L’inattendue baisse de l’inflation

02/11/2023

Estimé à 2,9 % en octobre, le taux d’inflation annuel en zone euro a suscité la surprise. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis plus de deux ans. Une baisse inespérée avant la prochaine réunion de décision monétaire de la BCE en décembre.

Inflation : niveau le plus bas depuis juillet 2021

Surprise pour le moins inattendue au mois d’octobre : le taux d’inflation est passé sous la barre des 3 %. Si cela peut paraître anecdotique, il faut souligner que ce niveau n’a pas été atteint depuis plus de deux ans. Depuis juillet 2021 pour être précis. C’est bien en dessous des prévisions des analystes qui tablaient sur un taux à 3,1 % pour le mois d’octobre.

Pour rappel, la zone euro affichait une inflation à 10,6 % il y a un an. Ce taux avait poussé la Banque centrale européenne à durcir sa politique monétaire avec 10 hausses de taux consécutives sur douze mois. Une décision inédite et controversée. Toutefois, l’inflation semble ralentir, mais aucun spécialiste ne peut affirmer quel rôle a joué la politique de la BCE dans l’évolution de l’inflation. Cependant, le taux d’inflation affiché pour le mois d’octobre éloigne les craintes d’une spirale inflationniste incontrôlée.

Des secteurs désinflationnistes

Plusieurs facteurs expliquent cette soudaine baisse de l’inflation. Les prix de l’énergie jouent un rôle majeur. Par rapport à octobre 2022, ces derniers ont reculé de 11 %. Comparé au mois dernier, septembre 2023, la baisse enregistrée est de 4,1 %. Toutefois, la poursuite de cette chute reste incertaine. En effet, la situation géopolitique actuelle au Moyen-Orient pourrait provoquer une nouvelle hausse des prix du pétrole et venir renverser la tendance.

Les autres composantes du taux d’inflation enregistrent une baisse moins significative par rapport à septembre 2023, mais bien réelle : -1,3% pour l’alimentation, l’alcool et le tabac ; -0,1 % pour les services, -0,6% pour les biens industriels. La baisse générale des prix s’installe doucement et devrait se poursuivre dans la zone euro. La Belgique et les Pays-Bas enregistrent déjà une inflation négative.

Pas de changement de stratégie pour la BCE

« L’inflation devrait rebondir pour osciller entre 2,7 % et 3,1 % jusqu’au deuxième trimestre 2024 », analysent les économistes d’Axa IM. 3,1 %, c’est le niveau d’inflation que prévoyait la BCE pour l’année 2024. Conclusion, la chute de l’inflation arrive plus tôt que prévu. Les experts de Morgan Stanley envisagent un taux moyen à 2,4 % pour 2024. Mais rien n’est encore gagné et le plus dur semble encore devant.

Selon les analystes, passer de 3 % à 2 % ne sera pas si aisé. La baisse de l’inflation risque d’entraîner une demande de hausse des salaires dans les prochains trimestres afin de compenser la perte de pouvoir d’achat. Or, une hausse des salaires trop importante peut bloquer la baisse rapide de l’inflation vers les 2 %. C’est la crainte de la Banque centrale européenne.

« Notre politique monétaire doit désormais être guidée par la confiance et la patience », a insisté François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France. La BCE, à travers la voix de sa présidente, Christine Lagarde, a véhiculé le même message. Autrement dit, pas de changement de direction dans la politique monétaire. À leur niveau actuel, selon la présidente de la BCE, les taux devraient permettre de retrouver une inflation à 2 % dans la zone euro. Cette annonce signifie qu’il n’y aura pas de nouvelles hausses des taux directeurs, une baisse n’est pas non plus envisagée prochainement. La prochaine réunion de décision monétaire de la BCE, prévue mi-décembre, viendra confirmer ou non cette orientation.

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