Une étude de la direction statistique du ministère de la Santé (Drees), publiée jeudi 29 février, fait le point des effets de la réforme des retraites sur les petites pensions. Le document souligne une évolution positive et durable, aussi bien sur le montant de la pension que sur le nombre de retraités modestes concernés. Explications.
Revalorisation des petites pensions
Ils sont 185 000 nouveaux retraités concernés cette année par la revalorisation des pensions prévue par la réforme des retraites de 2023. C’est le chiffre annoncé par la Drees dans sa dernière étude. Aussitôt adoptée, aussitôt mesurée, la revalorisation des retraites modestes constitue le principal argument du gouvernement pour faire passer la pilule du report de l’âge de départ à la retraite. La Drees s’attache donc à mettre en lumière les effets de cette décision dans une étude.
Pour rappel, la revalorisation des pensions est destinée à améliorer le pouvoir d’achat des salariés ayant une carrière complète à temps plein au SMIC. Elle permet d’élever le montant de la pension versée à 85 % du SMIC en brut (retraite complémentaire comprise).
Communication confuse autour du montant
La promesse de la revalorisation des retraites modestes a suscité de nombreux débats. Durant les discussions sur la réforme, le gouvernement a évoqué un coup de pouce mensuel de 100 euros et une pension minimale de 1 200 euros. Cependant, ces montants ne concernent pas toutes les petites pensions.
À cette confusion sur le montant s’ajoute le complexe système de revalorisation des pensions modestes, appelé « minimum contributif » (Mico), souvent confondu avec le minimum vieillesse. Pour rappel, c’est le Mico, conçu pour soutenir les personnes qui ont une carrière complète mais une pension faible, qui est concerné par cette revalorisation.
Selon la Drees, le gain moyen pour les bénéficiaires est de 30 euros par mois (soit 360 euros par an). L’étude se garde toutefois de revenir sur le montant de 100 euros évoqué par le gouvernement. Notons que le montant calculé par la Drees correspond à l’estimation la Caisse nationale d’assurance-vieillesse en amont de l’adoption de la réforme.
Plus de retraités concernés
Le maintien dans la durée du coup de pouce à hauteur de 85 % du SMIC, annoncé par le gouvernement, reste hypothétique. La Drees note, dans son étude, que l’évolution de la revalorisation des petites retraites dépendra des retraites complémentaires. Or, aujourd’hui, les syndicats et le patronat sont réticents à ce que le régime Agirc-Arrco finance l’augmentation du Mico.
Enfin, l’étude de la Drees souligne les bénéfices de la réforme des retraites sur les pensions modestes. Selon ses calculs, 30 % des assurés du régime général et des salariés agricoles (lesdits régimes alignés) sont concernés par la revalorisation des pensions, contre 26 % auparavant. Le coup de pouce a un effet significatif pour les bénéficiaires les plus modestes.
Dans le temps, la réforme « permettra de stabiliser la proportion des nouveaux retraités qui bénéficieront de ce minimum à moyen et long terme », estime la Drees. En effet, il est prévu que le Mico évolue avec le SMIC et non plus en fonction de l’inflation. De cette façon, la proportion de bénéficiaires du Mico se fixerait entre 25 % et 30 % des nouveaux retraités des régimes alignés. Avant la réforme, avec le même système d’indexation, ce pourcentage aurait chuté à 10 % d’ici 2070.
Pour aller plus loin :
- Pour approfondir la revalorisation des petites pensions de retraite
- S’informer en matière de Retraite
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos