La Banque centrale européenne réduit son soutien monétaire

10/09/2021

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La Banque centrale européenne réduit son soutien monétaire

Le Conseil des gouverneurs, le principal organe de décision de la Banque centrale européenne, s’est réuni jeudi 9 septembre, à Francfort. L’occasion pour ses membres d’évoquer l’avenir de la politique monétaire dans la zone euro pour l’après-pandémie de Covid-19. Si Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a reporté à la fin de l’année toute décision, elle a tout de même annoncé une légère réduction de son soutien à l’économie.

Un recalibrage du PEPP

Le Programme d’urgence pandémie de rachats d’actifs (PEPP) a été lancé, par la Banque centrale européenne, en mars 2020 en réaction à la crise économique causée par la pandémie de Covid-19. Ce programme temporaire était doté d’une enveloppe de 1 850 milliards d’euros. Depuis sa mise en place, plus de la moitié de cette enveloppe a déjà été dépensé, à un rythme d’environ 80 milliards d’euros par mois. Alors que ce PEPP doit prendre fin en mars 2022, la Banque centrale européenne commencerait à préparer le terrain. Effectivement, jeudi dernier, le Conseil des gouverneurs a décidé, à l’unanimité, de poursuivre ses achats de dettes, mais à un « rythme modérément plus faible », a annoncé Christine Lagarde.

Une décision prise au vu du rebond de l’économie européenne observé ces derniers mois. Selon la BCE, il devrait lui permettre de « dépasser son niveau d’avant pandémie à la fin de l’année ».
Ce qui laisserait présager une forte croissance au troisième trimestre pour la zone euro. La BCE a notamment revu ses prévisions de croissance du PIB à la hausse. 5 % pour cette année et 4,6 % pour l’an prochain.

Toutefois, l’heure n’est pas encore à une sortie totale de la politique d’assouplissement monétaire. Les marchés n’attendent pas une hausse des taux européens avant fin 2023. « Il reste du chemin à faire avant que les dégâts de la crise ne soient réparés » a déclaré la présidente de la Banque centrale européenne. « La reprise a été soutenue par la politique monétaire et budgétaire, cela doit continuer » a-t-elle ensuite ajouté.

Le point sensible de l’inflation

Au mois d’août, l’inflation a bondi dans la zone euro. Dépassant l’objectif de 2 % de la BCE, elle atteint 3 %. Et cette hausse ne devrait pas s’arrêter là. Selon les membres du Conseil des gouverneurs, elle devrait « continuer à augmenter légèrement cet automne, avant de refluer l’année prochaine ». Les économistes prévoient ainsi une hausse de 2,2 % cette année, puis de 1,7 % en 2022.

Pour la BCE, cette inflation serait « largement temporaire ». Bien que les gens aient ressenti la hausse des prix dans de nombreux pays de la zone euro, la situation devrait « s’atténuer dans le temps ». Un avis que tout le monde ne partage pas. En effet, pour certains, la persistance de goulots d’étranglements industriels et de pénuries de matières premières pourraient contrecarrer ces prévisions. Tout comme une éventuelle augmentation des salaires pour pallier la hausse des prix. Cet automne, la Banque centrale européenne devrait donc garder un œil sur les négociations salariales dans plusieurs pays. De même, si le chômage a diminué ces derniers temps, on dénombre encore 2 millions de chômeurs plus qu’avant la pandémie.

Autant de points qui restent en suspens quant à l’avenir de l’économie européenne pour les mois à venir. Christine Lagarde a donc décidé de reporter toutes décisions sur ces sujets en décembre. Si d’ici là la situation continue a s’améliorer, un retrait graduel des rachats de dettes pourra alors être mis en place. En revanche, si les incertitudes persistent, les soutiens à l’économie pourront être maintenus.

Pour aller plus loin

  • Retrouver l’article d’origine sur Le Figaro