Hausse des taux : vers un rythme de croisière ?

03/06/2023

Le combat contre l’inflation se poursuit, mais la Banque centrale européenne (BCE) se montre optimiste. La hausse des taux devrait ralentir dans les prochains mois. Le point sur la politique monétaire européenne.

Politique monétaire : des résultats en bonne voie

« Au départ, l’avion doit monter fortement et accélérer rapidement. Mais à mesure qu’il se rapproche de son altitude cible, il peut réduire l’accélération et conserver sa vitesse actuelle ». C’est la métaphore qu’a choisie Christine Lagarde, présidente de la BCE pour expliquer l’évolution des taux directeurs. La bonne nouvelle serait que la politique monétaire approche de son « altitude de croisière ».

Bien que l’inflation commence à reculer dans la zone euro, l’objectif des 2 % d’inflation est loin d’être atteint. Autrement dit, le desserrement de la politique monétaire n’est pas pour demain. Toutefois, il se pourrait que les taux directeurs atteignent un plateau et se stabilisent pour le prochain semestre. « Nous continuerons d’avancer, avec détermination et sans découragement, jusqu’à ce que nous voyions l’inflation revenir à notre cible à moyen terme de 2 % en temps opportun », a précisé la présidente de la BCE.

Des hausses de taux à venir avant la stagnation

L’inflation globale a certes diminué grâce à un tassement des prix de l’énergie, mais rien n’indique que le pic d’inflation (hors énergie et denrées alimentaires) a finalement été atteint. Selon les données d’Eurostat, l’inflation est descendue à 6,1 % au mois de mai, contre 10,6 % en octobre dernier. Elle reste bien au-dessus de l’objectif fixé des 2 % par la BCE. Pour arriver à ce résultat, la BCE a procédé à 7 hausses des taux d’intérêt en 9 mois, soit une hausse cumulée de 3,75 points de pourcentage.

Toutefois, malgré un discours optimiste, deux nouvelles hausses sont prévues en juin et juillet, de 25 points de base chacune. Selon les dernières prévisions de la BCE, le retour à 2 % d’inflation n’aura pas lieu avant le second semestre 2025. Soit dans deux ans.

Des avis divergents

Sur la suite à donner à la politique monétaire, Christine Lagarde a été claire. Le cap sera maintenu le temps nécessaire jusqu’à juguler l’inflation. Aux États-Unis, en revanche, la Fed envisage d’ores et déjà une pause dans la hausse des taux directeurs, malgré l’inflation élevée. Une pause « permettrait au comité d’observer plus de données avant de prendre des décisions sur l’ampleur » des hausses à venir, a affirmé Philip Jefferson, un des responsables de la banque centrale américaine. Les spécialistes estiment qu’après une dizaine de hausses consécutives des taux depuis mars 2022, il est nécessaire de prendre le temps afin d’observer les effets de cette politique sur la consommation et les prix.

« Nous devons arriver à un point où nous avons une politique où nous pensons qu’elle est restrictive, et je pense que nous sommes proches, sinon à ce point, en ce moment. Et donc je pense que nous pouvons prendre un peu de temps », a ajouté Patrick Harker, président de la Fed de Philadelphie. Une pause dans la hausse des taux est donc probable dès le mois de juin outre Atlantique. Pour les responsables américains, un resserrement trop fort de la politique monétaire peut faire glisser l’économie dans une phase de récession. Aux États-Unis, la nécessité de maintenir la croissance est donc une priorité officielle. En Europe, où l’économie est déjà officiellement en récession, atteindre 2 % d’inflation reste l’objectif principal, quitte à rehausser encore les taux.

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