Taux d’intérêt : la Fed ne veut pas crier victoire trop tôt

15/12/2023

La Réserve fédérale a maintenu les taux d’intérêt entre 5,25 % et 5,5 %. Malgré des premiers signaux de reflux de l’inflation, Jerome Powell prône la prudence. De leurs côtés, les analystes et les investisseurs envisagent déjà une baisse des taux d’intérêt en 2024.

Maintien des taux d’intérêt

« Personne ne crie victoire, nous avançons prudemment », a expliqué le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, lors de la conférence de presse, mercredi 13 décembre. À l’issue de la réunion de son comité politique (FOMC), la Fed a annoncé le maintien des taux. Ainsi, depuis juillet dernier, les taux stagnent dans la fourchette entre 5,25 % et 5,5 %. Le cycle des hausses consécutives semble avoir atteint son pic, comme l’a souligné le président de la Fed.

Un signe positif qui galvanise les marchés boursiers américains. L’indice Dow Jones a gagné 1,40 %, passant au-dessus des 37 000 points pour la première fois de son histoire. Même tendance pour le Nasdaq, qui a gagné 1,29 %. Quant au S&P500, il a affiché une hausse de 1,37 %. La crainte d’une récession n’est désormais qu’un mauvais souvenir. Désormais, tous attendent l’annonce d’une baisse prochaine des taux d’intérêt.

L’objectif des 2 % d’inflation toujours en ligne de mire

Le président de la Réserve Fédérale appelle, toutefois, à ne pas prendre cette amélioration pour argent comptant. Selon lui, le travail pour atteindre les 2 % d’inflation est loin d’être terminé. Pour réaliser son analyse, la Fed s’est appuyée sur le dernier chiffre de l’inflation, publié ce mois-ci. En novembre, les prix à la consommation ont augmenté de 0,1 % sur un mois et de 3,1 % sur un an. En omettant les deux postes les plus volatils (alimentation et énergie), les prix sont en hausse de 4 % sur un an.

« L’inflation des biens semble être en grande partie « résolue », mais les fortes baisses de prix dans ce secteur masquent des prix des services encore élevés », affirment les économistes de Deutsche Bank. Pour eux, la Fed joue la prudence dans ses actes et adopte un discours de circonstance. « Le comité de politique monétaire devrait maintenir un léger biais « hawkish » [dur, NDLR] pour préserver ses marges de manœuvre, au cas où les risques d’inflation réaugmenteraient », analysent les experts de Deutsche Bank, pour le quotidien Les Échos.

De plus, pour Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN AMRO IS, la Fed adopte une attitude d’«ambiguïté constructive ». Dans le même discours, elle est capable de véhiculer un message d’assouplissement des règles et un message de maintien d’une politique monétaire dure.

À quand la baisse des taux ?

Dans leurs projections économiques révisées, les analystes restent confiants. Ils envisagent au moins trois baisses des taux au cours de l’année prochaine. Plus précisément, Goldman Sachs avait envisagé une première baisse des taux d’intérêt au troisième trimestre 2024. Les économistes vont plus loin dans les pronostics. « Nous pensons que la projection médiane du FOMC indiquera deux réductions l’année prochaine, comme elle l’a dit en septembre, et qu’elle indiquera les mêmes réductions de 125 points de base en 2025 et de 100 points de base supplémentaires en 2026 », notent-ils.

En se basant sur l’évolution de l’inflation et du marché de l’emploi, les plus optimistes parient sur une baisse des taux dès le printemps 2024. La Réserve fédérale ne s’est pas prononcée sur une date de reflux. Il semblerait que tous les acteurs s’activent pour favoriser un scénario baissier rapide. L’administration Biden tente d’influer sur les prix dans le secteur des services, en visant la transparence sur les commissions dans ce secteur d’activité. Il ne reste plus qu’à attendre 2024 pour valider ou non ces pronostics.

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