Taux : la Réserve fédérale démarre fort

19/09/2024

La Réserve fédérale a annoncé la première baisse de ses taux directeurs de 0,5 point de pourcentage, mercredi 18 septembre. Une première depuis 2020.

Première baisse des taux de 0,5 point

Le moment tant attendu par les marchés financiers est arrivé. La Réserve fédérale a annoncé la première baisse des taux directeurs depuis la pandémie de Covid-19 en mars 2020. Si le phénomène est assez rare pour être souligné, il l’est d’autant plus par l’ampleur de la baisse : 0,5 point de pourcentage. Les taux directeurs de la Fed, portés à leur plus haut depuis 2001, se situent désormais entre 4,75 % et 5 %.

Ce changement de trajectoire n’a rien d’une surprise. La Fed est l’une des dernières grandes banques centrales, avec la Banque du Japon, a relâcher la pression sur les taux directeurs. La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une baisse des taux au début du mois de septembre. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, avait préparé le terrain fin août, déclarant que « le moment [était] venu » suite aux résultats obtenus dans la lutte contre l’inflation.

Le marché du travail, priorité de la Fed

En choisissant de démarrer par une baisse de grande ampleur, le président de la Fed a évoqué un « ajustement approprié » de la politique monétaire américaine afin de maintenir « la solidité du marché de l’emploi ». Les priorités ont clairement changé au cours des derniers mois. Ce n’est désormais plus l’inflation qui inquiète la Fed, mais l’évolution du marché du travail.

Alors que l’inflation se rapproche doucement, mais sûrement de l’objectif de 2 % que s’est fixé la banque centrale (2,5 % sur douze mois), le taux de chômage au mois d’août était de 4,2 %. Soit 0,7 point de pourcentage supplémentaire en un an. De plus, la Réserve fédérale envisage une légère hausse d’ici la fin de l’année.

Bien que lente, la dégradation du marché du travail est réelle et présente dans la conscience collective américaine. La taux de démission des Américains est en baisse par rapport aux dernières années. Les consommateurs privilégient les promotions lors de leurs achats et font davantage attention à leurs dépenses. Toutefois, l’économie américaine n’est pas en reste. La croissance du PIB a accéléré pour atteindre 3 % sur un an, selon les dernières révisions du mois d’août.

Le pari de la Fed à la veille des élections présidentielles

La Réserve fédérale marche sur des œufs dans ce nouveau cycle d’allègement monétaire. Elle doit trouver le juste milieu entre le relâchement de la politique monétaire et le maintien de la désinflation. La baisse des taux apportent une bouffée d’air aux Américains. L’allégement devrait se répercuter sur les coûts de financements et les taux d’intérêt des cartes de crédit. Si les projections de la Fed laissent envisager une baisse supplémentaire d’ici la fin de l’année. Rien n’est confirmé pour le moment.

« Nous ne suivons pas une trajectoire prédéterminée », a affirmé Jerome Powell lors de la conférence de presse. À l’instar de Christine Lagarde, président de la BCE, il a évoqué une stratégie de prise de décisions « réunion par réunion ». Une position judicieuse dans une période électorale décisive pour les Etats-Unis. Surtout que le vote d’une baisse d’ampleur n’a pas fait l’unanimité au sein de la Fed. Michelle Bowman, membre du conseil des gouverneurs de la Fed, a voté en faveur d’une baisse de 0,25 point seulement. C’est la première fois depuis juin 2022 qu’une décision de politique monétaire n’est pas votée à l’unanimité au sein de la Réserve fédérale. Un fait rare, mais qui peut se reproduire dans les prochains votes.

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