Au total, les Bourses mondiales auraient déjà perdu plus de 17 000 milliards de dollars depuis le début de l’année. La pire performance enregistrée depuis vingt ans. En effet, face à l’inflation galopante et au risque grandissant de récession, les places financières n’en finissent plus de s’enfoncer dans le rouge. Jeudi 30 juin, le CAC 40 a chuté de 1,8 % sur la séance et a clôturé sous les 6 000 points. Même tendance inquiétante outre-Atlantique. Le S&P 500 s’oriente vers une baisse de plus de 20 % sur le premier semestre 2022. Du jamais-vu depuis plus de 50 ans. Quant au Nasdaq, ses pertes tourneraient autour de 30 % depuis le début de l’année. Plus globalement, l’indice MSCI ACWI ; qui regroupe l’ensemble des marchés boursiers mondiaux ; devrait aussi sombrer à plus de 20 %. Sa pire chute depuis 20 ans.
Pas de répit en vue
Le risque de récession plane de plus en plus sur les marchés financiers.
Effectivement, le pic d’inflation se fait toujours attendre en Europe. Au mois de juin, en France, la hausse des prix s’est encore accélérée, atteignant 5,8 % sur un an. Ce qui laisse peu de répit aux banquiers centraux, bien décidés à endiguer cette inflation.
Aux États-Unis, pour contrôler l’inflation, la Fed pourrait également ralentir l’économie plus que nécessaire. Mais pour Jerome Powell, le gouverneur de la Réserve fédérale, « la plus grande erreur serait de ne pas réussir à rétablir la stabilité des prix ».
En effet, les marchés ont intégré la remontée des taux d’intérêt. Mais, ils doivent encore s’adapter au ralentissement économique et à l’impact que celui-ci va avoir sur les perspectives bénéficiaires des entreprises. Car, comme l’a rappelé le Comité européen du risque systémique (ESRB), malgré leurs pertes record, les Bourses mondiales peuvent baisser davantage.
Le risque d’une chute brutale et générale des prix
Les valorisations actuelles des actions ont fait émerger des hypothèses optimistes. Ces dernières prévoiraient, d’une part que « l’impact de la guerre sur les perspectives de croissance mondiale sera globalement contenu ». Et, d’autre part, que « les banques centrales seront en mesure de ramener progressivement les taux d’inflation à leurs objectifs à moyen terme ». Or, comme l’a rapporté le Comité européen du risque systémique (ESRB), « le risque d’une chute brutale et générale des prix des actifs demeure ».
Les ménages – dont les dépenses alimentaires, énergétiques et d’hébergements représentent une part croissante de leurs revenus – sont d’ailleurs de plus en plus inquiets. De ce fait, aux États-Unis, une attention particulière est portée sur les ménages et leurs capacités à résister à la hausse des prix. En mai, leurs dépenses ont chuté pour la première fois. Quant aux chiffres des mois précédents, ils ont finalement été revus à la baisse.
Les craintes des investisseurs
Par ailleurs, en Europe, les investisseurs doivent également s’adapter au risque d’un embargo russe sur les livraisons de gaz. Selon Catherine Garrigues, d’AllianzGI, « les marchés boursiers européens méritent une prime de risque supplémentaire à cause de la dépendance énergétique du Vieux Continent ».
D’autant que les craintes des investisseurs ont rejailli sur le marché du crédit. Associé aux obligations d’entreprises relativement mal notées, la mesure du risque a atteint un niveau jamais vu, depuis la panique provoquée par les confinements de mars 2020.
Enfin, face à la crainte de récession, les investisseurs se sont tournés vers des placements financiers jugés plus sûrs. Les obligations souveraines. Ainsi, le rendement à 10 ans de la dette française est repassé sous la barre des 2 %.
Pour aller plus loin :
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