Le bilan 2022 est plutôt positif pour la Bourse de Paris, et plus généralement pour les bourses européennes. Malgré un contexte chaotique, l’économie européenne a résisté à la tempête. Conséquence, l’indice CAC 40 a chuté de seulement 8% sur 2022 et les profits des grandes entreprises restent au plus haut.
La Bourse de Paris tire son épingle du jeu
Personne n’y croyait, même les analystes les plus aguerris se sont fait surprendre. La Bourse de Paris a tenu, malgré les secousses qui ont marqué le contexte économique et géopolitique de 2022. En effet, l’inflation galopante, la remontée brutale des taux d’intérêt et la guerre en Ukraine n’ont pas eu les effets escomptés sur l’indice CAC 40. L’effondrement des indices tant redouté a été évité. Après avoir atteint son point le plus bas, le 29 septembre dernier, le CAC 40 a rebondi de 15 points et termine l’année avec une chute de seulement 8%.
Si la résistance de la Bourse de Paris étonne autant, c’est que la tendance est tout autre outre-Atlantique. L’indice S&P 500 a reculé de 20% et le Nasdaq accuse également une forte baisse (-33%). Alors que Wall Street est chahuté, les places boursières européennes ont réussi à « sauver les meubles ». Ainsi, les bourses de Madrid et Francfort enregistrent des baisses raisonnables, -4% et -12% respectivement. Londres réussit même la prouesse du bilan positif. La City enregistre une légère progression sur l’année (+1,7%). En dépit de ces fluctuations, les indices européens sont toujours en progression par rapport aux pics prépandémiques.
Des marchés européens maintenus par les grandes entreprises internationales
La bonne résistance des indices européens trouve son explication dans la stratégie d’anticipation adoptée par les grandes entreprises cotées en Bourse. En effet, les prix ont suivi les coûts, créant un bouclier protecteur contre les effets de l’inflation. De ce fait, les marges ont été préservées. Les chiffres d’affaires publiés au dernier trimestre ont confirmé le dynamisme des grandes sociétés internationales amorcé en début d’année. Pour rappel, sur le premier semestre 2022, les profits des entreprises du CAC 40 ont dépassé les 72 milliards d’euros, en hausse de 26% par rapport au premier semestre 2021.
Il faut dire que le contexte actuel profite à certaines sociétés cotées en Bourse. La crise énergétique a ainsi permis à TotalEnergies de réaliser des profits historiques (17 milliards d’euros sur les 9 premiers mois de l’année). Alors que la guerre en Ukraine persiste, les valeurs de la défense suscitent l’intérêt des investisseurs. Thalès a connu un bond de 60% en Bourse. Safran suit le même chemin avec + 10%. La Bourse de Paris, à l’instar des autres places européennes, a donc été soutenue par quelques multinationales des secteurs d’activité qui ont le vent en poupe.
« Il s’agit de grandes franchises internationales, très exportatrices », qui ont profité de la baisse de l’euro face au dollar, analyse Catherine Garrigues d’AllianzGI. Des entreprises qui ont su surfer la vague et limiter les dégâts. Ainsi, le leader mondial du luxe, LVMH, et son concurrent, Hermès, terminent l’année avec de légères baisses, mais enregistrent des profits records. Même les grands industriels français tels que Legrand, Saint-Gobain et Schneider Electric suivent le même schéma.
Décrochage des valorisations et résistance des profits
Si les grosses pointures ont su résister à la tempête qui s’annonçait, les petites et moyennes valeurs ont davantage subi le contexte économique national. En effet, dépendant essentiellement de la demande du marché européen, elles essuient les conséquences de l’inflation. L’indice CAC Mid & Small a perdu 13% cette année, et le MDAX allemand a, quant à lui, chuté de près de 30%. La hausse des taux d’intérêt orchestrée par la BCE a poussé les investisseurs à revoir à la baisse la valeur de leurs profits futurs, ce qui a causé un décrochage des valorisations. Cette phase typique des périodes de resserrement monétaire se manifeste par une chute du ratio entre les bénéfices attendus et le cours du CAC 40.
Pour certains experts, le bilan mitigé de l’année 2022 ne suffit pas à éloigner l’ombre de la crise économique qui plane au-dessus de l’Europe. Les économistes et les banques centrales prédisent une période de récession pour 2023. Une donnée qui impacterait fortement les indices boursiers. Toutefois, les analystes, eux, restent optimistes et tablent sur une nouvelle hausse des profits. « La récession qui se profile ayant été la plus facile à prévoir de ces cinquante dernières années, les marchés boursiers pourraient très bien l’avoir intégrée plus tôt que d’habitude », explique Vincent Juvyns de JPMorgan. Chute ou maintien en 2023 ? Il ne reste plus qu’à surveiller les indices boursiers pour le savoir.
Pour aller plus loin
- Pour en savoir plus sur l’indice CAC 40
- S’informer en matière de Marchés financiers
- Retrouver l’article d’origine sur Les Echos