Bourse : 9 risques qui pourraient changer la donne en 2024

10/01/2024

L’optimisme général qui règne depuis le début de l’année sur les marchés financiers rassure les investisseurs. Si les indicateurs sont en bonne voie par rapport à 2023, il ne faut pas crier victoire trop vite. L’environnement reste incertain. Un petit grain de sable pourrait vite enrayer la machine boursière. Voici les principaux risques qui planent sur les marchés financiers cette année.

L’évolution de l’inflation comme indicateur clé

Sans surprise, l’inflation reste cette année l’indicateur à suivre pour éviter les mauvaises surprises. Contrairement à 2023, les investisseurs cherchent les signes de relâchement des banques centrales. En effet, le ralentissement marqué des prix en fin d’année a été interprété comme un premier pas vers la fin de la hausse des taux directeurs. Les experts vont même jusqu’à envisager six ou sept allégements de la politique monétaire en 2024. Sans confirmer ces spéculations, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale ont laissé entendre qu’une hausse n’aurait pas lieu avant l’été. Le risque réside essentiellement dans ces hypothèses. Les prix actuels des actifs reposent sur la croyance qu’un assouplissement est à venir. Si ce dernier ne fait pas son apparition ou si l’inflation repart à la hausse, les valorisations seraient chamboulées.

La trajectoire des « Sept Magnifiques »

Les performances plus que satisfaisantes des marchés boursiers en 2023 sont le résultat de quelques-uns. À savoir sept valeurs cotées, que les médias américains surnomment les « Sept Magnifiques » : Nvidia, Microsoft, Apple, Amazon, Google, Meta et Tesla. Avec une capitalisation de plus de 10 000 milliards de dollars, elles dominent Wall Street et pèsent plus que l’ensemble des sociétés cotées en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne et en Italie. Autant dire que si ces sociétés venaient à montrer des signes de faiblesse, toutes les bourses seraient impactées. L’enjeu est grand pour les « Sept Magnifiques » qui doivent, cette année, justifier cette valorisation élevée et continuer de séduire les investisseurs malgré l’incertitude ambiante.

L’hypothétique emballement du prix du pétrole

Les tensions au Moyen-Orient et l’interminable guerre en Ukraine laissent planer le risque d’une nouvelle flambée des prix du pétrole brut. Pour le moment, la menace semble lointaine. Les investisseurs envisagent, pour 2024, un prix en dessous de 100 dollars le baril, car ils parient que la demande devrait ralentir du fait de la récession. Morgan Stanley estime la croissance de la demande à 1,2 million de barils par jour, soit presque moitié moins qu’en 2023. Selon les experts, l’offre hors OPEP est suffisante pour couvrir les besoins. Ce sont donc les éventuelles mesures prises par l’OPEP qui pourraient faire évoluer le cours boursier de l’or noir.

La dégradation de l’environnement économique mondial

« Les experts sont connus pour leur incapacité à anticiper les récessions », assure Stefan Hofrichter, le chef économiste Allianz GI au quotidien Les Echos. Il y aurait donc un biais d’optimisme dans les prévisions annoncées pour 2024. Le discours rassurant des stratèges et experts repose sur une éventuelle amélioration de l’environnement économique aux États-Unis et en Europe. Mais Wilfrid Galand, de Montpensier Finance, assure que « La situation économique américaine est plus fragile qu’on ne le pense ». Il en va de même en Europe où le risque de récession est loin d’être écarté. Virginie Maisonneuve, directrice mondiale des investissements actions chez Allianz GI prédit, pour Les Echos, que de nombreuses « entreprises zombies » vont disparaître dans les prochains mois. Ces entreprises fragiles bénéficient de financements bon marché. Le coût de l’argent n’étant plus le même aujourd’hui, les marchés de la dette « high yield » et des actions sur lesquels évoluent ces entreprises pourraient être secoués.

La hausse du coût de financement pour les États

Pour rappel, en octobre 2023, les coûts d’emprunt ont atteint des records. Le taux américain à 10 ans a dépassé les 5 % tandis que le taux français avoisinait les 3,5 %. La récente amélioration des conditions de financement est aussi l’une des raisons de l’optimisme ambiant de ce début 2024. Toutefois, l’époque des taux extrêmement bas ou négatifs est bien loin. Or, les programmes de financement des États ne se sont pas adaptés au nouveau contexte. Certains ont même augmenté. Ainsi, la France vient de lancer un programme de financement à 285 milliards d’euros, le plus important de son histoire. Pour l’ensemble de la zone euro, le montant visé est 1 240 milliards d’euros. La barre est donc élevée au moment où la Banque centrale européenne va mettre fin à ses achats d’obligations.

La récession chinoise

Lorsqu’il s’agit des marchés financiers, les investisseurs regardent spontanément vers Wall Street et les bourses européennes, mais il ne faut pas oublier que l’état de santé financier de la Chine impacte aussi les cours. Or, la Chine n’est pas épargnée. Une crise immobilière et une reprise économique post-Covid en demi-teinte sont à l’origine de la chute de la bourse chinoise ces dernières années. Malgré sa position de deuxième économie mondiale, la Chine espère ne pas subir une nouvelle dégradation. Ce scénario achèverait de plonger la pays en récession et impacterait directement les exportations européennes ainsi que les cours des matières premières industrielles. Les spécialistes restent, cependant, confiants sur les capacités des autorités chinoises à maintenir le cap.

L’issue des élections dans de nombreux pays

L’année 2024 est aussi synonyme d’élections décisives dans plusieurs pays. Taïwan a été le premier à ouvrir le bal de successions d’évènements politiques le 13 janvier dernier. La population indienne sera aussi appelée à choisir son chef d’État. Les élections européennes devraient, quant à elles, confirmer ou non la montée des eurosceptiques. Rappelons que chaque scrutin est vecteur de volatilité sur les marchés. Mais l’élection présidentielle américaine prévue en novembre prochain sera assurément celle qui impactera le plus durablement les places boursières. Les pronostics annoncent un affrontement Joe Biden / Donald Trump. La question du plafond de la dette et de la réduction du déficit public seront assurément à l’ordre du jour. De quoi créer des secousses dans tous les secteurs de l’économie et, par conséquent, sur les cours.

Les difficultés du fret mondial

La riposte des États-Unis et de la Grande-Bretagne contre les rebelles Houtis au niveau du canal de Suez pourrait compliquer l’approvisionnement du commerce mondial. Point stratégique du passage, le canal de Suez est désormais évité par les compagnies de fret maritime qui préfèrent contourner l’Afrique. D’après le FMI, le trafic sur le canal de Suez a chuté de plus de 28 % en dix jours. Le prix du fret entre les ports asiatiques et européens a, quant à lui, plus que doublé. Côté Pacifique, la sécheresse du canal du Panama a contraint les autorités panaméennes à restreindre les passages. Conséquence, le prix du créneau de passage a flambé. Cette situation n’est pas sans impacter la chaîne commerciale et économique et donc les valeurs en bourse.

L’éventuel flop du bitcoin

Les spéculations vont bon train sur la prochaine apparition d’un produit financier cryptomonnaie grand public. La Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme américain des marchés des ETF, pourrait approuver le bitcoin. Une hypothèse qui a boosté le cours de la reine des cryptomonnaies de 150 % en 2023. Mais rien ne dit que la SEC va rendre le bitcoin plus accessible. Et si finalement ce scénario se concrétisait, il reste à voir si les investisseurs se laissent séduire par ces nouveaux ETF. Ainsi, si la SEC fait marche arrière ou si le succès du bitcoin n’est pas au rendez-vous sur les marchés, le cours pourrait chuter subitement.

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