Crédit immobilier : vers une hausse des taux d’intérêt ?

16/11/2021

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Crédit immobilier : vers une hausse des taux d’intérêt ?

Alors que les taux d’intérêt des crédits immobiliers affichent des niveaux historiquement bas depuis plusieurs années, la tendance pourrait commencer à s’inverser. En effet, même si elle est encore très faible, plusieurs courtiers auraient commencé à observer une hausse des taux d’emprunt en novembre. Cette dernière serait comprise entre 0,05 points et 0,25 points selon les établissements bancaires et concernerait tous les profils emprunteurs, sur l’ensemble des durées de prêt. Une tendance qui s’expliquerait notamment par la hausse de l’inflation et la remontée des taux obligataires à dix ans (OAT), mais pas seulement.

Des taux qui devraient rester encore relativement stables

Selon plusieurs professionnels, les taux de l’OAT à 10 ans auraient peu de conséquences sur les taux d’intérêt appliqués par les banques. Selon Pierre Chapon, le président du spécialiste du courtage Pretto, « les tensions sur les marchés et l’inflation n’avaient jusque-là pas impacté les taux immobiliers, car les banques disposaient de niveaux très élevés de liquidités issus de l’épargne exceptionnelle des ménages ». Mais avec la reprise économique, le niveau de ces liquidités revient à la normale, faisant renaître le lien entre les marchés et les taux d’emprunt.

De plus, comme l’a précisé Olivier Lendrevie, le président de Cafpi, certaines banques, qui avaient déjà atteint leurs objectifs commerciaux, auraient profité de la remontée des taux de l’OAT et de l’inflation pour reconstituer leurs marges. Ces dernières ayant considérablement diminué ces derniers temps.

Mais rien n’est encore sûr en ce qui concerne la hausse des taux des crédits immobiliers. En effet, tout va dépendre comment la Banque centrale européenne va gérer l’inflation. Pour l’heure, le fait que la BCE temporise sa politique monétaire accommodante, permet aux taux d’emprunts de rester plutôt stables.

Une hausse qui devrait être temporaire

Cependant, selon plusieurs professionnels, les taux d’intérêt des crédits immobiliers ne devraient pas réaugmenter de façon significative. En effet, en raison de la crise liée au Covid, les Français ont fortement épargné ces derniers temps. Or, selon Olivier Lendrevie, « lorsque ces dépôts ne sont pas rapidement redéployés en crédit, les banques n’ont d’autre choix que de redéposer les excédents à la BCE qui sont actuellement rémunérés à des taux négatifs. Ce qui engendre pour elles une perte sèche. » Pour éviter cela, les banques ont donc tout intérêt à octroyer des crédits.

De plus, même si plusieurs banques ont augmenté leurs taux d’intérêt au mois de novembre, cela ne signifie pas que c’est la fin des « taux bas ». D’après Julie Bachet, directrice générale de VousFinancer, il faut attendre de voir si ces hausses vont perdurer. Effectivement, elles pourraient n’intervenir qu’en cette fin d’année, « à un moment où les banques ont encore beaucoup de dossiers à traiter dont certains seront même comptabilisés pour 2022 ».

Et pas d’inquiétude pour les personnes qui avaient un projet immobilier. Certaines banques n’ayant pas encore atteint leurs objectifs commerciaux, il reste donc certaines marges de négociation.

Faciliter la résiliation de l’assurance-emprunteur

Si les taux d’intérêt des crédits immobiliers sont encore relativement bas, le coût de l’assurance de prêt n’a cessé d’augmenter ces derniers mois. Pourtant, plusieurs lois ont été mises en place pour inciter les emprunteurs à faire jouer la concurrence. La loi Lagarde en 2010, la loi Hamon en 2014 et l’amendement Bourquin en 2018.

Malgré tout, cela serait plus simple à dire qu’à faire. Si les banques ont revu les tarifs de leur assurance, certaines pratiques ne permettraient pas à leurs clients de choisir librement. « 9 prêts sur 10 sont toujours assurés par l’assurance de la banque du prêt et l’accès à la concurrence est encore réservé plutôt aux catégories moyennes ou CSP + » a expliqué Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux.com.

Mais les choses seraient en train de bouger. Une proposition serait à l’étude au Parlement afin de permettre la résiliation d’un contrat d’assurance-emprunteur, à tout moment après la première année de souscription et sans aucun frais. Dans le même esprit, le Crédit Mutuel, aurait annoncé la suppression du questionnaire santé pour ses clients les plus fidèles pour l’achat de leur résidence principale.

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