Depuis le 1er janvier, les adhérents du Corem, le régime de retraite complémentaire par points réservé aux fonctionnaires, ont vu leurs droits à rente viagère réduits de 12,6 %. Un nouveau coup dur pour leur pouvoir d’achat, qui ne cesse de fondre. Si les autres régimes rencontrent eux aussi des difficultés et n’ont procédé qu’à de faibles revalorisations de leurs rentes, le Corem est le seul à les avoir directement diminuées.
Pourquoi une telle mesure ?
L’Union mutualiste retraite (UMR), qui est en charge du Corem, a justifié ce coup dur par la persistance des taux d’intérêts négatifs. En effet, il est prévu que les réserves financières de ce régime ne doivent pas être inférieures au montant total des rentes à verser, plus de trois années consécutives. Cependant, avec la baisse continue des taux d’intérêts, cette règle devient impossible à satisfaire. Pour réussir à verser les mêmes rentes à ses adhérents, le Corem a besoin de davantage de capital.
En conséquence, le taux de couverture du Corem est ainsi passé d’à peine 98,2 % en 2018, à 96,7 % en 2019 puis 91,8 % en 2020. Mais, en réduisant la valeur du point, le régime espère ramener ce taux de couverture à 105 %. Soit, comme l’a assuré Eric Jeanneau, le président de l’UMR, au magazine Capital ; « le ratio maximum prévu par la loi, suffisamment confortable pour faire face à de nouvelles incertitudes, et espérer, dès que les taux d’intérêts remonteront, revaloriser les rentes ».
Moins 41 % de pouvoir d’achat en 20 ans
Une mesure qui risque de mal passer auprès des adhérents du Corem. D’autant plus, que ce n’est pas la première fois que le régime rogne leur pouvoir d’achat.
En 2015, il avait déjà repoussé de 60 à 62 ans l’âge minimum pour toucher une rente. Soit, deux années de pension en moins. Un peu plus tard, il avait réduit de 33 % le montant du R1. Une rente destinée aux plus anciens adhérents et qui avait déjà connu une baisse de 17 % au début des années 2000.
Si l’on ajoute à cela l’absence de revalorisation de la valeur du point depuis une vingtaine d’années, les adhérents du Corem auraient vu leur pouvoir d’achat diminuer de près de 41 % entre 2002 et 2021. Or, comme l’a déploré Claude Salort, le président du CIDS, le Comité d’information et de défense des sociétaires du Cref/Corem ; « la logique voudrait qu’ils perçoivent au moins l’équivalent des cotisations versées, une fois leur espérance de vie moyenne atteinte ».
De même, les perspectives des nouveaux adhérents du Corem ne sont guère réjouissantes. Avec cette baisse des taux d’intérêts, leurs futurs droits risquent eux aussi d’être revus à la baisse. L’épargne confiée au régime devrait fructifier autour de 0,25 % par an dans les années à venir, contre 0,80 % en 2018.
Un manque de transparence
Et ce qui agace également, c’est le manque de transparence sur ces mesures. En effet, les nouveaux adhérents du Corem ne seraient pas clairement informés sur la situation du régime. Les informations sur l’évolution de la valeur du point ne sont effectivement pas faciles à trouver sur le site de la mutuelle. Et ne parlons pas des formules de calcul.
De même, les informations sur le défaut de couverture devaient apparaître sur la page d’accueil. Or, ce n’est pas le cas. Outre un discours rassurant sur les valeurs et les principes du régime, les internautes pourront toutefois être informés de la transformation du Corem en plan d’épargne retraite individuel.
Autant d’éléments, qui pourraient inciter les épargnants à préférer un autre régime comme le Périvie, lancé l’année dernière par l’UMR. Il s’agit d’un plan d’épargne retraite individuel classique, avec fonds en euros, s’adressant aux personnes souhaitant gérer elles-mêmes leur épargne. Si tant que la confiance envers L’Union Mutualiste Retraite ne soit pas entamée.
Pour aller plus loin :
- Comprendre ce qu’est le Corem
- S’informer en matière d’épargne retraite
- Retrouver l’article d’origine sur Capital