Agirc-Arrco : une revalorisation des pensions limitée à 1 %

15/10/2021

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Agirc-Arrco : une revalorisation des pensions limitée à 1 %

À compter du 1er novembre, les retraites complémentaires versées par l’Agirc-Arrco aux 13 millions de retraités du privé n’augmenteront que de 1 %. Et non de 1,5 %, comme l’avait prévu le dernier taux prévisionnel d’inflation fourni par l’INSEE. La décision est tombée à l’issue du conseil d’administration des gestionnaires du régime, qui s’est tenu le 7 octobre dernier. Cette revalorisation des pensions est un coup dur pour les retraités qui vont subir un nouveau manque à gagner. En cause, les effets de la crise sanitaire et ses conséquences économiques. À noter que depuis 10 ans, les anciens salariés du privé ont enregistré une progression de leurs pensions complémentaires, deux fois plus faible que l’inflation.

L’équilibre du régime Agirc-Arrco remis en cause par la crise sanitaire

La crise sanitaire a fortement impacté les régimes de retraite complémentaire. En effet, en raison du recours au chômage partiel, les cotisations qui approvisionnent les caisses ont considérablement diminuées. Et l’Agirc-Arrco ne fait pas exception. Après avoir connu une situation excédentaire en 2019, son résultat global a été déficitaire de 4,1 milliards d’euros en 2020. Une situation exceptionnelle qui a remis en cause la trajectoire d’équilibre du régime.

En conséquence, les partenaires sociaux qui gèrent le régime de retraite complémentaire, ont décidé de revoir à la baisse la revalorisation des pensions. Ainsi, à partir du 1er novembre, ces dernières vont être revalorisées en dessous du niveau de l’inflation. La valeur du point Agirc-Arrco va passer de 1,2714 euros (pour 2019 et 2020) à 1,2841 euros.

« Compte-tenu de la situation dégradée des comptes du régime Agirc-Arrco et du contexte économique
exceptionnel, le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco a décidé d’appliquer un écart de 0,5 point inférieur au dernier taux prévisionnel d’inflation fourni par l’INSEE, soit 1,5 % »
ont ainsi déclaré les gestionnaires du régime lors du dernier conseil d’administration.

Une augmentation des prestations de 850 millions d’euros

Chaque année, les pensions de retraite complémentaire sont revalorisées en fonction de la hausse des prix hors tabac sur douze mois glissants, de novembre à novembre. Et, c’est un accord national interprofessionnel, datant du 10 mai 2019, qui fixe les règles de fonctionnement du régime pour les 4 années à venir. Il prévoit notamment de maintenir en permanence sur 15 ans, un niveau de réserves pour le régime au moins égal à six mois de versement de pensions.

Or, en raison de la situation exceptionnelle, les partenaires sociaux ont signé un avenant en juillet 2021. Ce dernier accorde au conseil d’administration une marge de manœuvre plus importante (+/- 0,5 point) que celle prévue initialement (+/-0,2 point) pour déterminer l’évolution des pensions de retraite complémentaires par rapport à l’indice des prix à la consommation.

Ainsi, l’INSEE ayant finalement annoncé, le 6 octobre, une hausse des prix à la consommation de 1,5 %, les pensions de retraite de l’Agirc-Arrco n’augmenteront, au 1er novembre, que de 1 %.

« Les partenaires sociaux de l’Agirc-Arrco gèrent le régime dans la durée en veillant à une juste répartition entre l’effort demandé aux actifs et aux entreprises, et le niveau de pouvoir d’achat des retraités. Avec prudence et responsabilité, ils ont décidé d’augmenter le montant total des prestations de 850 millions d’euros tout en veillant à l’équilibre du régime sur le long terme » a commenté Didier Weckner, le président de l’Agirc-Arrco.

Un manque à gagner de 4 % sur 10 ans

Depuis 2011, les retraités du privé ont subi plusieurs sous-revalorisations de leurs pensions complémentaires. Le cumul de ces sous-revalorisations aurait entraîné, sur 10 ans, un manque à gagner de 4 % sur leurs retraites complémentaires. La part de ces dernières représentant jusqu’à 60 % du montant des pensions des retraités, cette nouvelle revalorisation revue à la baisse est un coup dur.

Les trois syndicats, FO, CGT et CFE-CGC, non-signataires de l’accord de 2019, auraient pu le dénoncer en faisant valoir leur droit d’opposition. Mais seule la CFE-CGC l’a fait. « On est aussi la seule organisation qui a demandé une hausse de 1,2 %. Personne ne nous a suivis ! » a affirmé Pierre Roger, le négociateur CFE-CGC au Parisien.

Les deux autres syndicats auraient préféré jouer la prudence. Comme l’a expliqué Yves Veyrier, le négociateur FO, « il y a un risque juridique si l’on dénonce cet accord : que les retraités se retrouvent avec zéro augmentation ! ».

Si l’inflation venait finalement à être supérieure à 1,5 % en 2021, « un rattrapage automatique » sera prévu. Mais celui-ci n’interviendra que lors de la prochaine revalorisation, en novembre 2022.

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