Retraite progressive : bonne ou mauvaise idée en 2025 ?

30/07/2025

Adoptés à l’Assemblée nationale, le 3 juillet, deux décrets ouvrent la retraite progressive dès 60 ans à partir de la rentrée. L’objectif : faciliter la transition des seniors vers la retraite. Explications.

Mesure phare du projet de l’emploi des seniors

Nouveauté de taille pour les futurs retraités. L’Assemblée nationale a voté le 3 juillet 2025, en première lecture, la principale mesure du projet de loi sur l’emploi des seniors : l’accessibilité à la retraite progressive dès 60 ans. La mesure entrera en vigueur le 1er septembre 2025.

Transposant les accords nationaux interprofessionnels (ANI), signés en novembre 2024, le dispositif de retraite progressive ambitionne de répondre au vieillissement de la population active.

La retraite progressive permet à un salarié (ou fonctionnaire ou un indépendant) de réduire son temps de travail tout en percevant une portion de sa pension de retraite en fonction de la baisse de son temps de travail. Par exemple, un salarié, qui opte pour la retraite progressive en passant à 80 % d’un temps plein, percevra 20 % de sa pension de retraite.

Retraite progressive : ce qui va changer en septembre 2025

En 2024, 31 368 retraités bénéficiaient de la retraite progressive, soit seulement 0,2 % des retraités. Sur la seule année 2024, seuls 17 700 Français ont fait une demande de retraite progressive. Pourtant en place depuis 1988, le dispositif reste méconnu et peu utilisé en France.

Afin de rendre plus accessible la retraite progressive, ces décrets, parus au Journal officiel le 23 juillet dernier, viennent modifier plusieurs règles du dispositif :

  • Abaissement de l’âge d’accessibilité à 60 ans, au lieu de 62 ans auparavant.
  • Accès plus inclusif, en incluant désormais « les assurés relevant du régime général, des régimes spéciaux et notamment du régime de la fonction publique de l’État, du régime des salariés et non-salariés agricoles et des régimes d’assurance vieillesse des professions libérales et des avocats » ainsi que « les agents des collectivités locales et les ouvriers des établissements industriels de l’Etat ».
  • Encadrement renforcé limitant les possibilités de refus de la part de l’employeur. Les motifs de refus devront désormais reposer sur un des deux arguments suivants : impact sur la continuité de l’activité de l’entreprise ou tensions objectives de recrutement pour le poste.

Ce régime transitoire permet aux actifs qui le souhaitent de réduire leur temps de travail tout en continuant à cotiser pour la retraite. En fixant les règles de la retraite progressive, la législation cherche à favoriser une sortie progressive de la vie professionnelle.

Qui peut accéder à la retraite progressive ?

Les conditions

Pour bénéficier de la retraite progressive, un salarié, fonctionnaire ou travailleur indépendant doit remplir trois conditions :

  • Être à 2 ans de l’âge légal de départ à la retraite ;
  • Avoir au moins 150 trimestres validés ;
  • Exercer une activité à temps partiel, entre 40 % et 80 % d’un temps complet pour un salarié du secteur privé ; entre 50 et 90 % pour un fonctionnaire.

Comment faire une demande de retraite progressive ?

Si vous êtes salarié, votre demande de retraite progressive peut s’effectuer directement sur le site de l’Assurance maladie, 5 mois avant la date à laquelle vous envisagez de commencer votre retraite progressive.

Attention, pour pouvoir bénéficier de la retraite progressive, vous devez obtenir l’accord de votre employeur. Depuis la réforme de 2023, l’employeur doit justifier son refus, et une absence de réponse sous deux mois vaut acceptation.

Une mesure efficace ?

Le recul de l’âge de départ à la retraite, instauré par la réforme de 2023, et l’allongement de la durée de cotisation pour atteindre le taux plein devraient renforcer l’attractivité de la retraite progressive.

Malgré les efforts effectués pour rendre pour populariser le dispositif de retraite progressive, l’inégalité d’accès et le manque de simplicité des procédures administratives constituent des freins à sa large application.

Faux sentiment de sécurité financière

Une fois la retraite progressive mise en place, l’impact de la cotisation sur la pension finale reste limitée. A temps partiel, les cotisations effectuées durant les deux dernières années en activité sont réduites. La retraite progressive peut donc créer un faux sentiment de sécurité financière à long terme, alors qu’une baisse de cotisation entraîne un recalcul de la pension au moment du départ à la retraite.

Il faut aussi rappeler que pour beaucoup de travailleurs aux revenus modestes, la pension partielle perçue, via ce dispositif, est souvent insuffisante pour compenser une perte de salaire.

Fin de carrière : les alternatives à la retraite progressive

Le dispositif de retraite progressive ne s’attaque pas directement aux réels enjeux du vieillissement de la main d’œuvre (manque de formation continue et conditions de travail inadaptées). D’autres mesures, tentent de répondre à d’autres besoins tout en accompagnant les fins de carrière :

  • Le cumul emploi-retraite : destiné au plus de 65 ans, afin de cumuler pension de retraite et revenus d’activité.
  • La surcote : en prolongeant son activité professionnelle, il est possible de majorer sa pension.
  • Le contrat de valorisation de l’expérience (CVE) : aussi appelé « CDI senior », il favorise le retour à l’emploi des travailleurs plus de 60 ans tout en offrant des exonérations de charges aux employeurs.

Ce qu’il faut retenir

  • Deux décrets viennent fixer les règles de la retraite progressive. À partir du 1er septembre 2025, ce dispositif sera accessible dès 60 ans, sous conditions, et s’ouvrira à un plus large public.
  • Désormais, l’employeur devra argumenter son refus d’accéder à une demande de retraite progressive par l’une des deux conditions jugées recevables par la loi.

Pour aller plus loin :