Assurance-vie : une hausse des rendements des fonds en euros à plusieurs vitesses

27/07/2024

Pour la deuxième année consécutive, les rendements des fonds en euros sont revalorisés. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) publie une analyse des rendements servis en 2023 par 123 organismes et relève des « écarts de taux de revalorisation entre les contrats ».

Fonds en euros : deuxième année de hausse

Après 30 ans de baisse des rendements des fonds en euros, les supports les plus sécurisés de l’assurance-vie retrouvent des couleurs. La dernière analyse de l’ACPR, publié le 23 juillet dernier, note un rendement à 2,60 % en moyenne, pour 2023. Une hausse des taux pour la deuxième année consécutive, soit +69 points de base pour les contrats individuels et +38 points de base pour les contrats collectifs. L’étude pointe, cependant, une hétérogénéité des rendements au sein des 123 compagnies d’assurances étudiées.

Les revalorisations observées ont été permises grâce à la reprise partielle de la provision pour participation aux bénéfices. Au titre de 2023, « 50 % des encours ont un taux de revalorisation compris entre 2,2 % et 3 % ». Cet écart s’explique par les différences de stratégies adoptées, du type de clientèle et de l’ancienneté des contrats en fonds en euros.

Rendements : certaines mutuelles se démarquent

Contre toute attente, ce sont les mutuelles du Code de la mutualité, dont La France Mutualiste (3,70 %) et Garance (3,50 %), qui se sont démarquées avec la plus forte revalorisation. « Les mutuelles capitalisent leurs résultats, ce qui conduit à des fonds propres plus élevés, donc une capacité accrue à avoir davantage d’actifs de diversification dans leurs fonds en euros », explique Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures pour le quotidien Les Echos. Pour rappel, les mutuelles ne versent pas de dividendes.

En 2023, ces petits acteurs du marché ne représentent que 2 % des encours. Leur actif est composé d’actions et d’immobilier acquis de longue date qui sont plus rémunérateurs que les vieilles obligations généralement détenues. C’est une des raisons d’un taux de revalorisation supérieur à la moyenne.

Des tentatives pour juguler la décollecte

L’ACPR note aussi la progression des filiales de banques (communément appelées la bancassurance). Ces acteurs concentrent 60 % des encours en fonds en euros. Pour la deuxième année consécutive, la bancassurance offre des taux au-dessus de la moyenne. Présentant généralement des rendements moins attrayants que les autres assureurs ils ont, pour maintenir le cap, puisé dans les provisions pour participation aux bénéfices (PPB).

La faible rémunération des fonds en euros a entraîné une forte décollecte ces dernières années. Pour juguler ce phénomène, les assureurs dits traditionnels (hors bancassurance), qui regroupent les mutuelles du Code des assurances et les assureurs, comme AXA et Allianz, cherchent à afficher des rémunérations attrayantes. Cependant, en 2023, ces derniers restent en retrait avec un taux à 2,50 %, mais ont moins puisé dans leurs réserves que les bancassureurs. Leur PPB représente seulement 3,6 % des encours de leurs fonds en euros contre 5,6 % en moyenne pour les banques, selon l’ACPR.

Quelques compagnies d’assurance déjouent les analyses globales. C’est le cas de la MACSF, mutuelle du milieu médical, qui a affiché un taux à 3,10 %, le meilleur du marché. À l’inverse, l’association Afer est restée en retrait avec un taux à 2,2 %, faute de PPB suffisant.

Les experts envisagent un retournement pour 2024 qui conduirait à une chute des rendements autour de 2,65 %, voire 2,5 %. Ces pronostics s’appuient sur deux facteurs : la performance plus faible des investissements des assureurs et une concurrence moindre des produits d’épargne réglementée qui pourraient également accuser une baisse de leur taux au 1er février 2025.

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