L’indicateur de confiance des ménages, publié le 28 juin, reste bas. Les Français continuent de mettre de l’argent de côté, au détriment de la consommation. Un comportement qui met à mal la croissance du pays, essentiellement basée sur la consommation des ménages. Explications.
Les Français, champions européens de l’épargne
Après la pandémie de Covid-19, on pourrait penser que les Français ont retrouvé confiance en l’avenir. Que nenni. Si l’indice, publié par l’Insee en juin dernier, note une légère hausse (+2 points), le niveau général reste bien inférieur à sa moyenne de longue période. Il faut dire que la dégradation du contexte économique et social, la guerre en Ukraine et l’inflation ne peuvent que pousser les ménages à augmenter leur épargne de précaution.
Les Français restent donc fidèles à leur réputation de fourmis au sein de l’Europe. Selon la Banque de France, au premier trimestre 2023, le taux d’épargne des ménages représentait 18,3% de leur revenu disponible. Un niveau record depuis les années 1980 (années de pandémie mises à part). Ce taux est en hausse de 3 points par rapport à 2019, avant l’irruption du Covid. « Le taux de chômage est bas, les rendements réels de placement comme le Livret A sont négatifs et les valeurs d’actifs sont élevées : cela aurait dû concourir à un retour progressif à la normale du taux d’épargne », explique Mathieu Plane économiste à l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures économiques). Malgré une amélioration du pouvoir d’achat, l’Insee prévoit un taux d’épargne à 18% et une croissance atone pour la seconde moitié de l’année.
L’impact sur la croissance
En se serrant la ceinture, les Français sont précautionneux… Au détriment de la croissance du pays. Selon l’Insee, les dépenses des ménages reculeraient de 0,2% en 2023. Ce niveau n’avait pas été atteint depuis 2012. Or, en France, la consommation des ménages représente plus de la moitié du PIB. L’Insee note qu’une baisse du taux d’épargne « serait de nature à soutenir la consommation ». « Pour cela, il faudra que les Français retrouvent confiance dans l’avenir », observe Mathieu Plane.
Le scénario présenté par l’Institut de la statistique n’est pas aussi pessimiste. Il ne prévoit pas de chute de la consommation des ménages, mais un timide redémarrage (+0,2% au troisième et au quatrième trimestres 2023), grâce notamment à la hausse des salaires et au ralentissement de l’inflation. Toutefois, les économistes savent qu’un retour à un taux d’épargne de 15% est peu probable.
Disparités au sein des épargnants
Philippe Crevel, fondateur du Cercle de l’Epargne, pointe les facteurs structurels qui constituent une des causes de la hausse du taux d’épargne des ménages. Parmi eux, il cite notamment le coût élevé du remboursement du capital des emprunts immobiliers, représentant plus de la moitié du taux d’épargne, mais aussi le vieillissement de la population. « Le poids des plus de 45 ans au sein de la population augmente : or ces tranches d’âge sont celles qui préparent financièrement leur retraite en épargnant ». En effet, la récente réforme des retraites a, probablement, joué un rôle dans le rapport des Français à l’épargne.
Il ne faut pas oublier que le taux de 18%, publié par l’Insee, est un taux moyen qui cache des disparités. « Les 20% des Français les plus modestes qui avaient peu épargné ont été contraints de puiser dans leur cagnotte pour faire face à la hausse des prix », analyse Philippe Crevel. À contrario, les foyers les plus aisés détiennent l’essentiel de l’épargne financière et continuent de l’accroître. Les économistes mettent en garde contre une épargne qui pourrait se transformer en capital créant davantage d’inégalités entre les ménages.
Pour aller plus loin :
- Retrouver la publication de l’Insee
- S’informer en matière d’Epargne
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos