La décision de la BCE bouleverse les marchés

17/12/2022

Les marchés boursiers ont réagi à la décision de la banque centrale européenne (BCE) de relever ses taux directeurs. Résultat, les places boursières européennes ont enregistré leur pire séance. Loin d’être une surprise, la hausse de 50 points de base a surtout été présentée comme le début d’une longue série. Une décision qui vient chambouler la Bourse.

Les indices boursiers enregistrent leur plus forte chute de l’année

Les indices boursiers ont chuté après l’annonce de la BCE.

Le verdict est tombé. Les taux directeurs de la zone euro ont été revus à la hausse d’un demi-point. Le taux de dépôt est donc porté à 2 % et celui de la facilité de refinancement (le « refi ») à 2,5 %. Dès jeudi 15 décembre, les marchés boursiers ont accusé le coup avec des indices en chute libre. Ainsi, le CAC 40 a enregistré sa pire séance depuis 9 mois (-3,09 %). Idem pour le DAX, principal indice boursier allemand, qui a affiché les pires résultats de ces six derniers mois (-3,28 %). L’indice large européen Stoxx 600 a corrigé de 2,9 %.

Même réaction outre Atlantique après la décision de la BCE : le Dow Jones a reculé de 2,25 %, le S&P500 de 2,49 % et le Nasdaq de 3,23 %. Wall Street avait déjà cédé du terrain suite à l’annonce de la Réserve fédérale. Le taux des « Fed funds » a, lui aussi, été relevé d’un demi-point. Il se situe désormais entre 4,25 % et 4,5 %. La décision des banques centrales de poursuivre la relève des taux n’a rien d’une surprise. Les spécialistes avaient prédit cette décision qui s’inscrit dans la politique de resserrement monétaire déjà initiée depuis plusieurs mois. En effet, les marchés étaient plutôt confiants et avaient initié une reprise en octobre et novembre. Au vu d’un léger ralentissement de l’inflation (-0,06 % le mois dernier), ils tablaient sur un desserrement de la politique monétaire.

La détermination de la banque centrale à l’origine de la réaction

Si les places boursières ont piqué du nez suite aux annonces des banques centrales, ce n’est pas tant en réaction à la hausse des taux, mais plutôt au ton agressif de la BCE et à sa détermination à poursuivre la hausse en 2023. « Nous ne faisons pas demi-tour, nous ne vacillons pas, nous faisons preuve de résilience et de détermination », a martelé Christine Lagarde, présidente de la BCE. Le message est donc clair. La hausse des taux va se poursuivre. Pourtant, les taux directeurs ont déjà grimpé de 200 points de base ces six derniers mois, du jamais-vu depuis la création de la Banque centrale européenne.

La BCE joue cartes sur table et annonce dès maintenant la couleur, au risque de provoquer une forte réaction des marchés. Christine Lagarde a ajouté que « les taux d’intérêt devront encore augmenter sensiblement à un rythme soutenu ». Ainsi, en février, une nouvelle hausse d’un demi-point est d’ores et déjà envisagée. À cela, deux autres hausses de 50 points de base pourraient venir s’ajouter, notent les stratégistes de marché d’Aurel BGC.

2023 : poursuite de la hausse des taux en perspective

Les spécialistes se sont donc rendus malgré eux à l’évidence : les taux vont continuer leur ascension en 2023. La flambée de l’inflation dans la zone euro est la principale raison de cette politique intransigeante. De plus, les dernières prévisions macroéconomiques de la banque centrale ont été revues à la hausse. Selon ses estimations, l’inflation devrait être à 6,3 % en 2023 et ne pas descendre en dessous de 2,4 % d’ici 2025. « La BCE prévoit que la croissance de la zone euro sera de 0,5 % en 2023 et de 1,9 % en 2024. Ces chiffres sont beaucoup plus optimistes que nos propres prévisions de croissance », souligne Carsten Brzeski chez ING.

À la lumière de ces éléments, l’inquiétude manifestée sur les places boursières tombe comme une évidence. Les analystes ont également réévalué leurs estimations pour les années à venir. Pour la première fois, les évaluations du taux « terminal » de la BCE ont dépassé les 3 %.

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