La France conserve sa note « AA- » malgré le risque d’« instabilité politique »

02/12/2024

L’agence Standard & Poor’s a maintenu la note de la France à « AA-« . Malgré la dette budgétaire, elle considère que la France doit parvenir à consolider ses finances publiques. Toutefois, S&P reste attentive à « l’instabilité politique » qui pourrait changer la donne.

La note maintenue par S&P

Un cadeau de Noël avant l’heure pour le gouvernement. L’agence de notation S&P a maintenu la note de la dette française au même niveau. La France conserve donc son « AA-« . « La France demeure une économie équilibrée, ouverte, riche et diversifiée, avec un large bassin d’épargne privée », a précisé l’agence. « Malgré l’incertitude politique actuelle, nous nous attendons à ce que la France respecte – avec du retard – le schéma budgétaire européen et consolide progressivement ses finances publiques à moyen terme ». En octobre, les agences Fitch et Moody’s ont également choisi de maintenir leur note, respectivement AA- et Aa2. Une évaluation qui rassure sans réconforter.

En mai dernier, l’agence américain S&P avait modifié la note de la France du statut « AA » à « AA-« , avec une perspective stable. Cette dégradation avait été justifiée par le dérapage du déficit observé en 2023 (5,5 % du PIB) s’éloignant ainsi de l’objectif de 3 % pour 2027. Mauvaise nouvelle, en 2024, le déficit public a encore une fois dérapé (6,1% du PIB). La dégradation est donc une possible réalité pour la France.

La menace de l’incertitude politique

Si rien n’est acquis, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a salué la décision de S&P : « En maintenant la note de la France, Standard and Poor’s témoigne du crédit accordé au gouvernement pour réduire le déficit et redresser nos finances publiques. L’agence de notation souligne toutefois le risque associé à l’incertitude politique qui viendrait remettre en cause cette trajectoire ». Car les débats sans fin et la menace de censure qui entourent le vote du budget 2025 au Parlement préoccupent les agences de notation. S&P a souligné cette difficulté qui pèse dans la balance : « la fragmentation politique grandissante complique la politique budgétaire – en particulier en retardant l’adoption d’un budget 2025 crédible. Toutefois, notre scénario de référence est que les autorités françaises parviennent à une consolidation budgétaire légèrement inférieure à 1 % du PIB l’an prochain ».

L’agence américaine est allée plus loin en menaçant de « baisser la note de la France si le gouvernement est incapable de réduire ses larges déficits budgétaires ou si la croissance tombe en dessous de nos prévisions sur une période prolongée ». Le ton est donc donné. La menace de censure, couplée à un recours à l’article 49.3, pour l’adoption du budget de la Sécurité sociale vient ébranler l’un des critères majeurs des agences de notation : la stabilité et la prédictibilité des institutions et des politiques mises en œuvre.

Les conséquences d’une dégradation

Le projet de loi de finances prévoit de ramener le déficit budgétaire à 5 % du PIB grâce à un effort de 60 milliards d’euros. Dans ses prévisions, validées par la Commission européenne, le gouvernement envisage une croissance de la dette jusqu’en 2027, avec un pic à 116,5 %, avant une décrue. Toutefois, les multiples concessions que l’exécutif fait, dans l’optique de faire adopter le PLF et le budget de la Sécurité sociale, pourraient retarder le recouvrement budgétaire nécessaire pour maintenir la note actuelle.

Sur les marchés, le jugement envers la France est plus sévère. Désormais, le taux de l’obligation à 10 ans de la France évolue au même niveau que celui de la Grèce. Le « spread » par rapport à l’Allemagne est inédit depuis 2012 : 83 points. « Tant que la France reste dans la catégorie double A (AA), la notation risque de ne pas avoir beaucoup de conséquences. Ce qui serait inquiétant, c’est la marche suivante, où l’on passerait au simple A », signale François Ecalle, ancien magistrat financier et fondateur du site spécialisé Fipeco. Une telle dégradation de la note pourrait décourager les investisseurs.

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