Faillite bancaire : les banques centrales au secours du système financier

17/03/2023

En quelques semaines, les banques centrales sont venues au secours de quatre banques menacées de faillite bancaire. Après la faillite de la Silicon Valley Bank, la banque centrale suisse a pris des mesures d’urgence pour le Crédit Suisse. Une situation qui fait ressurgir le spectre de la crise financière de 2008.

Pour éviter la faillite bancaire, les banques centrales interviennent.

La Banque Nationale Suisse au chevet du Crédit Suisse

Il n’y a pas de fumée sans feu. Quelques jours après l’épisode de la faillite bancaire de la Silicon Valley Bank, la Banque Nationale Suisse (BNS) a joué les pompiers cherchant à éteindre le début d’incendie. Mercredi 15 mars, la banque suisse Crédit Suisse s’est effondrée. Ses primes sur les CDS (Credit Default Swap), instrument de couverture pour se prémunir du risque de défaut, ont perdu 24 % en une journée. De quoi ébranler les marchés financiers. Pour calmer l’angoisse et éviter la propagation du phénomène, la BNS est intervenue. Dans un communiqué publié, l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a assuré quelle était prête à fournir des liquidités au Crédit Suisse.

L’occasion est trop belle pour le Crédit Suisse. La banque active l’option lui permettant d’emprunter auprès de la BNS jusqu’à 50 milliards de francs suisses. La manœuvre est efficace. L’action gagne 20 % à la Bourse de Zurich dès le 16 mars. Dimanche, la banque centrale américaine a, elle aussi, annoncé l’introduction d’une facilité de prêt pour permettre aux banques fragiles d’honorer les demandes de retrait de leurs clients. Une mesure appelée « quantitative easing », assouplissement quantitatif. Et, pour ce faire, les actifs apportés en garantie par les banques centrales ne seront pas valorisés au prix du marché, mais à leur valeur nominale.

Faillite bancaire : effet domino enclenché ?

Aucun établissement de la zone euro n’a, pour le moment, annoncé des problèmes de liquidités. Cependant, la banque Centrale européenne (BCE) surveille de près la situation. Car le Crédit Suisse fait partie des 30 banques considérées, au niveau mondial, comme « too big to fail ». Autrement dit, ces banques sont trop grosses pour qu’on les laisse faire faillite. Il s’agit aussi de la quatrième banque à bénéficier d’une intervention d’une banque centrale après la Silicon Valley Bank, la Signature Bank et la First Repubic Bank.

Jusqu’à présent, il s’agissait uniquement de petites banques américaines peu connues du grand public. Aujourd’hui, la situation de la banque suisse rappelle le scénario de faillite bancaire de 2008. Quatre établissements bancaires de taille moyenne ont entraîné dans leur chute plusieurs grandes banques. L’effet domino possède un goût de déjà-vu qui agite les marchés financiers. « Il s’agit d’apporter des liquidités à des établissements à court terme le temps que l’horizon financier s’améliore et que les banques puissent se refinancer à nouveau dans des conditions normales sur le marché », explique Louis Harreau, économiste en charge du suivi de la Banque centrale européenne, chez Crédit Agricole CIB.  » On peut par ailleurs supposer que ce faible risque pour le contribuable est inférieur au coût qu’aurait provoqué l’absence d’intervention de ces banques centrales ».

« Il n’y a aucun risque parce qu’il n’y a aucun mécanisme de contagion possible entre les événements que nous constatons et les banques françaises », a renchéri le président de la Fédération bancaire française, Philippe Brassac, au micro de France Inter. « Les banques françaises sont très solides du fait de la régulation », a-t-il ajouté.

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