L’Institut Montaigne fait la lumière sur les classes moyennes françaises dans une étude publiée en janvier. Elles représenteraient plus de la moitié des Français et auraient l’impression de contribuer davantage au système de redistribution que d’en bénéficier. Voici ce qu’il faut retenir de l’étude.
Classes moyennes plurielles
Baromètre de la classe politique, les classes moyennes occupent une place particulière dans la société française. Le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, les définit comme « le cœur battant de notre pays ». À trois ans des prochaines élections présidentielles, l’étude publiée par l’Institut Montaigne prend une importance toute particulière. Elle met en lumière la composition de ces classes moyennes.
La première conclusion du rapport du think tank est simple : il n’y a pas de définition unique de la notion de « classes moyennes ». Les critères socio-professionnels, qui sont généralement utilisés pour dresser leur portrait, ne reflètent plus la réalité des classes moyennes. En effet, ces critères excluent les retraités, les chômeurs ou encore les actifs non-salariés, qui, aujourd’hui, appartiennent pourtant à cette catégorie.
Pour tenter de mieux cerner qui sont les classes moyennes, Lisa Thomas-Darbois, auteure de l’étude de l’Institut Montaigne, propose d’utiliser, bien qu’il ne soit pas entièrement satisfaisant non plus, le critère de revenus. Elle affine même sa vision des classes moyennes en les situant « entre les 30 % les plus modestes et les 20 % les plus aisés ». Concrètement, selon cette nouvelle définition, la moitié de la population française de plus de 15 ans appartient à cette catégorie. En 2023, 63 % des Français estimaient appartenir aux classes moyennes.
« Entre les 30 % les plus modestes et les 20 % les plus aisés »
Selon l’étude, et suivant le critère de revenus, les classes moyennes se composeraient de deux catégories :
- une classe moyenne inférieure, aux revenus nets compris entre 1 440 euros et 2.260 euros par mois avant impôt ;
- une classe moyenne supérieure, qui perçoit entre 2 260 euros et 3 100 euros de revenus nets.
« L’analyse par le revenu est un indicateur, mais il n’est plus suffisant », note l’auteure de l’étude. D’autres critères viennent affiner l’analyse de cette catégorie comme le patrimoine immobilier. L’Institut Montaigne ajoute à la liste un critère plus difficilement mesurable le poids du ressenti. Car, selon l’étude, « les classes moyennes se sont construites sur des fondements sociologiques bien définis » qu’il convient de prendre en compte.
L’étude contextualise la notion du poids du ressenti pour mieux l’expliquer. Ainsi, les classes moyennes se sont senties « victimes de leur propre construction sociale et des dépenses contraintes qui en résultent » durant la crise inflationniste. Autrement dit, le sentiment d’injustice est supérieur à la perte réelle de leurs revenus. La conjoncture fait donc ressurgir la peur du déclassement social.
Rouage clé du système de redistribution
Les classes moyennes ont l’impression de contribuer davantage au système de redistribution qu’elles en bénéficient. L’étude confirme cette idée. « La force contributrice des classes moyennes dans le système de redistribution est une réalité ». « Le bénéfice de la redistribution tend à s’annuler au regard des contributions versées », détaille l’étude qui parle de « crise d’illégitimité du système ».
Selon l’Institut Montaigne, les classes moyennes représentent 40 % des foyers fiscaux et 100 milliards d’euros d’impôt direct. La classe politique s’intéresse donc de près aux angoisses et besoins de cette catégorie de la population. Pour compléter son analyse, l’Institut Montaigne propose d’agir sur quatre leviers pour améliorer la situation de cette catégorie :
- Revaloriser les revenus du travail, considérés comme une valeur fondamentale ;
- Revoir la politique du logement pour éviter les effets de seuil dont les classes moyennes sont victimes ;
- Prendre des mesures dans le domaine de l’éducation pour remédier aux inégalités territoriales et relancer l’école comme « ascenseur social » ;
- Intégrer les contraintes de cette catégorie de la population dans le cadre du défi écologique et climatique.
Dans la droite ligne de cette étude, l’Institut Montaigne projette de publier prochainement des propositions concrètes et chiffrées relatives à ces quatre leviers. De quoi donner du grain à moudre aux futurs candidats des élections présidentielles.
Pour aller plus loin :
- Pour approfondir l’étude de l’Institut Montaigne
- S’informer en matière d’Impôt sur le revenu
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos