BCE : une hausse inédite des taux directeurs

22/07/2022

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BCE : une hausse inédite des taux directeurs

Comme l’a déclaré Christine Lagarde, « C’est un jour historique ». Jeudi 21 juillet, la Banque centrale européenne (BCE) a pris la décision de relever ses taux directeurs de 50 points de base. Soit la plus forte hausse depuis la création de l’euro, il y a 22 ans. Ainsi, à compter du 27 juillet, les taux de dépôt, de facilité de refinancement et de facilité de prêt marginale passeront respectivement à 0 %, 0,50 % et 0,75 %. Avec ce premier tour de vis monétaire depuis onze ans, la BCE sort de l’ère des taux négatifs et emprunte enfin la même direction que ses grandes homologues. À l’instar de la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre, qui ont déjà entamé la normalisation de leur politique monétaire en relevant leurs taux directeurs au printemps. La BCE a également déjà annoncé une nouvelle hausse pour septembre 2022.

Une surprise bien accueillie

Même si la BCE avait déjà annoncé qu’elle prévoyait de remonter ses taux directeurs en juillet, cette décision a créé la surprise sur les marchés. La raison ? Le contexte particulier engendré par la démission du Premier ministre italien et prédécesseur de Christine Lagarde à tête de la BCE, Mario Draghi, le 21 juillet. En effet, cette annonce a aussitôt fait décoller le taux d’emprunt italien.

Cependant, malgré la surprise et le fait que cette hausse des taux directeurs soit plus forte que prévue – la BCE avait évoqué une hausse de 25 points en juin dernier – elle semble avoir été plutôt bien acceptée. Christine Lagarde l’a notamment justifiée par la flambée de l’inflation qui a atteint 8,6 % en juin sur un an. Selon la présidente de la BCE, cette décision a été « unanime face à une inflation qui restera à un niveau élevé indésirable pendant un certain temps ».

Finis le pilotage des anticipations de marché

En prenant cette décision « surprise », la BCE a mis fin à son engagement de prévisibilité et de progressivité de resserrement de ses taux directeurs. Ce qui marque la fin de la « forward guidance ». Soit le pilotage des anticipations de marché. Un de ses principaux outils de politique monétaire. Désormais, les décisions concernant la hausse de ses taux seront prises en fonction des dernières données, lors de chaque réunion.

Toutefois, Christine Lagarde a tenu à préciser que cette accélération de la hausse des taux directeurs ne signifiait pas que la BCE cherchait à atteindre des taux directeurs plus élevés à la fin du processus. Samy Chaar, économiste en chef de Lombard Odier a expliqué au Échos, « nous pensons que la BCE portera les taux d’intérêt juste au-dessus de 1 %, pour atteindre un taux terminal de 1,25 % que nous considérons plus ou moins comme neutre ».

Un nouvel outil pour lutter contre les spreads

Cette décision, de relever directement ses taux directeurs de 50 points de base, a aussi amener le Conseil des gouverneurs à valider à l’unanimité la création d’un nouveau dispositif anti-fragmentation, baptisé Transmission protection instrument (Instrument de protection de la transmission). Afin d’éloigner la menace d’une nouvelle crise des dettes souveraines, ce dernier doit permettre d’éviter que des écarts trop importants des coûts de financement, les spreads, se créent entre les États de la zone euro.

Le Conseil des gouverneurs doit encore déterminer l’éligibilité des pays à ce nouvel outil. Mais Christine Lagarde aurait assuré que « la BCE ne prend pas position sur des questions politiques internes ». Sans citer l’Italie, la présidente de la BCE aurait également affirmé que « si nous devons l’utiliser, nous n’hésiterons pas. La BCE est capable de faire les choses en grand ».

Ce qui sonne comme un avertissement pour l’Italie. En effet, le spread entre l’Allemagne et l’Italie a bondi jusqu’à 246,5 points après l’annonce de la démission de Mario Draghi. Ce qui se rapproche des 252 points de base qui avaient conduit le Conseil des gouverneurs à se réunir en urgence, en juin dernier.

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