourrait toutefois commencer à ralentir.

Le retour de la croissance dans la zone euro

Malgré un taux d’inflation au plus haut depuis 2008, la croissance économique semble être de retour dans l’Union européenne. Selon les estimations d’Eurostats concernant le troisième trimestre 2021, le PIB de la zone euro aurait progressé de 2,2 %. Pour rappel, après avoir baissé de 0,3 % au premier trimestre, il avait ensuite rebondi de 2,1 % au deuxième trimestre. Comparé au troisième trimestre 2020, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 3,7 % dans la zone euro et de 3,9 % dans l’UE.

Parmi les grands pays européens, c’est l’Allemagne qui a enregistré les moins bonnes performances, avec une hausse de seulement 1,8 %. Viennent ensuite l’Espagne avec une augmentation de 2 % et l’Italie qui enregistre une hausse de 2,6 %. La France, quant à elle, affiche parmi les meilleures performances. En effet, au troisième trimestre, sa croissance aurait bondi à 3 %, après une première hausse de 1,3 % au deuxième trimestre. Seule l’Autriche a fait mieux avec augmentation de 3,3 %.

Le rebond exceptionnel de l’économie française

Excepté le rebond de l’été 2020, suite au premier confinement, on n’avait pas enregistré un tel rythme de croissance économique en France, depuis le troisième trimestre 1968. Selon l’Insee, la France aurait même retrouvé son activité économique d’avant la crise sanitaire.

Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a d’ailleurs salué cette performance exceptionnelle. En effet, le gouvernement ne s’attendait pas à de tels résultats avant fin 2021, voire début 2022. Dans ses dernières prévisions, il mise désormais sur une croissance de 6,25 % sur l’ensemble de l’année.

Mais le rythme de l’inflation pourrait venir remettre en question ces prévisions optimistes.

Vers un ralentissement de la croissance en France ?

Certains prévisionnistes craignent que la croissance économique française commence à ralentir dans les mois à venir. D’après Charlotte de Montpellier, économiste d’ING, « les problèmes d’approvisionnement et de hausse des coûts devraient peser, tandis que l’inflation devrait commencer à entamer la confiance des ménages » citent Les Échos.

Dans le même esprit, l’écrivain et essayiste, Jean Attali, se veut encore plus pessimiste et prédirait prochainement une hausse brutale de l’inflation en France, de l’ordre de 10 %. Selon lui, afin de rester compétitifs, les distributeurs ont réussi, jusqu’à maintenant, à contenir la hausse des coûts des matières premières. « Mais, si la hausse des coûts des intrants et les pénuries de toute nature persistent, l’un ou l’autre des grands producteurs mondiaux de produits alimentaires, de véhicules, ou d’équipement ménagers, cédera et augmentera ses prix massivement. Brutalement », a-t-il expliqué.

Pour préserver le pouvoir d’achat des Français, l’État n’aura alors que deux possibilités : indexer les salaires sur l’inflation ou mettre en place une politique d’austérité.

Qu’en est-il chez nos voisins européens ?

Comme la France, l’Italie a vu sa croissance économique progresser plus rapidement que les prévisions. Avec une hausse de 2,6 % au troisième trimestre, elle a dépassé de 0,4 point les attentes. Selon l’Istat, l’institut national des statistiques, l’économie italienne aurait profité de la forte reprise du secteur des services marchands. Ce dernier ayant été fortement impacté par la pandémie. Et après une récession de presque 9 % en 2020, le gouvernement italien miserait désormais sur un rebond de 6 % sur l’ensemble de l’année 2021.

L’Allemagne, en revanche, a enregistré un ralentissement de sa croissance plus important que prévu. Effectivement, par rapport au deuxième trimestre, cette dernière n’a progressé que de 1,8 % en octobre. La plus faible hausse des grands pays de la zone euro. Ce ralentissement aurait essentiellement été causé par l’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement. Au vu de la hausse des prix de l’énergie et de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, le gouvernement allemand aurait revu ses prévisions de croissance à la baisse. Il table désormais sur une augmentation de 2,6 % sur l’ensemble de l’année, contre 3,5 % jusque-là.

Enfin, l’Espagne aurait elle aussi constaté un ralentissement de sa croissance économique. Cette dernière n’a progressé que de 2 % au troisième trimestre 2021. Sur l’ensemble de l’année, la progression serait de 2,7 %, alors que les économistes prédisaient une hausse de 3,5 %. Toutefois, le gouvernement espagnol reste optimiste et espère que son PIB retrouvera son niveau d’avant la crise d’ici la fin de l’année.

Pour aller plus loin :

• Télécharger l’estimation préliminaire d’Eurostats
• Suivre l’actualité des marchés financiers

• Retrouver l’article d’origine sur Les Échos