Le préjudice, toujours en cours d’évaluation, se chiffrerait en millions d’euros. Près de 200 épargnants, séduits par la promesse d’un rendement élevé et garanti, auraient confié leurs économies à la néobanque lilloise Swoon. Mais, en juillet 2021, cette dernière a finalement dû déposer le bilan, faisant déchanter ses clients. Face à plusieurs irrégularités frauduleuses, l’association France Conso Banque a lancé, mardi 7 décembre, une action collective, afin d’aider ces épargnants malheureux à récupérer toute ou partie de leur argent. Une plainte au pénal devrait également être déposée prochainement contre les dirigeants et les responsables de cette « défaillance ».
Retour sur l’affaire
La néobanque Swoon, a été lancée en 2019 à Lille, par un jeune couple d’entrepreneurs français. À l’origine, elle proposait d’ouvrir, sans frais, un compte courant adossé à une carte bancaire. Puis, rapidement, elle a proposé à ses clients, un livret à 3 % garanti.
Un taux particulièrement attractif, en cette période de crise, qui a vite séduit de nombreux épargnants. D’autant plus que Swoon présentait ce produit comme un placement « sûr ». Mais, cette promesse d’un rendement élevé pour un capital soit disant garanti est un scénario habituel dans les affaires de fraudes aux placements d’épargne. Or, un rendement élevé rime toujours avec des risques élevés.
En effet, pour garantir ce rendement, la néobanque faisait ce qu’on appelle du « private equity ». Elle prêtait l’argent qui lui était confié à 5 % à des entreprises régionales. Une opération qui peut effectivement être rentable, mais qui présente naturellement des risques importants, liés notamment à la solvabilité des entreprises en question. Et c’est bien entendu ce qui serait arrivé à Swoon. Accumulant les défauts de remboursements, elle n’a finalement pas été en mesure de verser les 3 % promis à ses clients.
Exercice illégal
Swoon qui se présentait comme une néobanque, n’en n’était en fait pas une. Elle n’avait reçu aucun agrément bancaire. C’est, en effet, ce qu’à expliqué l’APCR (l’Association de contrôle prudentiel et de résolution) au magazine Investir.
« C’était juste une société d’édition de logiciels. La Financière de garantie, intervenant sous le nom de Swoon, a exercé de façon illégale. Elle n’avait pas les agréments nécessaires pour commercialiser un compte épargne ou proposer de prêter à des entreprises, activité qui aurait nécessité d’être intermédiaire en financement participatif et elle n’avait pas le droit de garantir un rendement ».
De plus, personne ne sait où est passé l’argent. Une partie aurait été transférée vers un compte domicilié en Lituanie.
Une action collective accessible au plus grand nombre
Afin de venir en aide aux épargnants lésés dans cette affaire, l’association France Conso Banque a décidé de lancer une action collective avec les avocats en charge du dossier, via leur plateforme Myleo.legal. Cette dernière a été créée pour mettre en relation des particuliers et avocats souhaitant mener une action collective conjointe. Un moyen d’avoir plus de poids devant la justice.
Ainsi, toutes les personnes ayant souscrit un contrat avec Swoon et se trouvant dans l’impossibilité de récupérer leur argent, peuvent participer à cette action. Pour ce faire, elles ont jusqu’au 30 janvier 2022 pour s’inscrire sur Myleo.legal.
Et pour que la plupart de ces personnes puissent se défendre et tenter de récupérer leur argent, l’association France conso banque a réussi à négocier les honoraires avec les avocats partenaires de la plateforme. Ainsi, selon le préjudice subi, elles paieront :
- 960 euros pour un préjudice de moins de 10 000 euros
- 1 404 euros pour un préjudice compris entre 10 001 et 30 000 euros
- 1 860 euros pour un préjudice supérieur à 30 000 euros
Méfiance avec les promesses trop alléchantes
Pour l’heure, l’association France conso banque comptabiliserait déjà 80 personnes. Elles seraient en tout plus de 200 à avoir été flouées par Swoon. « Le montant moyen perdu par les épargnants avoisine les 30 000 euros. Certains y ont mis beaucoup d’argent, jusqu’à 70 000 euros, appâtés par un livret à 3 % présenté comme le produit du siècle, sûr et garanti ! » a déploré le président de l’association, Michel Guillaud.
Malheureusement, cette affaire n’est pas un cas isolé. De plus en plus d’épargnants, aveuglés par des rendements particulièrement attractifs se laissent avoir. L’occasion de rappeler la nécessité de se méfier des promesses trop alléchantes. En effet, plus un placement offre un rendement élevé, plus les risques sont élevés. La promesse d’un rendement très attractif et offrant un capital garanti doit être un signal d’alarme.
Dans le doute, n’hésitez pas à vous renseigner sur le véritable statut de la société et vérifier si elle est bien agréée par l’APCR. Vous pouvez aussi consulter les listes noires et alertes publiées par l’APCR et l’AMF. Régulièrement mises à jour, elles recensent les sites ou entités non autorisés à proposer des produits financiers.
Pour aller plus loin :
- Consulter les listes noires et alertes de l’APCR et de l’AMF
- Suivre l’actualité des marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Investir