L’Autorité des marchés financiers (AMF) vient de publier l’édition 2022 de son baromètre annuel sur l’épargne et l’investissement. Bilan : les Français ne sont pas à l’aise avec les concepts de base de l’investissement et s’intéressent peu aux placements financiers. Un constat assez préoccupant pour l’AMF qui souhaite inverser la tendance.
3 questions qui en disent long
Chaque fin d’année, nous n’y coupons pas, l’heure est au bilan. L’AMF vient de publier le sien. Appelé « baromètre de l’épargne et de l’investissement », l’Autorité réalise une étude destinée à mesurer les évolutions des comportements des épargnants français. L’année 2022 fut nettement marquée par une tendance à la baisse à tout point de vue : baisse de la confiance des individus par rapport à l’année précédente (- 15 points), baisse des habitudes d’épargne (-7%), baisse des montants épargnés en projection.
Outre, des habitudes d’épargne en baisse, le baromètre 2022 met le doigt sur une information importante : les Français souffrent d’un manque de culture financière. Selon l’étude de l’AMF, 45% des Français déclarent s’y connaître « assez mal » en matière d’épargne et de placement, et 20% « très mal ». En d’autres termes, presque les 2/3 de la population possède peu ou pas de culture financière. Pour vérifier ces affirmations, l’AMF a soumis aux interrogés un quizz de connaissance composé de 3 questions. Seul 12% des répondants ont donné les 3 bonnes réponses.
Un manque d’éducation financière criant
« Une connaissance du domaine des produits d’épargne et des placements qui s’effrite encore cette année », constate l’AMF dans son baromètre. Pourtant, près de la moitié des Français déclare s’informer sur les sujets financiers. Comment expliquer alors que les Français soient si mauvais élèves ? L’étude montre que les épargnants informés sont majoritairement des hommes, de 55 ans et plus. Autrement dit, une petite partie de la population. De plus, seul 30% des épargnants s’appuie sur un conseiller financier ou bancaire pour prendre des décisions en matière de placements financiers. Un constat d’autant plus préoccupant que l’Autorité des marchés financiers a fait de l’éducation financière une de ses priorités ces dernières années.
Pour l’AMF, remédier à ce manque d’éducation financière est donc une priorité. Il faut donner aux épargnants les outils leur permettant de se projeter sur un temps long. L’AMF estime que le principal frein à l’épargne et l’investissement est l’environnement économique et géopolitique actuel (inflation, guerre en Ukraine, etc.). Or, ces facteurs n’ont un impact que sur les court et moyen termes. Ainsi, dans son étude, l’Autorité note qu' »un tiers des Français estime que le moment n’est pas propice aux placements en actions, proportion en hausse par rapport à 2021. En cause, les incertitudes sur l’évolution de la situation économique ».
Des habitudes d’épargne peu réfléchies
Ce constat va de pair avec la frilosité des comportements d’épargne observés en 2022. 4 Français sur 10 refusent « tout risque sur leurs placements tout en sachant que la rémunération restera faible ». Ainsi, toute tranche d’âge confondue, plus de 80% des Français choisissent les livrets d’épargne pour mettre de l’argent de côté. La hausse des taux d’intérêt de l’épargne réglementée en 2023 devrait conforter ces épargnants dans leurs habitudes.
L’AMF souligne également une baisse des intentions d’investissement en actions. En effet, la moitié des Français ne montre pas d’intérêt envers les placements en actions. Une proportion en hausse par rapport à 2021. Ce manque d’intérêt est en partie dû aux idées reçues qui entourent certains types d’investissement. Pour 2 Français sur 3, « les investissements en actions sont réservés aux personnes averties, ils demandent du temps et sont risqués ». Il semblerait que le manque d’attractivité du rendement des produits soit aussi une cause du désintéressement croissant des épargnants.
Placements financiers : 3 profils type chez les Français
En croisant ces nombreuses données relatives aux habitudes et comportements des épargnants français, l’AMF a tiré plusieurs profils type d’épargnants :
Les « épargnants prudents »
Selon la baromètre 2022 de l’AMF, les « épargnants prudents » représentent 48 % de la population française. Ce sont les personnes qui ne détiennent aucun produit d’épargne non garanti (assurance-vie, PEA, épargne salariale, compte-titres, PER ou SCPI). Dans ce groupe, on peut distinguer un groupe plutôt âgé présentant de l’aversion au risque, mais également des épargnants qui pourraient à l’avenir investir dans des produits non-garantis. Ces derniers sont souvent actifs et peu éduqués aux questions financières et/ou possédent un patrimoine financier restreint.
Les « investisseurs »
Ils représentent, toujours selon l’étude, un peu moins d’un tiers de la population (31 %). Les « investisseurs » possèdent des produits risqués comme des actions, des fonds en direct ou encore des crypto-actifs. Un tiers de ce profil type a moins de 35 ans et est cadre d’entreprise. Ces épargnants se sentent à l’aise avec les notions d’épargne et de placement et possèdent généralement un patrimoine financier important. Contrairement aux « épargnants prudents », ils sont plutôt optimistes quant à l’avenir.
Les « épargnants diversifiant en supports non-garantis »
Ce groupe est plutôt méfiant et ne mise pas tout sur le même cheval. Aussi, il s’agit d’épargnants qui détiennent des placements financiers peu risqués comme les assurances-vies, de la pierre papier ou un PER. Ils possèdent généralement un patrimoine financier assez élevé, mais ont peu d’éducation financière et connaissent mal les produits et placements financiers.
Pour aller plus loin
- Pour approfondir téléchargez le rapport de l’Autorité des Marchés financiers (AMF)
- S’informer en matière de Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Le Revenu