Lancé par la BPifrance, le nouveau fonds, destiné à financer l’industrie de la défense, sera bientôt disponible. Voici ce qu’il faut savoir avant de souscrire.

Qu’est-ce que le nouveau fonds BPifrance dédié à la défense ?
L’épargne des Français, le nouveau nerf de la guerre pour réarmer la France ? Si le gouvernement ne le dit pas ouvertement, BPifrance, banque publique d’investissement, agit en ce sens avec le lancement d’un nouveau fonds permettant aux épargnants français d’investir dans le secteur de la défense. Le ministre de l’Économie a annoncé un objectif de 450 millions d’euros d’encours pour ce nouveau véhicule financier hors normes.
Concrètement, pour investir dans ce fonds, les épargnants doivent au minimum débourser 500 euros (montant du ticket d’entrée). Ils deviendront alors actionnaires indirects d’entreprises du secteur de la défense. L’encours de ce fonds « défense » sera investi dans des PME et ETI, prenant ainsi la forme d’un fonds non-coté sans échéance de durée de vie prédéfinie. Autrement dit, il s’agit d’un fonds de type private equity.
L’autorité des marchés financiers (AMF) a, d’ores et déjà, lancé la procédure accélérée pour l’agrément des fonds d’investissement dédiés à la défense, à l’occasion du lancement du fonds de BPifrance. Le top départ est donc donné pour les sociétés de gestion de portefeuille. Ces dernières peuvent désormais créer de nouveaux fonds pour investir dans les entreprises de la BITD (Base Industrielle et Technologique de Défense). Leurs demandes seront alors traitées en priorité par l’AMF et bénéficieront d’un accompagnement renforcé pour accélérer le lancement de ces nouveaux fonds. Objectif : financer le réarmement de la France.
Les modalités floues du fonds « défense »
Comment investir dans un fonds « défense » ? Le gouvernement a assuré que ces fonds seront accessibles « via les produits d’assurance-vie ou en direct ». Un moyen efficace de flécher l’épargne des Français vers la nouvelle priorité du gouvernement. « En pouvant loger ces fonds dans l’assurance-vie, l’industrie de la défense accède ainsi au premier placement des ménages dont l’encours a dépassé 2.000 milliards d’euros en janvier 2025. Les assurés sont de plus en plus prompts à investir en unités de compte, ces dernières années. Ces unités de compte ont représenté 40 % de la collecte de l’assurance vie en 2024, les 60 % restant étant dévolus aux fonds en euros », analyse le directeur du Cercle de l’épargne, Philippe Crevel.
Bien que l’investissement soit présenté comme un acte « volontaire » de la part des épargnants, la loi industrie verte impose un minimum de fonds non-cotés au sein des contrats d’assurance-vie et de PER en gestion pilotée. Ainsi, le fonds « défense » peut capter plus d’encours que les simples investissements volontaires des épargnants. En effet, un contrat avec gestion sous mandat peut offrir un levier supplémentaire pour les compagnies d’assurances. Autre biais de gestion, la possibilité d’insérer des parts de fonds « défense » dans les fonds en euros d’un contrat d’assurance-vie. Le fonds BPifrance, quant à lui, est disponible via un compte-titres, en direct.
Le Ministre de l’Économie a affirmé qu’une période de blocage de l’épargne durant 5 ans est appliquée à l’entrée. Une contrainte à prendre en compte avant de souscrire. D’autant que ce placement ne sera pas aussi liquide que des actions cotées.
Un placement qui rapporte ?
Quels intérêts pour les épargnants en contrepartie de l' »effort de guerre » fourni ? Pour le moment, le ministère de l’Économie et BPifrance ont assuré que ce fonds n’ouvrira pas droit à un avantage fiscal spécifique à l’achat de parts. Quant à la fiscalité appliquée, celle-ci dépendra de l’enveloppe dans laquelle le fonds « Défense » est inséré (fiscalité de l’assurance-vie ou du PER selon les cas).
Côté performances, il est, pour le moment, difficile d’estimer les rendements de ces nouveaux fonds. Chez BPifrance, on avance que le produit étant en phase de lancement, les informations précises à ce sujet ne sont pas encore disponibles. Le directeur général de Meilleurtaux Placement estime que « pour un fond de type « evergreen », les rendements sont souvent compris entre 6 et 10 % annuels ». Malgré le manque d’informations, plusieurs annonces de lancement de nouveaux fonds ont déjà été faites par des sociétés de gestion privée.
Pour aller plus loin :
- Lire la note publiée par le Gouvernement
- S’informer en matière d’Épargne
- Retrouver l’article d’origine sur Les Échos