Depuis le début de l’année, les rendements européens enregistrent des hausses impressionnantes. En Italie, le taux à 10 ans a doublé en trois mois pour atteindre 1,13 % mi-mai. En France, il est repassé en positif et a même dépassé 0,30 %. Une tendance qui se profile également en Allemagne puisque ce taux à 10 ans est à peine à 12 points de re-basculer lui aussi en territoire positif. Enfin, c’est la Hongrie qui affiche la plus forte progression avec 40 points en une semaine. Son taux a 10 ans a ainsi atteint les 3,15 %. Si dans un premier temps ces hausses spectaculaires des taux européens étaient liées aux craintes de surchauffe de l’économie américaine, l’explication ne serait plus la même aujourd’hui.
Des craintes liées à l’inflation
En effet, malgré des chiffres d’inflation élevés, la tendance s’est inversée pour les taux américains qui sont redescendus à 1,60 %. Mais en Europe, la hausse des taux a poursuivi sa progression. Cette tendance s’expliquerait par le fait que les investisseurs craignent que les banques centrales, suite à la hausse de l’inflation, décident de réduire leur aide à l’économie.
Prenons l’exemple de la Hongrie. En un an, les prix à la consommation ont augmenté de 5,1 %. Un record européen qui doit conduire la banque centrale hongroise à relever son taux directeur et réduire ses achats d’actifs dès le mois de juin.
Qu’en est-il de la Banque centrale européenne ?
La question qui est sur toutes les lèvres est : La Banque centrale européenne pourrait-elle suivre l’exemple de la Hongrie ?
Bien que les chiffres de l’inflation dans la zone euro soient encore en dessous des objectifs de la BCE et que cette dernière pense que cette hausse des taux ne va pas durer, les investisseurs restent inquiets. Effectivement, plusieurs membres du Conseil des gouverneurs de la BCE auraient suggéré de réduire les achats d’actifs dans le cadre de son programme d’urgence pandémie (PEPP). De quoi faire trembler les marchés.
Conséquences, l’écart des taux entre les pays européens s’est aussitôt creusé. Il a atteint 123,65 points de base entre l’Italie et l’Allemagne.
Le risque est désormais que cette situation devienne incontrôlable et que les taux réels se mettent eux aussi à augmenter fortement. La BCE ne serait alors plus en mesure de soutenir l’économie et la politique budgétaire européenne.
De nouvelles prévisions à venir
Le 10 juin prochain, une réunion doit avoir lieu. De nouvelles prévisions économiques devraient y être présentées et la BCE devra décider de la suite du PEPP. Selon plusieurs experts, même si la Banque centrale européenne est dans une situation délicate, elle ne devrait pas réduire ses achats d’actifs en juin. Il serait plus judicieux d’attendre septembre et d’observer comment les marchés réagissent cet été.
Pour aller plus loin :
- Découvrir les missions de la BCE
- S’informer sur les marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos