La BCE va relever ses taux directeurs

10/06/2022

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La BCE va relever ses taux directeurs

Finis l’argent facile et pas cher. À l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs, délocalisée à Amsterdam, jeudi 9 juin, la Banque centrale européenne (BCE) a confirmé qu’elle mettait fin à son programme d’achat d’actifs, mis en place en 2015. Elle a également annoncé qu’elle planifiait une hausse de ses taux directeurs pour les mois de juillet et septembre prochains. Une première depuis plus de dix ans.

La fin de l’APP

Le programme d’achat d’actifs de la Banque centrale européenne avait été mis en place en 2015. Plus connu sous le nom d’APP (Asset Purchase Programme), il avait pour but de lutter contre le risque de déflation. Or, en période de forte hausse des prix, il n’a plus de raison d’être.

En effet, l’inflation en zone euro a atteint 8,1 % sur un an au mois de mai. Et les prévisions de la BCE, prévoient que celle-ci n’est pas prête de s’arrêter. Elle devrait encore atteindre 6,8 % en 2022, avant de ralentir à 3,5 % en 2023, puis à 2,1 % en 2024.

« Nous devons tenir le cap et être déterminés à contenir l’inflation », a confirmé Christine Lagarde, la présidente de la banque centrale. Pour cela, la BCE va mettre fin à ses achats nets de titres de dette d’États et d’entreprises le 1er juillet prochain.

Cette annonce était toutefois plus ou moins attendue. Effectivement, après avoir injecté 40 milliards d’euros dans le marché obligataire en janvier, la BCE avait évoqué, en février, son intention de mettre fin à son programme d’achat d’actifs. En juin, elle n’avait d’ailleurs injecté que 20 milliards d’euros.

Le marché obligataire va donc devoir réapprendre à vivre sans le soutien de la BCE.

Les taux directeurs repartent à la hausse

Mais ce n’est pas tout. La fin de l’APP va s’accompagner d’une augmentation des taux directeurs. Une première depuis 2011.

En effet, la Banque centrale européenne a également annoncé qu’elle allait procéder à une première hausse de ses taux directeurs, de 25 points de base, au mois de juillet. Et ce ne serait qu’un début. Comme l’a déclaré Christine Lagarde, « il ne s’agit pas seulement d’une marche franchie, mais d’un voyage au long cours durant lequel la BCE relèvera ses taux autant qu’il faudra pour ramener l’inflation là où son mandat la contraint ».

Ainsi, une deuxième hausse devrait avoir lieu en septembre. Et selon les spécialistes, celle-ci pourrait être plus importante. Effectivement, la présidente de la BCE a affirmé que selon les perspectives d’inflation à moyen terme, la Banque centrale européenne était prête à frapper plus fort par la suite.

Les marchés s’inquiètent

Les marchés spéculeraient d’ailleurs sur des hausses de 135 points de base d’ici la fin de l’année. Ou sur une augmentation des taux directeurs à chacune des quatre réunions du Conseil des gouverneurs d’ici décembre.

Pour l’heure, Christine Lagarde n’a pas donné plus de précisions sur la mise en œuvre du durcissement de sa politique monétaire. Elle a seulement déclaré que « si cela s’avère nécessaire, comme nous l’avons amplement démontré dans le passé, nous déploierons les instruments existants ou de nouveaux instruments. Nous sommes engagés – engagés ! – à transmettre correctement notre politique monétaire ».

Des déclarations qui n’ont pas permis de rassurer les marchés qui craignent une « fragmentation » de la zone euro. C’est-à-dire une augmentation des écarts de coûts d’emprunts entre les différents pays, ce qui conduirait à une nouvelle crise de l’euro.

Le taux à 10 ans italien a ainsi progressé de 25 points de base, contre 9 pour son équivalent allemand. L’écart entre les deux a, de ce fait, atteint 218 points de base. Du jamais-vu depuis plus de deux ans. Concernant le taux français à 10 ans, il a lui progressé de près de 13 points de base. Pour la première fois depuis plus de huit ans, il a dépassé les 2 %.

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