Les taux des crédits immobiliers repartent-ils à la hausse ?

15/02/2022

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Faut-il s’inquiéter de la hausse des taux ?

Alors que les courtiers ont reçu les barèmes de leurs banques partenaires pour février, il semblerait que les taux des crédits immobiliers repartent à la hausse. En effet, après avoir atteint un niveau plancher en 2021, les taux enregistreraient une augmentation d’environ 0,10 % par rapport au mois de janvier. Ainsi, selon le courtier Empruntis, un prêt moyen sur 20 ans se négocierait autour de 1,10 %. Soit 10 centimes supplémentaires en un mois. Alors à quoi doit-on cette légère hausse ? Faut-il s’en inquiéter ? Tout ce qu’il faut savoir, dans cet article.

Inflation et hausse des taux directeurs

Selon plusieurs courtiers, cette hausse serait due au contexte inflationniste de ces derniers mois et à l’augmentation de l’OAT (Obligations Assimilables du Trésor) à 10 ans.

En effet, pour contenir l’inflation qui a bondi de 2,90 % sur les douze derniers mois selon l’Insee, les banques centrales ont été obligées d’augmenter leurs taux d’intérêts. En conséquence, après avoir été négatif pendant plusieurs mois, le taux de l’OAT Français à 10 ans a ainsi grimpé à 0,70 % en février.

Cependant, afin de préserver leurs marges et atteindre leurs objectifs commerciaux, elles sont tentées de continuer à proposer des taux de crédits relativement bas pour attirer des nouveaux clients. Elles doivent donc réussir à trouver un équilibre entre cette hausse de leurs coûts de financements et la hausse des taux de crédits aux particuliers.

Revalorisation du Livret A

Cependant, comme l’a expliqué Olivier Lendrevie, président de Cafpi et ancien directeur général adjoint de la BRED, aux Échos, « établir un lien entre l’évolution de l’OAT 10 ans et celle des taux du crédit immobilier est simpliste, car si l’on regarde sur une longue période la corrélation est imparfaite ». Selon lui, cette hausse des taux serait surtout imputable à la crise sanitaire.

Durant cette période, les Français ont énormément épargné. Or, cet argent coûte cher aux banques. « Tous les soirs, les banques doivent redéposer ces liquidités à la Banque centrale européenne, qui fait office de banque des banques et qui taxe actuellement ces dépôts » a-t-il expliqué. Il serait donc plus avantageux, pour les banques, de réallouer cette épargne aux crédits immobiliers.

Selon lui, 80 % de l’argent utilisé par les établissements bancaires pour octroyer des crédits immobiliers proviendrait de l’argent sur les dépôts à vue et les comptes épargne du type Livret A. La revalorisation du Livret A de 0,5 % à 1 % depuis le 1er février pourrait donc expliquer en partie cette légère hausse des taux de crédit immobilier.

Des perspectives rassurantes

Alors que les rendements de l’OAT à 10 ans ont retrouvé les niveaux qui étaient les leur en janvier 2019, de nombreux opérateurs sur les marchés envisagent la fin des politiques ultra-accommodantes des banques centrales et un rebond des taux directeurs. Si l’on ajoute à cela le durcissement des conditions d’octroi des crédits, certains commencent à s’inquiéter.

Mais, la plupart des professionnels se veulent rassurants. Comme l’a indiqué le directeur du Cercle de l’Épargne, Philippe Crevel, dans la lettre de l’Épargne de février : « le durcissement des conditions de crédit n’a pas, pour le moment, provoqué une réelle inversion de la tendance. Il faudrait une importante hausse des taux pour créer un choc et entraîner un retournement du marché. »

De même, les courtiers n’envisagent pas une hausse brutale des taux de crédit immobilier cette année. Ils ne s’attendent qu’à une petite augmentation de 20 à 30 centimes de plus qu’en 2021.

Cela devrait avoir assez peu d’impact sur les capacités d’endettement des ménages et par ricochet sur les prix de l’immobilier.

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