Vers un ralentissement de la hausse des taux ?

25/11/2022

Lors de sa dernière réunion, la Comité monétaire de la Réserve fédérale a laissé entrevoir la possibilité d’un ralentissement des taux directeurs. Une nouvelle inespérée après plusieurs hausses successives venant durcir les conditions d’emprunts. Sur cette question, la BCE s’est montrée plus réservée. Le 27 octobre dernier, les taux directeurs ont été, une nouvelle fois, revus à la hausse pour le mois de novembre. Toutefois, le signal envoyé par la Fed n’est pas resté lettre morte côté européen.

Hausse des taux directeurs
Taux directeurs : vers un ralentissement de la hausse ?

La Fed prête à détendre sa politique monétaire

« Une substantielle majorité des participants estime que ralentir le rythme de hausses des taux pourrait bientôt être opportun ». C’est ce que rapporte le compte-rendu de la dernière réunion du Comité monétaire de la Fed (Federal Reserve). Autrement dit, un ralentissement de la hausse des taux d’intérêt pourrait être bientôt envisagé. Actuellement situés entre 3,75 % et 4 %, les taux directeurs ont subit quatre hausses successives, de l’ordre de 0,75 % chacune. Ce resserrement monétaire a pour conséquence directe le durcissement des conditions d’octroi de crédit pour les ménages et les entreprises et l’amplification du risque de récession. Au sein du comité, certains membres s’inquiètent des conséquences d’un durcissement monétaire trop durable, augmentant « les risques d’instabilité et de dislocation du système financier ». « Il y a un risque que la restriction cumulée de la politique monétaire dépasse ce qu’il est nécessaire de faire pour ramener l’inflation à 2 %».

Pour le moment, le Comité monétaire (FMOC) n’entend pas ouvrir la porte à un ralentissement de la hausse des taux. Toutefois, la publication de l’indice CPI indiquant un léger fléchissement des prix à la consommation pourrait changer la donne lors de la prochaine réunion de la Fed, le 13 et 14 décembre. En effet, dans son compte-rendu, l’instance américaine a envisagé qu’« un rythme plus lent des hausses de taux devrait permettre au Comité de mieux évaluer les progrès » réalisés pour juguler l’inflation. Les marchés boursiers ont immédiatement réagi à cette nouvelle en clôturant à la hausse et estiment déjà que la prochaine hausse sera de l’ordre de 50 points de base maximum.

La BCE opte pour une nouvelle hausse des taux

Côté européen, la Banque centrale européenne (BCE) a tenu sa dernière réunion quelques jours plus tard, sans partager l’optimisme américain. Le 27 octobre, les membres du Conseil des gouverneurs ont décidé d’augmenter à nouveau les taux directeurs. Objectif : lutter contre l’inflation galopante de la zone euro, qui a dépassé le mois dernier la barre des 10 %. « J’aimerais voir l’inflation avoir culminé en octobre, mais je pense qu’il y a trop d’incertitude », a déclaré la Présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors d’une audition devant le Parlement européen le 28 novembre dernier. Dans ce contexte, elle préconise de continuer à agir sur les taux d’intérêt, « principal outil de lutte contre l’inflation ».

À l’instar de leurs homologues américains, certains membres de l’institution de Francfort se sont opposés à cette décision la jugeant trop imprudente. Ils proposent une hausse plus mesurée, « de 50 points de base ». Cependant, la décision de poursuivre la hausse des taux au-delà du niveau admis d’une « normalisation » de la politique monétaire a été approuvée par une large majorité des membres. La BCE assure, toutefois, dans un document publié le 24 novembre, qu’une « récession technique » (recul de l’activité économique durant deux trimestres consécutifs) se profile comme le « scénario de référence » de la zone euro. Une enquête publiée le 22 novembre dernier par Reuters confirme ce scénario : l’économie européenne va entrer en récession. En cas de récession prolongée et marquée, une interruption de la hausse des taux est considérée comme « souhaitable » par la BCE.

Vers un ralentissement pour le mois de décembre

La Bourse enregistre ces annonces, mais reste prudente : le CAC 40, comme la bourse de New York, attendent la publication des statistiques clés, comme les indices de prix à la consommation des pays européens et le PIB américain. Les marchés espèrent une concrétisation des annonces de ralentissement de la hausse des taux dès la fin de l’année.

La question est de savoir si la prochaine hausse envisagée par la BCE sera de 75 ou 50 points de base. Les observateurs envisagent pour le mois de décembre une augmentation de moindre ampleur que celles de ces derniers mois, 0,75 % en septembre et octobre. Ainsi, si ces pronostics se confirment, la BCE peut s’aligner avec la décision de la Fed d’initier un ralentissement des taux directeurs. « Les prochaines hausses de la BCE pourraient bien être moins importantes que les précédentes », a indiqué l’économiste en chef de l’institution de Francfort, Philip Lane. La réponse lors de la prochaine réunion de la BCE mi-décembre.

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