Quel impact va avoir la hausse des taux directeurs américains sur l’économie mondiale ?

30/01/2022

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Quel impact va avoir la hausse des taux directeurs américains sur l’économie mondiale ?

Après plusieurs semaines de spéculations, la banque centrale américaine (Fed) a mis fin au suspens. Mercredi 26 janvier se tenait sa réunion régulière du comité de politique monétaire (FOMC). À l’issue de celle-ci, l’institution a dévoilé son calendrier pour l’année à venir. Si pour l’instant, elle a décidé de maintenir ses taux directeurs, elle prévoit de les relever à la mi-mars. Une décision qui ne sera pas sans conséquence sur le reste de l’économie mondiale.

À quoi servent les taux directeurs ?

Pour limiter l’inflation, les banques centrales disposent de plusieurs outils. Outre la fameuse « planche à billets », qui leur permet de créer ou détruire de la monnaie et ainsi agir sur le niveau d’inflation, elles peuvent également jouer sur les taux directeurs.

En effet, les banques commerciales se financent auprès des banques centrales. En relevant ou en abaissant les taux directeurs, ces dernières peuvent donc contrôler la masse monétaire en circulation. Prenons l’exemple des prêts consentis par les banques commerciales. Plus les taux d’intérêts sont élevés, plus les capacités d’endettements des particuliers et des entreprises sont altérées, ce qui finit par avoir un impact sur les prix. À l’inverse, plus les taux sont bas, plus les acteurs économiques peuvent financer de projets ce qui accroit mécaniquement la demande et les prix.

Contrer l’inflation

Actuellement, les taux directeurs américains sont très faibles. Entre 0 et 0,25 %. Ils avaient été abaissés à ce niveau en mars 2020, face à la pandémie de Covid-19, pour soutenir l’économie via la consommation. Mais cet « argent facile » entraîne une surchauffe de l’économie et contribue à faire grimper l’inflation. Les États-Unis sont d’ailleurs confrontés, depuis quelques mois, à une inflation record. En 2021, les prix ont grimpé de 7 %, soit la plus forte hausse depuis 1982.

La FED a d’ailleurs, pour la première fois, cessé de qualifier cette inflation de temporaire. Si son président, Jerome Powell, s’attend à un ralentissement de l’inflation courant 2022, il n’exclut pas qu’elle puisse se prolonger, voir s’accélérer. Lors d’une conférence de presse, il a ainsi précisé que « le comité de politique monétaire est d’avis d’augmenter les taux des fonds fédéraux lors de la réunion de mars, en supposant que les conditions sont appropriées pour le faire ».

Une décision qui ne devrait pas menacer la reprise du marché de l’emploi au États-Unis. Toujours selon le président de la FED, « le marché du travail est très, très solide et mon sentiment profond est que nous pouvons augmenter les taux sans lui nuire gravement » a-t-il déclaré.

À noter que la FED pourrait procéder à plusieurs hausses de ses taux directeurs au cours de l’année 2022. Il a notamment été évoqué trois augmentations probables.

Quelles conséquences pour l’économie mondiale ?

Première puissance économique, les États-Unis constituent un peu un baromètre de l’économie. La plupart de leurs décisions ont donc un impact sur le reste de l’économie mondiale. Ainsi, depuis qu’ils avaient évoqué, en décembre dernier, la possibilité de relever leurs taux directeurs plus tôt que prévu en mettant fin à leurs achats d’actifs, les spéculations allaient bon train.

Les bourses n’ont d’ailleurs pas cessé de jouer au yoyo. À l’instar du Nasdaq (principal indice boursier des entreprises technologiques américaines), qui a connu son pire début d’année depuis 2008. Effectivement, cette hausse des taux directeurs menace aussi directement la valorisation de bon nombre d’actifs jusqu’à perturber les marchés. L’argent étant plus « cher », les investisseurs sont naturellement plus sourcilleux, plus sélectifs. De nombreux actifs ayant profité d’un environnement d’argent quasi-gratuit sont maintenant menacés.

Qu’en sera-t-il en Europe ?

Alors que plusieurs banques centrales se préparent elles aussi à suivre la FED et à augmenter leurs taux directeurs, en Europe cela ne semble pas encore au programme. En novembre dernier, Christine Lagarde, la présidente de la banque centrale européenne, avait jugé « très improbable » une hausse des taux directeurs de la BCE en 2022. Selon elle, la poussée inflationniste actuelle en zone euro devrait se calmer cette année, il n’y aurait donc pas lieu de relever les taux. D’autant que cela pourrait diminuer encore le pouvoir d’achat des ménages et compromettre la reprise. Contrairement aux États-Unis, l’Europe n’a pas encore rattrapé son niveau de croissance pré-pandémie. Une hausse des taux directeurs pourrait donc être plus dommageable.

Cependant, les marchés européens et américains sont étroitement liés. Et ce ne serait donc qu’une question de temps, pour que ce qui se passe aux États-Unis, arrive sur le vieux continent.

Pour aller plus loin :

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