Assurance chômage : la réforme pourrait faire 1,2 million de perdants

08/11/2020

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Assurance chômage : la réforme pourrait faire 1,2 million de perdants

Si l’exécutif a décidé de repousser la réforme de l’assurance chômage, décidée en 2019, de janvier à avril 2021, il ne compte pas l’abandonner. Cependant, selon une note de l’Unédic, présentée le 4 novembre, si cette réforme s’appliquait sans aucune modification en avril 2021, un grand nombre de personnes pourraient être perdantes. Pour essayer d’en limiter l’impact, cette réforme fait actuellement l’objet d’une concertation avec les partenaires sociaux.

Que prévoit la réforme de l’assurance chômage ?

La réforme de l’assurance chômage prévoit trois grandes modifications :

  • Le durcissement des conditions d’ouverture et de recharge des droits. Alors qu’auparavant il fallait avoir travaillé quatre mois au cours des 28 derniers mois pour ouvrir des droits, il faut désormais avoir travaillé six mois sur les 24 derniers.
  • La modification du calcul du salaire journalier de référence (SJR) à partir duquel sont calculées les indemnités chômage. Jusqu’à aujourd’hui, on ne tenait compte que des seuls jours travaillés par le demandeur d’emploi. Mais la réforme prévoit également de prendre en compte les périodes d’inactivités. Cela entraînerait donc automatiquement une diminution du montant des allocations chômage.
  • La dégressivité des allocations pour les plus hauts revenus.

Les personnes qui alternent les contrats de courte durée et les période de chômage seraient donc les plus impactées.

1,2 millions de personnes concernées

Si cette réforme s’appliquait en l’état, l’Unédic prévoit que 1,2 million de personnes pourraient voir, la première année, l’ouverture de leurs droits retardée ou leurs indemnisations baisser.
Pour arriver à ce chiffre, l’association a mis à jour ses chiffrages en tenant compte de trois effets de la crise :

  • Une hausse des entrées en indemnisation du fait des fins de CDD et des licenciements économiques à venir.
  • Une diminution de la reprise d’activité de courte durée en cours d’indemnisation, qui a pour conséquence une moindre affiliation lors d’une éventuelle nouvelle ouverture de droits.
  • Un ralentissement des sorties vers l’emploi durable.

Dans le détail, 470 000 demandeurs d’emploi verraient l’ouverture de leurs droits retardée voire annulée. 690 000 allocataires enregistreraient une diminution de leurs indemnités. Et enfin, 43 000 personnes seraient concernées par la dégressivité des allocations chômage.

Des indemnités mensuelles en baisse de 24 %

Entre avril 2021 et mars 2022, les allocataires concernés verraient alors leurs allocations baisser en moyenne de 24 %, passant de 902 à 689 euros nets par mois. La période d’indemnisation serait en revanche prolongée, passant de 12 à 18 mois.

Pour les personnes les plus touchées, cette baisse des indemnités pourra atteindre 40 %. Ces dernières verraient ainsi leurs allocations passer de 890 à 535 euros nets par mois. Et pour les plus précaires, ces indemnités mensuelles pourraient dégringoler de 686 à 187 euros nets par mois seulement.

Cette réforme de l’assurance chômage permettrait à l’État de faire jusqu’à 1 milliard d’euros d’économie en 2021, et 2,67 milliards en 2022. Toutefois, avec la crise les dépenses connaîtraient toujours une forte hausse. Elles passeraient de 35 milliards en 2019 à 38,4 milliards en 2021.

Une piste du Medef

Dans sa note, l’Unédic envisage plusieurs pistes qui permettraient de limiter l’impact de cette réforme de l’assurance chômage. Ces dernières pourraient faire l’objet de discussions entre les syndicats, le patronat et le gouvernement lors de leur prochaine séance de concertation le 12 novembre.

Parmi elles, une proposition faite par le Medef, en 2018, lors des négociations sur l’assurance chômage.
Elle concerne les mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR) qui sert à calculer les allocations chômage. L’idée serait de prendre en compte les jours travaillés, comme c’est déjà le cas actuellement, mais d’y appliquer un « coefficient réducteur ». Ainsi, à partir du moment où le nombre de jours travaillés est supérieur au nombre de jours travaillés multiplié par le coefficient réducteur , il faudra retenir la deuxième valeur. Cela devrait permettre de réduire le nombre de jours pris en compte. Et donc d’augmenter le SJR par rapport à ce que prévoit la réforme de 2019.
Avec cette proposition du Medef, les allocataires seraient toujours perdants. Toutefois, ils y perdraient moins qu’avec ce que prévoit la réforme actuelle.

Pour aller plus loin :

  • Retrouver l’article d’origine sur Capital