Avec le durcissement de la politique monétaire des banques centrales, provoquée par la montée en flèche de l’inflation, on assiste, depuis plusieurs semaines, à une remontée des taux d’intérêt. Mais cette dernière pourrait chambouler le secteur de l’assurance-vie, en engendrant un rachat massif par les assurés de leurs contrats. Or, les autorités de supervision se sont montrées rassurantes. Dans son rapport sur l’évaluation des risques financiers, publié jeudi 30 juin, la Banque de France a notamment expliqué que les assureurs étaient en mesure de faire face à un tel scénario et que les épargnants n’avaient pas à s’inquiéter.
Le risque de rachat massif
Cette remontée des taux d’intérêt était fortement attendue par les acteurs du secteur financier. Elle doit leur permettre d’améliorer le rendement de leurs placements financiers et donc de mieux rémunérer les épargnants en assurance-vie.
Toutefois, comme l’a reconnu la Banque de France, « si les taux devaient remonter brusquement, les assureurs auraient des difficultés à suivre cette hausse et offrir aux clients des rendements orientés à la hausse dans la même proportion en raison de l’inertie de leur portefeuille ». Effectivement, ce dernier est essentiellement composé d’obligations à long terme. Et plus particulièrement d’obligations d’État. À cause des faibles taux d’intérêt de ces dernières années, celles-ci offrent des rendements assez bas. Si les assureurs venaient à céder ces obligations avant leur maturité, ils subiraient des moins-values.
Mais, en ne proposant pas des rendements évoluant au même rythme que les taux d’intérêt, les assureurs pourraient voir leurs épargnants retirer l’argent qu’ils ont placé sur leurs contrats d’assurance-vie. Comme l’a expliqué la Banque de France, « les assureurs pourraient se retrouver confrontés au risque du rachat massif par les assurés de leurs contrats et à la concurrence de nouveaux acteurs entrants sur le marché à ce moment-là ».
De quoi faire face
Mais, la Banque de France a également tenu à relativiser ce risque de rachat massif des contrats. Pour l’heure, ce dernier ne serait « pas encore matérialisé et la situation de liquidité des assureurs est suffisamment solide pour y faire face » a précisé l’institution dans son rapport.
De plus, toujours selon la Banque de France, les assureurs disposent de provisions dans lesquelles ils peuvent puiser pour revaloriser le rendement de leurs contrats. Le montant de ces provisions s’élèverait à 5,1 % des encours détenus par les assurés fin 2020. Ce qui représenterait plus de trois ans de revalorisation.
Enfin, les assureurs aussi se veulent rassurants. France Assureurs, l’organisme de représentation professionnelle des entreprises d’assurance en France, a même salué cette remontée des taux d’intérêt. Après des années de taux bas, voire négatifs, elle marque enfin un retour à la normale.
Quant au rythme de remontée de taux, « il existe des mécanismes qui permettent d’absorber les chocs » a expliqué Franck Levallois, le directeur général de France Assureurs. Sans compter que, peu importe ses composantes (unités de compte ou fonds en euros), l’assurance-vie reste l’un des placements préféré des Français. Pour preuve, depuis le début de l’année, l’assurance-vie a enregistré une collecte nette de 12,4 milliards d’euros. Dont 1,9 milliard juste pour le mois de mai.
Pour aller plus loin :
- Consulter le rapport de la Banque de France sur l’évolution des risques du système financier français
- S’informer en matière d’Assurance-vie
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos