L’annonce d’une bonification par Suravenir confirme la tendance des assureurs. Ces derniers veulent attirer l’épargne des Français pour retrouver une collecte nette positive sur leurs fonds en euros. Analyse d’un changement de paradigme dans l’univers de l’assurance-vie.
Bonification : opération séduction sur les fonds en euros ?
Alors qu’ils jugeaient les fonds en euros trop coûteux et se tournaient uniquement vers les unités de compte, il y a deux ans, le vent a tourné. Les assureurs se tournent vers les fonds en euros pour attirer l’épargne des Français. En effet, avec le livret A, l’assurance-vie en fonds euros restent les valeurs sures de l’épargnant. Pour séduire, les assureurs se sont lancés dans la surenchère à la bonification. Suravenir a annoncé une majoration de 2 % du rendement 2023 et 2024 du fonds Opportunités 2. Autrement dit, le rendement de base initialement à 2,10 % devrait passer à 4,10 %.
« Ce n’est pas mal par rapport à un Livret A à 3 % », se félicite Philippe Jeanjean, directeur commercial de Suravenir. L’intention est claire : concurrencer les taux attractifs des livrets d’épargne réglementés. Mais attention, à l’effet d’annonce. Cette bonification ne s’applique qu’aux versements réalisés entre le 1er septembre 2023 et le 31 octobre 2023. De plus, ils doivent être supérieurs à 5 000 euros et être composés a minima de 50 % d’unités de compte, dont le capital n’est pas garanti.
Changement de stratégie pour les fonds en euros
Le recours à la bonification n’est pas l’exclusivité de la filiale du Crédit Mutuel Arkéa. Swisslife, Cardif, Generali ou encore Apicil ont également annoncé l’application de bonus sur leurs fonds euros. À chaque fois, le même scénario est appliqué. La bonification est soumise à conditions. « C’est un vrai changement de paradigme. Les fonds en euros reviennent en tête de gondole », analyse Philippe Jeanjean.
Cette nouvelle stratégie de relance des fonds euros ne se limite pas à attirer les épargnants. L’idée derrière la bonification est de retrouver une collecte nette positive. De cette manière, les assureurs espèrent pouvoir réinvestir des titres plus rémunérateurs et ainsi concurrencer durablement le livret A. Actuellement, les obligations qui composent les fonds en euros mettent les assureurs en difficulté. En somme, avec la bonification, les assureurs jouent leur va-tout. L’objectif est simple : remettre l’assurance-vie au cœur de la stratégie d’épargne des Français.
Contrer la décollecte des fonds en euros
Mais, à travers cette stratégie, les assureurs cherchent aussi à sortir de l’impasse. En effet, les Français se désintéressent des fonds en euros et vont même jusqu’à retirer leur épargne. Selon les chiffres récoltés fin juillet 2023 de France Assureurs, depuis le début de l’année, les sorties sur les contrats d’assurance-vie ont augmenté de 19 % par rapport à la même période en 2022 et les fonds en euros ont accusé une décollecte de 17,8 milliards d’euros.
Suravenir a vu sa collecte chuter de 50 % depuis le début de l’année. « Ces offres à taux promotionnels visent à amortir les sorties sur les fonds en euros », explique Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures. Les assureurs se voient donc obligés de faire la promotion des fonds en euros malgré eux. « C’est une année un peu plus difficile du fait de la hausse des sorties, mais qui reste maîtrisable », constate Philippe Jeanjean.
Pour aller plus loin :
- Pour suivre l’évolution de la collecte en assurance-vie
- S’informer en matière d’Assurance-vie
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos