Retraites : un déficit persistant malgré la réforme

Le Conseil d’Orientation des Retraites vient de publier son dernier rapport annuel. Sur la base de plusieurs scénarios, il analyse les évolutions et perspectives des retraites en France pour les prochaines décennies. Malgré la prise en compte de la récente réforme des retraites, le bilan est mitigé. Le système des retraites resterait déficitaire au moins jusqu’à 2030, et peut-être plus longtemps.

Système des retraites : les perspectives du COR

Souvent présentée comme nécessaire au retour à l’équilibre du système, la réforme des retraites ne va pas résoudre tous les problèmes. C’est ce que démontre le dernier rapport annuel du Conseil d’Orientation des Retraites (COR).

Dans ce document de plusieurs centaines de pages, les spécialistes analysent plusieurs scénarios d’évolution du système des retraites en ajustant différents curseurs, notamment la croissance du PIB et le taux de chômage.

De ces études, le COR souligne deux évolutions principales :

• La part des dépenses de retraite dans le PIB est en baisse sur la majeure partie de la période étudiée, soit 2022 à 2070.
  Sur la période 2022-2027, les dépenses de retraite ont été estimées en légère diminution. À partir de 2030, cette évolution dépend du scénario choisi. Globalement, si la croissance du PIB reste supérieure ou égale à 1 %, la part des dépenses sera en baisse. Cela signifie que pour maintenir le système à l’équilibre, il faudra consacrer une part moins importante de la richesse nationale au financement public des retraites. Le COR souligne la forte dépendance du système des retraites à la croissance.
  
• La part des ressources dans le PIB tend à diminuer.
  Dans son rapport, le COR explique qu’« en 2022, les ressources du système de retraite se sont élevées à 13,8 % du PIB. Cette part devrait rapidement baisser à l’avenir pour s’établir de 13,2 à 13,3 % du PIB en 2030 et pour se situer, en 2070, dans une fourchette allant de 11,9 % à 12,3 % (selon les différents scénarios de gains de productivité). » Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette évolution, notamment la baisse des dépenses du régime de la fonction publique et des régimes spéciaux, mais aussi la diminution, selon les projections, du nombre d’enfants et de chômeurs.

Un déficit qui perdure au-delà de 2030

Selon le rapport du COR, le système des retraites a enregistré des excédents entre 2021 et 2023. « Le solde du système de retraite découle bien évidemment des évolutions des dépenses et des ressources, il était excédentaire, en 2022, de +4,4 milliards d’euros, soit 0,2 % du PIB. », note le COR. Mais cette tendance ne va pas durer selon les estimations du Conseil.

« Le solde du système de retraite se dégraderait ensuite pour atteindre -0,2 point à -0,3 point de PIB en 2030. Il resterait déficitaire à moyen terme dans l’ensemble des scénarios et ne reviendrait excédentaire après 2045 que dans le scénario d’un gain de productivité de 1,6 % par an. Le système de retraite resterait durablement en besoin de financement dans les autres scénarios (-1,6 % du PIB dans le scénario à 0,7 %, -0,8 % dans le scénario à 1,0 % et -0,2 % dans le scénario à 1,3 %). »

À noter toutefois, que les régimes complémentaires des salariés du privé seraient excédentaires sur toute la période. Seules les complémentaires de la fonction publique et assimilés connaîtraient des besoins de financement. Le COR conclut donc que la situation financière des retraites pourrait, sur le long terme, être très différente selon les régimes. Cependant, le besoin de financement à partir de 2030 apparaît dans presque tous les scénarios envisagés.

Les effets de la réforme des retraites sur le long terme

Ce rapport du Conseil d’Orientation des Retraites a la particularité de tenir compte de la récente réforme des retraites. Il va même plus loin dans sa volonté d’être réaliste dans ses estimations. « Jusqu’en 2027, les projections reposent sur les hypothèses économiques du programme de stabilité 2023 qui intègrent les tensions inflationnistes », explique le rapport. À partir de 2032, il s’agit, cependant, des scénarios économiques définis sur la base d’hypothèses relatives aux prévisions de Gouvernement et de l’Insee. Ces hypothèses de travail permettent de comparer deux scénarios : avec ou sans la réforme des retraites de 2023.

Dans le dernier rapport, le COR note ainsi que la réforme des retraites permettrait d’abaisser le niveau de dépenses de retraite en-deça du PIB, ce qui n’aurait pas été le cas sans réforme. Il rappelle aussi que « la réforme conduit à décaler l’âge de départ à la retraite (64,6 ans en 2070 dans le présent rapport contre près de 64 ans dans le rapport de 2022) et à réduire la durée de perception de la pension, mais elle a aussi pour effet d’augmenter les pensions », détaille le rapport.

L’analyse va même jusqu’à étudier l’évolution de la pension au cours du cycle de vie. Conclusion du rapport sur ce point, « la réforme augmente à terme la pension cumulée, soit une contribution positive au bien-être. Elle se traduit également par une diminution de la durée de retraite. »

Autrement dit, selon les estimations du COR, la réforme des retraites à des effets positifs pour les futurs retraités, mais ne résout pas totalement la question du financement du système.

Pour aller plus loin :

• Pour s’informer sur la réforme des retraites
• S’informer en matière de Retraite
• Retrouver l’article d’origine sur le site du Conseil d’orientation des retraites